Au Qatar les élections législatives sont renvoyées aux calendes grecques. Pourquoi me direz-vous ? Parce que les dirigeants estiment que le peuple n’en veut pas. Pourtant quelques expressions montrent le contraire.
On oublie facilement la Constitution au Qatar
Dans le projet de Constitution du Qatar en 1972, les rédacteurs tenant compte des aspirations des qataris prévoyaient une assemblée élue aux cotés de la monarchie régnante. Reportées plusieurs fois, finalement les élections n’auront pas lieu. Pourtant lors de la rédaction de la Constitution actuelle du Qatar en 2003, la encore, les rédacteurs tenant compte des aspirations des qataris prévoient une assemblée élue aux cotés de la monarchie régnante composée de 45 membres dont 30 élus au suffrage universel et 15 désignés par l’émir. Cette Constitution sera adoptée par 94 % des qatariens lors d’un referendum. Or, une nouvelle fois, les élections législatives viennent d’être reportées car le Conseil Consultatif ou Advisor Council qui remplace l’assemblée élue, composé de 35 membres, que des hommes, désignés par l’émir, vient d’être prorogé jusqu’à 2019.
Pour expliquer ce manque de respect de la Constitution, les dirigeants actuels, mal à l’aise, ont demandé à une personnalité connue du Qatar de s’exprimer. C’est Doha News qui a publié un tweet de l’ancien premier ministre qatarien HBJ : « Speaking in London earlier this month, former Prime Minister and Foreign Minister Sheikh Hamad bin Jassim Al Thani had this to say about elections: #HBJ: #Qatar constitution created when no pressure on state. We implemented all but citizens do not want elected parliament now #lseqatar »
Mais qui s’oppose à l’application de la Constitution ?
Le meilleur défenseur du vote du peuple qatarien fut pendant quelques temps l’émir Hamad. En 2010 notamment, l’émir indiquait que les élections législatives étaient « la pierre angulaire » de la démocratie au Qatar. Dans un de ses élan il dit, cela, « renforcera les autorités législatives, exécutives et judiciaires de l’État, leur permettant d’exceller dans l’exercice de leurs fonctions respectives, il permettra également d’augmenter la performance du secteur public pour offrir des services de qualité aux citoyens et accélérer le processus de développement du pays, en plus de l’approfondissement de notre expérience en encourageant le public à participer à l’avenir politique de notre patrie ».
Mais qui a arrêté l’élan de l’émir Hamad, en 2013 Doha News publiait cet article : « Opinion: Will Qatar finally see legislative elections? Et une intervention d’Hassan Abdulrahim Al-Sayed. … « Nous espérons sincèrement que le deuxième semestre de cette année (2013), connaîtra des élections législatives et si cela n’arrive pas, alors nous avons le droit de soulever la question de savoir qui reporte la réalisation des rêves de l’émir pour l’avenir démocratique du pays? Qui exactement est vent debout entre le peuple du Qatar et de leurs aspirations, qui sont encouragés et soutenus par l’émir? »
Aujourd’hui nous savons que des dignitaires comme l’ancien premier ministre du Qatar ne sont pas favorables à cette élection. Mais le peuple qatarien a-t- il la maturité nécessaire ?
Un peuple très instruit et ouvert au monde
Lorsqu’on regarde le niveau de scolarisation au Qatar, en particulier universitaire, on voit que ce pays se classe sur le haut du panier, non seulement du Golfe mais aussi au niveau mondial. La population du Qatar, est d’environ 250 000 personnes au milieu de plus de 2 millions d’expatriés, il y a certes des contraintes mais aussi une ouverture d’esprit hors du commun pour vivre dans cet environnement.
Il est probable que le problème de maturité n’est pas au sein du peuple qatarien qui s’exprime souvent par le moyen des réseaux sociaux, outil moderne de communication. Le problème de maturité touche sans doute les élites du pays qui n’ont pas l’habitude d’expliquer leur comportement et leurs actions, en somme de rendre compte au peuple. Les dirigeants du Qatar préfèrent infantiliser leur peuple au lieu d’affronter leur opinion.
Lors des récentes élections municipales, vote au suffrage universel, les candidats ont exprimé leur volonté de gérer pleinement leur ville, comme les élus précédemment au sein des conseils municipaux, mais là encore, aucune ouverture n’est arrivée. Le Qatar déresponsabilise ses citoyens et s’étonne du manque d’engagement dans le secteur privé par exemple.
Les dirigeants actuels organisés en commando portent « tout le poids du Qatar » sur leurs épaules, oubliant que leur pays a largement dépassé le seuil des 2 millions d’habitants. Le partage des responsabilités à tous les niveaux du pays est une richesse inexploitée du Qatar et une reconnaissance que le peuple qatarien existe et qu’il mérite le respect. Lors des « Printemps arabes », HBJ premier ministre du Qatar, vantait partout la « nécessaire démocratie pour les peuples frères ». Non seulement, il ne l’a pas appliqué chez lui au Qatar, mais on sait maintenant qu’il pratiquait un double langage.
Les questions posées en 2013 par Hassan Abdulrahim Al-Sayed sont toujours d’actualité « … « alors nous avons le droit de soulever la question de savoir qui reporte la réalisation des rêves de l’émir pour l’avenir démocratique du pays? Qui exactement est vent debout entre le peuple du Qatar et de leurs aspirations, qui sont encouragés et soutenus par l’émir? »