L’annonce d’une amnistie pour les nombreux travailleurs en situation illégale a soulevé un immense espoir qui est vite retombé.
Une amnistie uniquement pour ceux qui disposent de documents attestant leur identité
Lorsqu’on examine la vie quotidienne du Qatar, il faut être très attentif pour remarquer, ce qui ou quoi, au milieu des nombreux écrans de fumés médiatiques, finalement peut s’avérer positif pour les résidents de ce pays. La citation de Warren Buffet « C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus, » s’applique parfaitement à cet étonnant pays du Golfe.
Dans le cadre de la rétrospective 2016, l’annonce en ce mois d’août de cette amnistie pour les nombreux travailleurs en situation illégale a soulevé un immense espoir qui est vite retombé. Pourtant tout avait bien commencé. Une période de trois mois fut annoncée pour permettre à toute personne en situation de résidence illégale de quitter le territoire du Qatar sans poursuite judiciaire. Cette période allait du 1er septembre 2016 au 1 er décembre 2016.
Très rapidement on constate que ces dispositions s’adressent uniquement à ceux qui disposent de documents attestant leur identité. Les « fugueurs » et autres populations qui vivent en clandestinité ne pouvant en bénéficier puisque dans la plus part des cas ils ne disposent d’aucun document, ceux-ci ayant été retenus en général par les sponsors et ou employeurs.
Combien de personnes ont régularisé leur situation et quitté le Qatar à fin décembre 2016 ? Des chiffres circulent dans la presse parlant de 7 à 9000 individus. Toutefois, il restera plusieurs dizaines de milliers d’expatriés en clandestinité. Que vont devenir ces clandestins qui n’ont pu bénéficier de l’amnistie de 2016 ? Ils vont certainement travailler « clandestinement » en essayant d’échapper aux contrôles de police car s’ils sont pris, ils iront remplir les prisons qatariennes surchargées. L’état du Qatar le sait mais n’a pas le courage de régler ce problème.
Début janvier 2017, dans le cadre de la modification de la loi 21-2015, l’émir ouvre la possibilité d’une rupture du contrat de travail avant son terme. Si l’employeur refuse le départ du salarié, celui-ci pourra saisir un Comité ad hoc qui statuera sur son cas. Ceci devrait dans le principe diminuer le nombre de clandestins. Cela va dans le bon sens, mais des précisions sont nécessaires pour ceux qui, nombreux, travaillent en contrats « à durée déterminée. » Cette nouvelle disposition ne règle toujours pas le passif concernant les clandestins existants. Une nouvelle amnistie doit être mise en place spécifiquement pour les sans-papiers, piégés au Qatar.