Coup de gueule contre le Qatar ou crise profonde. Ce sont les américains qui tiennent le destin du Qatar entre leurs mains avec la base d’al- Udeïd. L’émir Tamim va en tirer les leçons.
Après une grosse colère soit on tape soit on revient au calme
Il y a quelques semaine le journaliste René NABA écrivait, « Rien ne va plus entre le Qatar et les autres pétromonarchies du Golfe ». Je trouvais le propos un peu exagéré mais moins d’un mois plus tard l’histoire lui donne raison. Personne n’est dupe de la situation, le Qatar n’a rien fait de plus ces temps derniers, même Qaradaoui est un ton largement en dessous de ses diatribes habituelles. Alors pourquoi ce moment en particulier ?
Au mois de novembre 2013 à la demande du Koweït, l’émir Tamim fait un tour des pays du Golfe et s’engage à moins pratiquer l’ingérence chez ses voisins et plus largement réduire la voilure en matière de politique étrangère. Tous les observateurs constatent cet état en indiquant que le Qatar retourne dans ses terres. A peine deux mois plus tard les Emirats Arabes Unis sont envoyés par l’Arabie saoudite en avant-garde pour « chatouiller » le Qatar, le prédicateur Youssef Qaradaoui dans ces excès de langages est le prétexte idéal.
Encore une fois le Qatar calme le jeu pensant que c’est un peu d’humeur de la part de ces voisins. La troisième charge vient après l’attentat de Bahreïn, on laisse penser que le Qatar pourrait avoir facilité le passage « des terroristes ». On indique que la sécurité et la stabilité du Golfe est en danger à cause du Qatar. Le Qatar condamne cet attentat mais Bahreïn n’écoute pas. La condamnation d’un qatari pour soutien moral et financier aux frères musulmans aux Emirats Arabes Unis conduit le Qatar à manifester son mécontentement mais là encore ceux-ci n’écoutent pas.
On voyait le plan se dérouler pour faire monter « la colère » et on attendait que l’instigateur de tout cela montre son nez. Chose faite depuis quelques jours avec le rappel symbolique des trois ambassadeurs de Bahreïn, des Emirats Arabes Unis et de l’Arabie saoudite. L’Arabie saoudite qui d’un seul coup pique grosse colère contre le Qatar et l’accuse d’au moins sept péchés capitaux. Cette colère factice était prévisible, elle n’est rien d’autre que le signal que l’Arabie saoudite veut reprendre son rôle de leadership et que le Qatar doit se soumettre. Seulement après une grosse colère si la personne en face de vous ne bronche pas voire esquisse un sourire, soit on tape soit on revient au calme.
L’Arabie saoudite peut-elle envahir le Qatar ?
Un expert militaire me disait qu’il faudrait quelques heures pour occuper le Qatar tant l’armée de l’Arabie est supérieure à celle du Qatar. L’émir Hamad père de l’émir Tamim a beaucoup dépensé dans le monde, pas toujours à bon escient et n’a pas construit l’armée que le Qatar méritait. Ce qu’il a réussi toutefois à faire, c’est de prendre une assurance contre une invasion ou de l’Iran ou de l’Arabie saoudite, en installant sur son sol la plus grosse base du monde américaine hors USA, al- Udeïd . L’accord avec les Etats Unis vient d’être reconduit pour 10 ans. Ceci veut dire clairement que le Qatar confie sa sécurité « aux américains et aux mercenaires qui composent son armée », pour un pays qui a de grandes ambitions cela me semble un peu léger.
Le media « Maghreb Intelligence » titrait hier « Le Qatar, « ligne rouge » pour les Etats-Unis », le journaliste développe l’idée que les USA auraient indiqué à l’Arabe saoudite qu’il ne fallait pas toucher au Qatar.
Pour l’émir Tamim c’est le moment crucial, si l’accord avec les américains est fiable alors l’Arabie saoudite sera bien obligée de se « calmer » et ses satellites avec. Si par contre cet accord n’est que de l’apparence, alors l’émir doit se préparer à un départ précipité car son armée ne tiendra pas deux heures face à l’Arabie saoudite, les chars amassés à la frontière, depuis hier, ne pourront pas résister longtemps.
La leçon à tirer de cette histoire et au risque de me contredire, finalement Hamad avait raison sur un point l’Arabie saoudite est tout aussi dangereuse que l’Iran, mais Hamad a eu tort de ne compter que sur les USA.
Tamim doit de toute urgence se constituer sa propre armée, aérienne, navale et terrestre. Ce que l’Arabie saoudite aura réussi avec sa colère menaçante, c’est de donner les arguments nécessaires à Tamim, issu d’un monde militaire, de ne compter que sur sois même. Je suis convaincu que des contrats militaires devraient se débloquer de toute urgence.