L’image que donne l’économie du Qatar est celle d’un cheval fougueux mal maîtrisé. Tout est possible le meilleur comme le pire. Le bénéfice de la planification par la voie de Vision 2030 s’estompe et la chanson à la mode est : tout va très bien, tout va très bien….
Le Qatar a du mal à atteindre une maturité économique
Ce ne sont pas les « coups de mentons » ou les « excès de langage » qui modifient la réalité d’une économie.
Il y a quelques mois le FMI faisait remarquer au Qatar qu’il ne gérait pas l’ensemble de ses projets, certains échappaient aux contrôles du ministère des Finances. Quelques semaines plus tard, ce ministère, prenant en considération les conseils du FMI, mettait en place une « cellule », se forgeant ainsi une vision macro-économique de la multitude des grands travaux au Qatar. Avec la mise en place de cette « cellule », le Qatar reconnaissait que sa planification « Vision à 2030 » manquait d’une certaine efficacité.
Au mois de novembre 2014, l’émir du Qatar attirait l’attention de son gouvernement pour que celui-ci ne fasse pas comme dans le passé, des dérapages incontrôlés des budgets ministériels. La situation des prix des hydrocarbures, en baisse, va peser sur l’excèdent budgétaire, il est même probable que pour 2015, 2016 et 2017, sans une hausse significative du prix des hydrocarbures, ce déficit soit progressif et significatif dans le temps.
Mais le pire n’est pas encore arrivé, les prix du pétrole et du gaz peuvent encore baisser. En particulier le prix du gaz qatarien qui bénéficie, pour l’instant, de prix élevés par rapport au marché du « spot » (exceptionnel). En effet, plusieurs pays, certains officieusement, mais d’autres comme l’Inde en se servant de la presse, souhaitent faire baisser les prix affichés dans leur contrat. Le Qatar tient bon et modifie à la marge des éléments du contrat pour créer des souplesses sans changer le fond. Mais combien de temps tiendra-t-il si les prix ne repartent pas globalement à la hausse prochainement ? Or, chacun sait que malgré une diversification de l’économie, réelle et palpable, si le prix du gaz venait à baisser, les déficits seraient plus conséquents.
L’exemple de la fuite en avant du Qatar, nous vient aujourd’hui par le ministre de l’Energie et de l’Industrie du Qatar qui n’hésite pas pour des raisons politiques à annoncer une remontée des prix du baril de pétrole. Ce type de propos est une invitation à laisser filer le budget de la nation qatarienne, une erreur qui peut être funeste pour le Qatar, car à terme il devra « piocher » dans son fonds souverain.
Chacun sait que si le baril de pétrole venait à augmenter, l’Iran pousserait à fond pour extraire son gaz et inonder le marché. Quand à penser que l’Arabie saoudite va baisser sa production c’est un rêve, car ce pays a besoin de moyens considérables pour la guerre au Yémen et celles qu’il conduit indirectement dans tout le Moyen Orient comme le financement de l’armée égyptienne.
Le Qatar devrait modérer sa communication, par laquelle il « chante » avec un certain aplomb, « tout va très bien Mme la Marquise ». Malheureusement dans la chanson l’histoire se termine mal, ce que personne ne souhaite au Qatar. Alors on peut comprendre qu’une banque qatarienne soit optimiste, lorsqu’elle analyse l’économie de son pays, mais il faut battre la mesure correctement pour que le public qatarien, sans s’affoler, entende que les temps sont complexes, même pour un pays comme le Qatar.