Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a décidé de mettre fin au conflit qui l’opposait au Qatar. Il souhaite maintenant que l’Egypte et le Qatar renouent des relations distendues par le renversement du président Morsi. Au-delà, il veut rassembler le peuple « arabe » avant de passer à l’action.
Les dangers qui menacent le Moyen Orient sont énormes
Le danger de l’Organisation de l’état islamique, le renforcement des milices chiites, la crise économique avec ses conséquences sur les cours du pétrole, l’atomisation des pays du Moyen Orient, le financement du gouffre égyptien, la prochaine répartition de l’Irak, l’éternel conflit israélo – palestinien et les conséquences sur les pays limitrophes ont convaincu le roi Abdallah d’Arabie saoudite de rassembler avant d’agir.
Les querelles avec le Qatar ne sont pas résolues mais elles passent au second plan, l’Arabie saoudite a besoin du Qatar pour dérouler ses projets. Aujourd’hui le feu enfle dans tout le Moyen Orient, pour un problème de résolu, trois nouveaux surgissent. Le danger du Califat d’al-Baghdadi et ceux en cours de préparation inquiètent le mastodonte saoudien. Personne n’est à l’abri «des recruteurs d’al-Baghdadi ». Celui-ci ne vise pas seulement les occidentaux, mais il débauche bon nombre de jeunes du Moyen Orient y compris en Arabie saoudite.
Alors, les petites querelles entre l’Arabie saoudite et le Qatar paraissent d’un coup bien désuètes. Le roi Abdallah demande aux qataris et égyptiens de se rapprocher afin de dépasser les problèmes en cours. Il veut rassembler le peuple « arabe » pour faire front aux menaces actuelles et futures. Il a aussi demandé au Qatar de « contenir » Erdogan pour que celui-ci ne contrarie pas les plans saoudiens.
L’Arabie saoudite pour renforcer son leadership doit agir
Ce qui se passe en Syrie et en Irak montre la faiblesse des pays du Moyen Orient à intervenir pour défendre leurs intérêts. Sans les américains et la coalition qui les accompagne, l’Organisation de l’Etat islamique serait en train de prendre Bagdad, ce qui aurait conduit l’Iran à intervenir. Des dizaines d’années de luttes stériles entre pays du Moyen Orient conduisent à l’atomisation des états de ce territoire qui en quelques mois ont vu un pays comme l’Irak tomber comme un château de sable. L’Arabie saoudite craint un effet domino qui pourrait la mettre en difficulté.
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite sait que la crédibilité de son pays est en jeu. Le temps est venu de montrer que l’Arabie saoudite n’est pas un leadership virtuel. Il a besoin d’unir les pays « arabes » et de construire une force lui permettant d’agir soit seul soit avec les américains et la coalition. Pour cela il ne peut pas se disperser. Le temps presse, les milices chiites irako-iraniennes qui participent aujourd’hui aux côtés des américains à la libération de l’Irak montrent à quel point l’Arabie saoudite a pris du retard. Le constat d’échec du financement de groupes bien souvent incontrôlables, se retournant en plus contre les « financeurs » montre qu’il faut passer à l’organisation d’une force d’intervention plus classique. Cette force comportera des effectifs provenant de pays comme l’Egypte, l’Arabie saoudite et d’autres états, cela posera de nombreux problèmes mais aura à terme bien plus d’efficacité que tous les groupuscules que personne ne maitrise.
Nous verrons bien dans les semaines à venir si le roi Abdallah à la capacité d’organiser le monde arabe ou si tout cela n’est que rêves. En cas d’échec, le Qatar reprendrait sa liberté et l’axe Qatar – Turquie reprendrait du service.