L’émir Tamim vient d’agréer la modification d’une loi sur le logement qui crée la polémique. Elle a comme conséquence de chasser les célibataires de Doha et de mettre en difficulté ceux qui ont un logement précaire. Et pourtant l’objectif premier n’est pas celui-là.
Le diable se cache dans les détails
Depuis quelques années avec l’augmentation de la population des migrants un certain nombre de logements ont été transformés soit par les propriétaires soit par les occupants souvent en dépit de toute sécurité ou confort. Pour les premiers il y ont vu une véritable manne financière en louant souvent à un nombre considérable d’individus un petit espace à prix fort et pour les seconds une opportunité d’être à proximité du travail et quelque fois de pratiquer une ou plusieurs sous locations. Les médias et les organismes internationaux comme Amnesty International ou l’ONU ont dénoncé en premier lieu les camps de travail mais aussi ces logements souvent insalubres et toujours incroyablement habités. Là où il devrait y avoir 3 à 4 personnes ou peut quelques fois atteindre le nombre de 40 à 50 personnes.
Un rapport ministériel a été présenté au premier ministre qui avec les autorités compétentes ont souhaité mettre fin à ces situation de logement intolérables. Il a proposé un texte de loi qui vient d’être adopté, c’est la modification de la loi n ° 4 de 1985 sur les transformations internes et externes des logements. L’émir Tamim vient d’agréer la modification de cette loi sur le logement qui crée une véritable polémique. Elle a comme conséquence de chasser les célibataires de Doha et de mettre en difficulté ceux qui ont un logement précaire. Et pourtant l’objectif premier n’est pas celui-là. Alors que la base de cette loi se veut progressiste et une réponse aux différents rapports internationaux sur le logement elle passe mal auprès des expatriés.
Bon nombre de salariés à bas revenus préfèrent toucher une indemnité de logement qui vient grossir leur maigre salaire et se débrouiller pour vivre dans quelques mètres carrés. Ils ne souhaitent pas aujourd’hui s’éloigner de la ville car les transports urbains ne sont pas en état de véhiculer toute la population. Ce qu’il faut regretter c’est le manque de concertation avec les intéressés, les migrants qui aujourd’hui manquent d’organisations pour les représenter. Le rapport ministériel aurait dû mettre en évidence que malgré la livraison de logements en périphérie de Doha dans les mois et les années à venir il manquera de nombreux logements. Et que les transports en commun ne seront pas à la hauteur de la population qui ne cesse de croître …
Ce qu’il faut pointer du doigt ce sont les préparations des textes de loi qui souvent ne sont pas débattus par des gens qui représentent les populations. Le débat politique même sous un régime autoritaire comme au Qatar est nécessaire avant la promulgation d’une loi non pas pour diminuer l’autorité de l’émir ou du gouvernement, mais souvent pour rappeler le bon sens. Dans ce cas le bon sens aurait voulu que par étape on redonne sa véritable destination aux logements mais que l’on propose des solutions sérieuses et viables à ceux que l’on va chasser de Doha pour les parquer en banlieue. Au passage on en profite pour « virer les derniers célibataires qui dérangent par leurs regard et leurs propos ». Déjà que Doha n’a pas d’âme et n’a pas de personnalité pour la représenter, en « jetant » dehors toutes ces forces vives elle ne sera à l’avenir habité que par « le peuple des tours », sorte d’extraterrestres qui pourraient vivre dans n’importe quelle tour n’importe où dans le monde.
Il est temps que l’émir Tamim se préoccupe de relancer les élections législatives pour éviter ces drames de la vie courante.