L’émir Tamim est-il l’homme de la situation ? Episode 1

La justice qatarie ne raisonne plus en droit mais obéit à des pressions des puissants du Qatar. Les « classiques » conduisent le Qatar à sa perte, l’émir aura-t-il le courage des les affronter ? Voici un premier article sur ce sujet complété par d’autres .

 

Une justice qui ne recherche pas la vérité est condamnable

Lorsque l’affaire des quatre français retenus contre leur gré au Qatar sera terminée les autorités qataries feront les comptes. Qui aura gagné dans cette affaire ?

La réponse est malheureusement personne, ni le Qatar, ni les sponsors et surtout pas les « otages ».

Ces derniers auront perdus des années de liberté, vécus dans l’angoisse de ne pas pouvoir circuler librement et souvent non payés de leur dû ou carrément « escroqués ». Les Morello, Belounis, Awartany et Marongiu ne sont que quatre exemples parmi des centaines d’autres. C’est parce que ils n’ont pas accepté leur sort et qu’ils se sont exprimés chacun selon leurs moyens qu’ils sont « sous les feux des projecteurs ».

Les sponsors de ces quatre personnes, mais d’une manière plus générale ont attirés l’attention sur un fait connu, le « kafala », système issu de la fin de l’esclavage dans les années 50 où le mot maître a été remplacé par « sponsor ». Au moment de l’octroi de la Coupe du monde tous savaient que le kafala était en place au Qatar y compris M. Platini et M. Blatter. Comme l’a dit Abdeslam Ouaddou un ancien international marocain dans un article de l’Observatoire du Qatar, après avoir été attiré par l’aventure qatari « J’ai vite déchanté car j’ai eu à faire à des gens vicieux, hypocrites, arrogants, impolis et peu soucieux des valeurs humaines. ».  Le système du kafala – sponsor ne doit pas survivre même si on tombe par « chance » sur un bon sponsor. C’est la poursuite sous d’autres formes d’un esclavage moderne.

 Le Qatar par l’intermédiaire de son émir Tamim aura-t-il gagné une quelconque autorité dans cette affaire ?

Bien au contraire, l’entêtement à vouloir montrer son autorité dans l’affaire des quatre français à conduit l’émir à commettre plusieurs fautes qui peuvent à terme s’il ne réagit pas avec « intelligence » se mettre personnellement en difficulté et son clan avec lui. La justice n’a pas recherché la vérité donc elle est condamnable et l’émir le sait.

L’émir Tamim est sommé de toutes parts de sortir de son discours ambigu, pour un dirigeant comme il prétend moderne et humain. Il est confronté à un dilemme – pour garder la coupe du monde de foot 2022 il doit supprimer le kafala et venir vers un contrat de type international. –

Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, n’ayant pas eu le pouvoir « de haute lutte comme tout son clan » il fait parti d’une nouvelle génération d’émir qui doit réformer pour conduire son pays vers les normes internationales qui en feront un état visible et convenable pour longtemps. Mais a-t-il l’étoffe de ce type de dirigeant ?

Beaucoup « d’experts » du Qatar, pensent, que l’émir à cette volonté de conduire le Qatar vers la lumière. Mais pourtant beaucoup de faits prouvent le contraire. L’annulation des élections législatives, la modification des manuels scolaires pour modifier l’histoire, la récente mis au pas de DCMF, le fait de garder en prison son ami le poète, l’embauche d’un cabinet d’avocat pour démontrer que les lois actuelles suffisent à gérer le droit du travail au Qatar, la négation des morts sur les chantiers…

Depuis son arrivée rien n’a changé en réalité on assiste à un certain retour vers le côté sombre du Qatar, vers l’autoritarisme de celui qui ne voulant affronter « les classiques du Qatar » sur des sujets comme la suppression du kafala, la modernisation de la justice, une évolution du statut de la femme, une acceptation des autres… laisse faire ces « classiques » qui conduisent le Qatar à la perte.

Sur les deux français restants otages du Qatar Awartany et Marongiu, l’émir qui est parfaitement au courant de ces affaires doit mettre fin à une parodie de la justice qui dégrade l’image de son pays où les victimes sont spoliées et mise en prison ou empêchées de renter chez eux alors que les bourreaux continuent à sévir. Il n’y a aucune raison pour garder Marongiu en prison et au Qatar. Diriger un pays nécessite un minimum de courage, la question qui nous interroge aujourd’hui, l’émir Tamim est-il l’homme de la situation ?