Jusqu’où ira le Qatar dans son renoncement concernant « la nébuleuse frères musulmans » ? Le Hamas sera-t-il abandonné lui aussi ? Est-ce l’événement qui va initier le Califat dans le Sinaï ? Et après, que lâchera le Qatar et que peut-il espérer de l’Arabie saoudite ?
Les dés sont jetés, ou comme diraient mes ancêtres « Alea jacta est »
Le Qatar vient de faire un choix assez étonnant concernant ses relations avec l’Egypte. Dans un communiqué publié mardi 9 décembre 2014, après la réunion des ministres des Affaires étrangères du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), il apporte son soutien au programme politique du président Al Sissi dont l’objet premier est l’extermination de tout l’encadrement de la Confrérie des frères musulmans. Jusqu’où ira le Qatar dans son renoncement concernant « la nébuleuse des frères musulmans » ?
L’Egypte, le pays arabe à la plus forte population, obéissant aux ordres de l’Arabie saoudite devrait porter le coup de grâce à la Confrérie. Leur dernier soutien dans le Golfe vient de rendre les armes, effaçant par la déclaration du 9 décembre 2014 plusieurs décennies d’espoirs d’un islam politique. Le Qatar s’arrêtera-t-il seulement à l’expulsion de Qaradawi, le Hamas sera-t-il abandonné à son tour, aujourd’hui plus personne n’est capable de dire dans quelle galère s’embarque le Qatar. Est-ce l’événement qui va initier le Califat dans le Sinaï ?
L’éclairage de Fatiha Dazi Heni, spécialiste des monarchies du Golfe à l’IRSEM, l’Institut de Recherches Stratégiques de l’Ecole Militaire à Paris est intéressant. Elle indique, dans son expression, que le Qatar a été obligé de rentrer dans le rang. Elle parle d’une diplomatie à la Koweitienne pour le Qatar et d’intérêts communs entre l’Arabie saoudite et le Qatar concernant la Syrie.
Le Qatar serait-il devenu si faible, qu’il renonce à avoir une vision propre à lui ? Il n’aura fallu que quelques mois pour que l’Arabie saoudite retourne comme une crêpe le commando des trentenaires qui dirige le Qatar aujourd’hui. Que peuvent-ils espérer de l’Arabie saoudite qui déroule son projet, sinon de devenir un troisième « vassal ».
En mettant le doigt dans l’engrenage, le Qatar devra faire taire Al Jazeera, se retirer de la Syrie et de la Libye et à terme oublier la Turquie. Il ne manquerait-plus que les Emirats Arabes Unis leur tendent à nouveau la main pour réunir les émirats du Golfe, comment feront-ils pour refuser ?
A la veille de la fête nationale le 18 décembre, le Qatar, vient de franchir une étape dont nous ne sommes pas certains qu’il en maîtrise toutes les conséquences. En créant la « faille », les dirigeants actuels se préparent des lendemains difficiles notamment en interne. Désormais tout est possible, est ce que l’ensemble de la population qatarie partagera cette nouvelle orientation qui est à l’opposé de la ligne de l’ancien émir Hamad le père de l’actuel émir ? Comment peut-on en une soirée, par une déclaration, abandonner des décennies d’autonomie ? On comprend mieux pourquoi depuis quelques temps on reparlait d’un éventuel coup d’état !
Il y a quelques semaines nous nous interrogions concernant le capitaine du paquebot Qatar. Où conduisait-il son pays ? Nous savons aujourd’hui que lentement, sauf un autre changement de cap, il ira s’échouer sur les côtes saoudiennes.
Le maître du Moyen Orient, l’Arabie saoudite a sifflé la fin de la récréation les élèves vont revenir en classe.