Jeune pays, le Qatar est encore mal connu par la majorité des français et quand on en parle dans les médias, souvent c’est pour polémiquer. Les qatariens croient qu’en investissant en France leur image s’améliore, mais est-ce suffisant ?
Des différences que les politiques français souhaitent gommer
Deux livres récents, l’un de Stéphane Morello et l’autre de Zahir Belounis, nous parlent des difficultés et des bons moments qu’ils ont vécu au Qatar. Ils nous racontent une tranche de vie dans ce pays, donnant du palpable à ceux qui essaient de se forger une opinion sur le Qatar.
Le 13 mai sur son compte twitter, le journaliste Georges Malbrunot coauteur avec Christian Chesnot de «Qatar, les secrets du coffre-fort », rapportait : Qatar: l’ex-émir cheikh Hamad, père du miracle qatarien, se plaint auprès de Michelle Alliot-Marie du Qatar-bashing persistant en France.
Quelques jours avant, le ministre des affaires étrangères du Qatar, Khaled Al-Attiyah, répondait à une question d’un journaliste du média le Monde « Pourquoi le Qatar suscite-t-il tant de méfiance en France ? » « D’abord, les critiques ne sont pas le fait de la majorité des Français. Et si nous investissons ici, c’est parce que la France a mis en place un environnement favorable. Beaucoup de pays investissent bien plus d’argent que nous ici sans qu’on en parle jamais. Le Qatar croit dans l’avenir de la France. Investir ici est une stratégie gagnant-gagnant. Ce n’est pas seulement dans notre intérêt, mais aussi dans celui de votre…
Khaled Al-Attiyah a en partie raison lorsqu’il dit que la majorité des français ne critique pas le Qatar, en effet, ces français connaissent peu le Qatar qui est un jeune pays. Mais, si un sondage sérieux était effectué, il ne serait pas avantageux pour le Qatar, car quand on en parle dans les médias, souvent c’est pour polémiquer. Corruption, terrorisme, manquements graves au droits de l’homme, droit du travail inacceptable, souvent le Qatar est associé à ces termes ce qui nuit à son image. Et ce ne sont pas les propos favorables de quelques « amis » du Qatar qui risquent d’inverser la tendance, bien au contraire. On ne pourra jamais empêcher les critiques, on peut les amoindrir, mais croire que les politiques peuvent aider à améliorer l’image du Qatar c’est vraiment mal connaître la France.
Que faut-il penser de l’affaire des 4 français retenus malgré eux au Qatar, avec une absence indéniable d’aide de la diplomatie locale, ceci a beaucoup de mal à passer, car en plus, on a voulu rendre les victimes coupables. Le fait de retenir Marongiu en prison, malgré son innocence, montre le mépris de la justice qatarienne envers les français.
Les deux livres de Stéphane Morello et de Zahir Belounis viennent s’ajouter à celui de Jean Pierre Marongiu qui nous montrent une face du Qatar peu connue et globalement défavorable.
Que faut-il penser des avantages fiscaux attribués aux qatariens en France alors que la fiscalité frappe gravement tous les français ? Ils furent nombreux à voter « POUR » et a se décrédibiliser. Une classe politique qui n’a même pas pris le temps d’expliquer que globalement les investissements qatariens en France ne représentaient qu’une partie infime des investissements totaux.
Que faut-il penser de la chasse aux proviseurs à Doha ? …
L’absence d’expression publique de l’Ambassade du Qatar en France pendant de nombreux mois qui n’a pas donné la version qatarienne concernant des sujets comme « corruption, terrorisme, manquements graves aux droits de l’homme, droit du travail inacceptable, » n’a pas contribué à améliorer la vision du Qatar en France.
L’image sur la scène internationale du Qatar, ne favorise pas, par la complexité des dossiers dans un Moyen Orient en feu, une vision limpide des objectifs qatariens bien au contraire. L’affaire des djihadistes du Front al-Nosra que le Qatar essaie de détacher d’Al Qaida sert aux adversaires du Qatar qui montrent son implication dans les différents conflits en cours.
Comme l’indiquaient plusieurs ministres qatariens, « nous soutenons l’économie française lorsque on achète des Airbus et des Rafales,» mais est-ce suffisant ?
Malheureusement un simple manque de courage quelque fois vient noircir le tableau entre la France et le Qatar. Le cas de Zlatan qui dit que « La France est un pays de merde », n’a pas été immédiatement condamné par le président du PSG Nasser al Khélaïfi. Nous avons appris quelques semaines plus tard que le Qatar avait été choqué par ces propos, mais le mal était fait…
Entre le Qatar et la France il y a d’importantes différences sur des valeurs comme la démocratie, la laïcité, les droits de l’homme… Nos politiciens français passent leur temps à vouloir nier ces différences alors que reconnaitre que le Qatar est un pays jeune et en pleine mutation permet d’expliquer une partie de cet écart. Pour être compris par la société civile française le Qatar mise sur les politiques français, cela n’est pas suffisant pour modifier la vision actuelle que les français ont du Qatar. La culture qatarienne en cours de changement et la vieille culture française ne peuvent pas bâtir un avenir commun uniquement sur l’argent des investissements. Le secret de la réussite passe par un respect mutuel or aujourd’hui ce n’est pas encore le cas et la marche arrière que vient d’enclencher le Qatar sur les grands fondamentaux ne présage rien de bon.