Parmi les 13 demandes complètement insensées produites par l’Arabie saoudite et ses alliés, la fermeture de la base turque, en cours de construction est bien la seule qui puisse être exaucée. Les militaires turcs au Qatar sont une provocation pour les voisins du Qatar et un affront pour les militaires américains.
Une base turque qui ressemble à une provocation
Puisque le Qatar dit accorder sa confiance aux américains pour assurer sa sécurité, à quoi peut bien servir cette base turque ?
Les armées turques ont droit à la suite de l’accord du 19 décembre 2014 de séjourner sur le sol qatarien, cet accord fut en son temps publié au journal officiel. Suivant le texte signé le 19 décembre 2014 à Ankara, un mécanisme sera créé pour renforcer la coopération turco-qatarie dans le domaine de la formation militaire, l’industrie de la défense, le déploiement des troupes entre les parties et les manœuvres militaires conjointes. Les deux pays vont autoriser conformément à l’accord l’utilisation de leurs ports, aéroports, espaces aériens, l’implantation de leurs troupes sur leur sol, de bénéficier de leurs installations, camps, institutions et établissements militaires.
Le 20 novembre 2014, nous écrivions suite à la première crise avec le Qatar : « Les querelles avec le Qatar ne sont pas résolues mais elles passent au second plan, l’Arabie saoudite a besoin du Qatar pour dérouler ses projets. Aujourd’hui le feu enfle dans tout le Moyen Orient, pour un problème de résolu, trois nouveaux surgissent. Alors, les petites querelles entre l’Arabie saoudite et le Qatar paraissent d’un coup bien désuet. Le roi Abdallah demande aux qataris et égyptiens de se rapprocher afin de dépasser les problèmes en cours. Il veut rassembler le peuple « arabe » pour faire front aux menaces actuelles et futures. Il a aussi demandé au Qatar de « contenir » Erdogan pour que celui-ci ne contrarie pas les plans saoudiens. »
Or le Qatar signait quelques jours plus tard un accord militaire avec la Turquie. D’aucuns parleront de « duplicité » d’autres diront le Qatar n’a plus confiance en ses voisins.
La fermeture de la base turque est encore possible
Lorsque la base turque fut annoncée, nous écrivions, « c’est le retour des ottomans » qui avaient pourtant vaillamment été chassé par les qatariens. Historiquement, cette base est une faute. Politiquement elle ressemble à une provocation par rapport à ses voisins. En effet puisque le Qatar dit accorder sa confiance aux américains pour assurer sa sécurité, à quoi peut- elle bien servir ? Encore une fois on pourrait parler de « duplicité » tant envers les américains que ses voisins.
La situation actuelle : le Qatar a demandé à son alliée la Turquie de mettre à sa disposition des militaires afin d’assurer une partie de sa sécurité. Plusieurs éléments permettent de penser que ces militaires ne dépasseraient pas le nombre de 500 à 600 dont une trentaine spécialement chargés du déminage. Chacun se rappelle que le nombre total de militaires qatariens est d’environ 11 000 mais pour l’essentiel des mercenaires et que sur la base de Al Udeid il y a une importante force américaine, certes de 10 000 hommes, mais avec des moyens considérables.
A ce jour, il y a moins de 200 militaires turcs au Qatar et la base n’est pas terminée. Il serait important que dans le cadre de négociations à venir, le Qatar sur ce sujet puisse répondre à la demande de ses voisins. Les autres demandes sont plus liées à des peurs que le Qatar ne peut « soigner ».
En tout cas, les saoudiens ne peuvent accepter que d’autres troupes turques s’installent au Qatar sans craindre un conflit à court terme. Les américains doivent demander à leur allié turc, au sein de l’OTAN, d’arrêter l’envoi de troupes dans cette zone car il déséquilibre le rapport de force local et c’est un véritable affront pour les militaires US.