LETTRE À MA France

Nous faisons suivre la lettre de Jean-Pierre Marongiu qui compte mettre fin à ses jours si rien n’est entrepris pour le libérer depuis le Qatar où il est prisonnier.

Doha, 8 avril 2017

Je m’adresse à vous qui représentez le peuple de France, de ma France, celle dont la voix jadis réveillait les consciences.

Je ne reconnais plus le souffle républicain dans les vétilles qui vous opposent aujourd’hui. Souverainistes ou mondialistes, vous êtes tous issus du creusot de cette révolution française qui un jour renversa la table des privilèges.

Je suis injustement incarcéré au Qatar sans avoir pu faire valoir mes droits et abandonné par mon pays, depuis trois ans sept mois et vingt-trois jours.
On m’a spolié de la société que j’avais créé avec les économies d’une vie, on m’a séparé de ma famille depuis plus de 5 ans, on m’a privé de ma liberté et jeté dans une fosse immonde au nom de la kafala, ce principe de la charia islamiste qui fait de tout étranger un esclave.

J’ai supplié le premier d’entre nous d’intervenir, j’ai quémandé le soutien de ses ministres, j’ai imploré l’assistance de la diplomatie française, j’ai alerté la presse. Je n’ai reçu que silence gêné et mépris affiché.

On m’objecte la non-ingérence dans la justice d’un état souverain, sauf que l’on n’y prête pas attention quand il s’agit de demander la clémence pour un supposé poète auprès de l’émir du Qatar ou quand l’on dispense conseils et sanctions à la ronde au nom des droits de l’homme. N’en suis-je pas un ?
L’ingérence humanitaire ne s’applique-t-elle pas à un citoyen français, chrétien et innocent ? Je ne peux supporter plus longtemps cet emprisonnement, je mettrais fin à mes jours prochainement. Vous pouvez vous débarrasser de ce courriel dans la poubelle virtuelle de votre indifférence, mon sang retombera sur vos têtes.

Je partirais avec pour seuls bagages, l’amour de ma famille au cœur et celui de ce qu’était ma France chevillé à l’âme.

Jean-Pierre Marongiu