L’illusion du soft pouvoir

Les pays du Golfe ont des alliés sérieux notamment en Europe et en particulier en France. Pourquoi pas, finalement chacun a le droit de soutenir les idées et les pays qu’il veut. Je vous invite à lire L’article par le JDD de Pascal Boniface qui appelle quelques remarques.

 

Le soft pouvoir est un effet d’image

Dans quelques années chacun analysera cette notion de paraître pour exister pour certains pays du Golfe. Le soft pouvoir est utilisé par les émirats du Golfe, il s’exprime par des achats, des investissements et des manifestations tout aussi opportunistes que stratégiques. Ces actes économiques et culturels forgent une image du pays qui crée l’illusion d’une puissance et sont sujets aux aléas médiatiques. Cette puissance peut aller jusqu’à la fascination et se transformer aussi vite en désillusion. L’attrait de ces pays parce qu’ils  disposent de sommes importantes en « cash » permet à la créativité mondiale de s’exprimer. Chacun y trouve un intérêt, dirigeants de ces pays et les grands collaborateurs internationaux, pour autant ce ne sont que des images qui doivent traverser le temps.

Le Qatar et la Coupe du monde 2022

M. Boniface qui connait bien le Qatar sait que le choix de ce pays de postuler à la Coupe 2022 a été fait par quelques qataris ; la partie la plus importante de la population n’y voyant que des inconvénients. Les qataris dans leur grande majorité ont le bon sens du bédouin qui sait que ses valeurs traditionnelles seront bafouées pour « paraitre ». Ils n’ont pas la peur d’être envahis comme le Koweït, puisqu’ ils ont la plus grande base américaine au monde, hors du territoire US pour les protéger.

Quel sera l’impact positif de la coupe du monde 2022 sur le Qatar, si pendant de nombreux mois voire des années, des êtres humains continuent de mourir simplement parce que les moyens et les droits des travailleurs ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Lorsqu’on est capable d’imaginer son futur par une Vision à 2 030, on doit faire le nécessaire pour organiser la sécurité des travailleurs expatriés, payer leurs salaires et leur permettre une libre circulation.

Le soft pouvoir disparait rapidement lorsqu’il n‘est fondé  que sur un spectacle permanent sans éléments économiques concrets. Personne ne remet en question les compétences du Qatar en matière de gaz et produits dérivés alors qu’il est sur un secteur hautement concurrentiel.

Les nombreux experts qui trompent régulièrement les autorités qataries, les conduisant aux portes du néant, sont prêts à tout pour toucher une partie de cette manne. C’est eux qui ont créé et mis en valeur cette notion éphémère de « soft power ».

Puisque les qataris dans leur grande majorité ne veulent pas de cette Coupe 2022, pourquoi leur imposer ? Puisque  il faut du temps pour « réformer » le droit du travail pourquoi faire venir encore des centaines de milliers de travailleurs. Et finalement l’argent dépensé à organiser cette coupe du monde ne serai-t-il pas plus utile pour relever le niveau de vie des qatariens et des expatriés ?  

Que le Qatar soit riche, entreprenant et quelques fois un modèle mais sans renier ses valeurs traditionnelles, n’est-ce pas la véritable réponse au « hard power » ?