A plusieurs reprises le FMI vient d’alerter le Qatar sur un possible emballement de l’inflation. Mais aussi sur le choix de privilégier les expatriés au détriment des jeunes qataris formés pourtant dans des écoles internationales.
Le FMI s’attend à des tensions sur l’inflation et concernant la jeunesse qatari
Ananthakrishnan Prasad est le conseiller spécial Moyen-Orient et Asie centrale du FMI. Il alerte le Qatar depuis deux ans sur des tensions possibles touchant l’inflation. Alors que le ministère de l’économie qatari table sur une inflation à 2,5 % le FMI pense qu’elle pourrait être dans un premier temps à 3,5 % et puis au-delà de 2014 passer à 5 % soit le double des prévisions. Le conseiller indique des efforts sont faits pour dénouer les goulots d’étranglements que sont le transport et le stockage des marchandises.
Il s’interroge aussi sur la masse de capitaux à mobiliser pour les infrastructures et la coupe du monde 2022. Il faut souhaiter que le marché du gaz ne se retourne pas car le Qatar pourrait être amené à faire des choix. Il s’interroge sur la stratégie des investissements à l’étranger. Pour l’instant le Qatar n’a aucun problème de liquidité bien au contraire puisque il prête mais comme l’essentiel de l’économie et basée sur les gaz et ses dérivés cela n’est pas rassurant.
Ananthakrishnan Prasad exprime une forte inquiétude concernant le traitement de la jeunesse qatarie. Le Qatar devrait donner la priorité à celle-ci au lieu d’attirer les talents étrangers et éviter le déséquilibre démographique. « Le renforcement des talents locaux est la clé pour le Qatar.
Pour le Qatar, la diversification économique ne signifie rien, mais la réduction de sa dépendance à l’égard des hydrocarbures et comment responsabiliser sa jeunesse par la création d’emplois notamment dans le secteur privé cela est important. Mais il y a la confrontation internationale que le Qatar ne peut ignorer.
Confrontation internationale et grands projets demandent des cadres extrêmement pointus
Pour faire face à la confrontation internationale, le Qatar doit rechercher les meilleurs non seulement parmi les Qataris mais dans le marché mondial de l’emploi. Lorsque les journalistes de l’agence Reuters notent la « capture » de quelques grands banquiers dans le monde qui se mettent au service de QIA pour assurer une diversification des avoirs Qataris, ils sont loin de se douter que cela met le feu aux poudres au Qatar. C’est la polémique qui grandit nourris en plus par le FMI. Et pourtant, il est urgentissime d’élargir le territoire des actifs du Qatar qui sont aujourd’hui à 80 % en Europe. Pour faire les montages financiers de la taille des investissements à venir et souvent du nombre de pays concernés, cela demande des connaissances « extrêmes » avec les salaires qui vont avec. Alors les polémiques, ce n’est pas fini et il faudra trouver les solutions car imaginer un futur pour un jeune Qatari devient complexe.
Lorsqu’on examine de prés la population du Qatar qui se situe au total à moins de 300 000 résidents, le nombre de personnes en âge de travailler est tellement faible qu’une pression « extraordinaire » est exercée sur ces étudiants, travailleurs, entrepreneurs.
Il y a quelques jours le ministre de l’Education Nationale du Qatar a dû rencontrer des parents d’élèves en désespérance par l’échec scolaire de leurs enfants. Aux parents qui contestaient la notation trop sévère, le ministre a répondu qu’il s’agissait de la crédibilité de la valeur des diplômes des étudiants qataris et qu’ils ne pouvaient pas être bradés.
Une pression qui aboutit à terme à une reconnaissance peut être supportable mais si « in fine » on se retrouve sous les ordres d’un expatrié même très compétent alors que depuis votre enfance on vous a programmé pour diriger il y a là une contradiction que les jeunes Qataris vivent douloureusement.