Qatar the beginning of economic strangulation

Bateau qui sombre

Qatar les prémices de l’asphyxie économique ou le paquebot sombre t-il ? Assiste- t – on aux premières faille du Vision 2 030 le plan à long terme du Qatar ?

 

Les prémices de l’asphyxie, l’indicateur population

Des  indicateurs commencent  à passer à l’orange dans bon nombre de domaines comme le logement, une population active qui se réfugie plus dans les administrations que dans le privé,  les états d’âme de la jeunesse qatarie, le regroupement familial, une législation du travail dépassée en matière de conditions de travail et liberté au travail,  la perte d’influence internationale.

Trop empêtrés à l’international les dirigeants du Qatar en ont oublié les fondamentaux économiques du pays. Si à coup de milliards ils tiennent encore les premières places de la compétitivité bon nombre d’indicateurs démontrent que l’asphyxie  de l’économie est en marche. Le problème premier que rencontre le Qatar est sa population. Moins de trois cent mille qataris en comptant les personnes âgés et les enfants. Tout en considérant un nombre important de femmes au travail notamment dans les professions éducatives et administratives. Jamais le Qatar ne pourra faire face dans les années à venir à toutes ses ambitions économiques et sociales.

La plus grande difficulté réside dans sa jeunesse qui a de gros problèmes de santé et qui dans une immense majorité souhaite travailler dans les administrations Qatariennes. Leur souhait n’est pas de faire des grandes études pour ensuite diriger des entreprises privées au niveau international où ses cadres dirigeants n’ont plus de vie avec leurs familles. Conséquence de cette absence de la gestion familiale par un engagement important dans la vie économique à la rentrée débuteront des cours contre l’obésité car 2/5 des enfants en âge scolaire sont en surpoids au Qatar.

Pour les jeunes qataris il est impossible d’être un citoyen ordinaire. Pour combattre le divorce galopant un organisme de bienfaisance qui a reçu l’aval du gouvernement offre un logement gratuit au moins pendant deux ans aux jeunes couples, mais pour autant, ce citoyen, échappe t-il au stress de la pression de la réussite ?

 Cette pression est telle sur la partie « active de la population  » qu’elle engendrera sont taux de dépressions qui comme l’indique l’Organisation Mondiale de la Santé deviendra en 2020 la deuxième cause d’invalidité dans le monde. L’obsession de la réussite peut mener à une forme d’idolâtrie.

 

Les prémices de l’asphyxie, l’indicateur logement

L’information récente des pouvoirs publics Qatariens concernant la population au 30 juin 2013 soit 1 916 426 confirme l’avance par rapport au plan Vision 2030 qui prévoyait ce nombre là mais en 2016. Selon Aziz Sharif, directeur associé du portail  Mannzili (spécialisé dans l’immobilier) « l’afflux de personnes employées à l’exécution des divers projets d’infrastructures de grande envergure menées pour la Coupe du Monde entraîne une demande de logements plus importante que prévue. »

La tension sur le nombre de logements ne date pas seulement de l’annonce  de l’organisation de la coupe du monde de foot, il y avait déjà pénurie dans le passé, due à une augmentation importante de la population des expatriés. Cet afflux de population a eu comme conséquence une explosion des loyers. En dix ans, les loyers ont augmenté de 240 %, une villa qui se louait en 2003 environ 5 000 QR (1 054 €) se loue aujourd’hui environ 12 000 QR (2 531€). On ne parle pas seulement de rattrapage, il s’agit d’un véritable dérapage. La part du loyer représente aujourd’hui prés de 32,2 % dans le budget d’un Qatari non millionnaire, bien au-delà de beaucoup de pays au niveau mondial. Les Expatriés, aujourd’hui, passent une plus grande partie de leurs revenus sur le loyer en tout cas bien plus que dans les décennies précédentes. La création de logements abordables a été oubliée.

 

Les prémices de l’asphyxie, l’indicateur expatrié

En arrivant au pouvoir il y a deux mois dans une très belle initiative le ministre du travail du Qatar décidait de faire bouger certaines demandes des salariés expatriés, il devait prendre des initiatives. Un projet de modifications des lois et décrets existants avait été transmis au Conseil des ministres pour approbation, il portait sur :

Le paiement des salaires, difficultés : le paiement « cash », le retard, le non paiement des salaires ou des cotisations sociales. Le ministre du travail  propose des modifications légales afin de pouvoir contraindre les employeurs à payer. Avant tout il veut obliger les employeurs à payer les salaires via un système bancaire pour avoir une trace sérieuse du paiement et pouvoir vérifier si les entreprises paient en temps voulu. Les responsables des employeurs sont favorables à ces mesures.

Les conditions de travail : le ministère du travail a entrepris aussi de mettre en conformité les conditions d’hygiène et sécurité au travail. Une des plus grosses difficultés réside dans les équipements sommaires des lieux d’habitations des salariés expatriés qui n’ont pas les moyens d’avoir une habitation individuelle. Les normes d’hygiène, sont loin d’être satisfaisantes  Ce sont de véritables « camps de travail ». Dans un rapport daté de 2012 Human Rights Watch dit « Certains habitaient dans des camps de travail surpeuplés et insalubres sans accès à l’eau potable, sans ventilation adéquate et dépourvus de climatiseur en bon état de marche. Ces éléments sont essentiels pour minimiser les risques de coup de chaleur dans un pays où les températures diurnes peuvent atteindre 45 degrés en été. »

Comment voulez-vous reconstituer la force de travail de ces salariés dans des conditions aussi pitoyables ? Doha News un journal du Qatar nous fait part de faits consternants «  le mois dernier, s’est avéré être le mois le plus meurtrier jamais enregistré pour les expatriés népalais au Qatar, avec 32 décès au total. La plupart des personnes décédées étaient des travailleurs du bâtiment qui avaient 20 ans. Une bonne partie d’entre eux sont morts de maladie cardio-vasculaire. Un fonctionnaire de l’ambassade népalaise qui a gardé son anonymat a déclaré à Doha news « Beaucoup de travailleurs vont au travail sans avoir mangé et sans suffisamment d’eau pour la journée, alors qu’ils travaillent à des températures élevées toute la journée. Les températures ici sont différentes  de notre pays. Nos ressortissants ne sont pas habitués à cela. »

La responsabilité des « sponsors » qui encadrent ces travailleurs doit être recherchée car  ils ne remplissent pas leur rôle. Je suis particulièrement étonné que les tribunaux du Qatar n’aient pas encore soulevé cette question de droit. Puisqu’ il y a obligation de passer par un « sponsor », celui – ci doit s’assurer que son « protégé » travaille dans des conditions « raisonnables et dans les usages du métier ». S’il s’avère que le « sponsor » n’a pas vérifié cela, lui qui connait le pays et le métier, sa responsabilité doit être engagée.

Le gouvernement du Qatar a demandé « aux experts » d’examiner la pertinence des textes légaux actuels afin éventuellement de les modifier et de les mettre en conformité par rapport au droit international, si nécessaire. J’aimerais connaître la teneur de la lettre de mission donnée aux experts car le résultat remis lors d’une conférence de presse au journal Al Arab me laisse perplexe !  En effet, s’adressant au quotidien arabe Al Arab, ces experts sont arrivés à la conclusion que la relation entre le « sponsor » et la personne parrainée est organisée par la loi. Cette loi protège les droits des expatriés et des investisseurs étrangers et qu’il ne faut pas  y toucher. La preuve, selon ces experts le « sponsor » ne peut en aucun moment « saisir tout droit de la personne parrainée » exemple un passeport, une partie du salaire… Et de toute manière si le parrainé s’estime spolié de ses droits, il peut saisir la justice… Ceci me fait dire que le ministre du travail a fait « tout ce bruit » pour rien, il s’égare et se trompe de chemin.

Tout expatrié ou investisseur étranger est au courant de tout cela mais « le fait précède le droit » et là les experts n’en tiennent pas compte. Lorsque l’essentiel de la population expatriée se voit confisquer son passeport, ce n’est plus un incident que l’on fait régler par la justice mais c’est que la loi n’est pas bonne et il faut la modifier car la justice ne peut pas faire face à une généralité. De même, pour l’investisseur étranger « coincé » au Qatar, si on parle de droit exorbitant pour le « sponsor » c’est que les moyens de recours de l’entrepreneur qui peuvent durer de quelques mois à quelques années faussent la relation contractuelle ;  là encore la loi doit être modifiée pour rééquilibrer le poids des deux contractants.

L’exemple des 4 français coincés au Qatar est parlant, depuis que l’avocat Franck Berton a pris les choses en main plusieurs médiaux nationaux français s’emparent d’un sujet qui couve depuis plusieurs mois. Depuis le début de l’année plusieurs médias ont évoqués le sujet mais rien n’a bougé. Lorsque fin juin Hollande, Fabius et Valls sont allés au Qatar tout le monde espérait une solution.

 Au bout de deux mois les 4 français ont eu le secours d’un ténor du barreau, Me Berton qui a décidé de bousculer le système. Ce sont les femmes des « séquestrés » qui montent au créneau pour défendre leurs maris, Morello, Belounis, Al-Awartany et Marongiu et interpellent les politiciens français qui se murent dans un silence honteux. Comment peut-on espérer un avenir économique sérieux pour le Qatar quand on est incapable de traiter 4 affaires qui détruisent l’image de marque du pays.

 

Assiste- t – on aux premières failles du Vison 2 030 ?

La mise à jour régulière de Vision 2030, le plan à long terme montre, par ces différents exemples et d’autres, qu’elle ne s’effectue plus avec le sens critique qu’il faudrait. Pour flatter les dirigeants on se félicite de quelques bons résultats et classements sans regarder sérieusement le long terme. Plus personne n’ose affronter les quelques maîtres du Qatar qui pratiquant la fuite en avant ne voient plus que des indicateurs clés du pays passent à l’orange et qu’ils créent ces goulots d’étranglements qui mène inexorablement à l’asphyxie économique et sociale du pays. Après l’échec à l’international assistera-t-on bientôt au désastre économique et social.  Le paquebot sombre t-il ?