Vous avez le droit de visiter juste ce que nous avons prévus. C’est le résumé des 4 jours de présence de la délégation des syndicalistes internationaux du bâtiment et bois. Le Qatar qui n’a pas de culture syndicale croyait berner les syndicalistes. Malgré une étroite surveillance des contacts ont été établis avec des travailleurs expatriés.
Le manque de transparence joue contre le Qatar
Quatre jours d’un jeu du chat et de la souris. Si le Qatar avait accepté cette visite c’est qu’il espérait « manipuler » les syndicalistes et leur montrer quelques « lieux » où les conditions de travail sont correctes. Les syndicalistes rêvaient d’une rencontre « idéale » pour parler « revendications » pour améliorer le quotidien des travailleurs expatriés. L’affaire était donc compromise avant même de commencer. Si le Qatar cache la réalité c’est qu’elle est bien pire que l’article du « The Guardian » puisque ce journal a travaillé uniquement sur une communauté qui ne représente qu’un quart des travailleurs expatriés. Si on suit le raisonnement de la secrétaire générale de la CSI, Sharon Burrow, il y aurait beaucoup de morts pour que la coupe du monde ait lieu.
Il y a les morts à cause des accidents du travail ou des conséquences du travail mais il y aussi tout le reste. Des salaires bas et pas toujours payés, du temps de travail beaucoup plus important que le code du travail Qatari et des conditions de vie inacceptable pour un pays aussi riche. La liste serait longue nous en avons à plusieurs reprises parlé.
Certains même au Qatar font entendre leur voix, Doha News rapporte que le Dr Ahmed Al Mohannadi , rédacteur en chef du magazine de sport local Doha Stadium Plus s’exprimait en ces termes « nous devons réfléchir sérieusement à abolir le système des permis de sortie, fixer des salaires minima dans divers secteurs , nommer des agents de protection dans toutes les entreprises et aussi permettre progressivement la liberté de changer d’emploi ».
Une stratégie suicidaire pour le Qatar
Les réformes à faire sont parfaitement connues par les autorités du Qatar. Ils pensent encore à ce moment de l’histoire que cela va être dur et difficile mais qu’ils vont réussir à tenir bon contre vents et marées.
Leur plan est simple allumer des contre feux avec des débats autres et voila que depuis quelques jours des idées qui fusent, le combat contre les homosexuels, le combat contre le blasphème à l’étranger et demain d’autres dossiers dont l’objet et de souder autour d’eux le reste du Golfe et une partie de la population Qatari qui est en souffrance ne participant que de loin au festin.
Ils s’entourent des plus grands cabinets mondiaux pour créer des écrans de fumées sans régler les « revendications » basiques des travailleurs expatriés. Ils vont utiliser tous leurs canaux de pressions économiques pour expliquer qu’ils ne peuvent pas bouger d’un pouce car cela aurait trop de conséquences au Qatar et dans tout le Golfe, sur le financement de leurs projets et que la manne internationale à se partager serait moindre. Et puis comme disait un ambassadeur Qatari « de quoi ils se plaignent dans leur pays c’est encore pire ».
Les syndicalistes par des contacts discrets ont pu vérifier ce qu’ils soupçonnaient. Tout est à faire, aucun droit du travail n’est sérieusement appliqué et les droits fondamentaux de libre circulation pour changer d’employeur ou de quitter le pays n’existent pas.
La justice du Qatar n’est pas à la hauteur du sujet et manque d’indépendance et de toute manière l’immense majorité des expatriés « ont peur » des conséquences. Pour un travailleur expatrié ou un entrepreneur étranger les dés sont pipés comme l’indique dans son livre « Exit permit » de Philippe Bogaert, l’homme d’affaires flamand qui a réussi à quitter le Qatar. On vous promène de procès en procès et on en voit rarement la fin. D’où la nécessité d’une intervention politique.
Alors visite inutile pour les syndicalistes internationaux ?
Bien au contraire, ils demandent d’une manière urgente des réformes pour améliorer le sort des travailleurs expatriés. En cela ils rejoignent la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), Sharan Burrow qui dit via l’AFP, « Le gouvernement qatari refuse de s’attaquer au problème et d’assumer la responsabilité du mauvais traitement de la main-d’œuvre. Il faut que la FIFA prenne ses responsabilités et veille elle-même à la protection et non à l’exploitation des personnes qui construisent les infrastructures et fournissent des services ». Sharan Burrow qui a lancé une campagne destinée à exiger une nouvelle désignation si la fédération internationale de football persiste dans son refus de s’attaquer aux violations des droits syndicaux au Qatar.
L’histoire personne ne peut l’écrire à l’avance et pour avoir une petite expérience de la vie, il suffit d’un grain de sable pour bloquer la plus belle des machines. Or les tempêtes de sable ne manquent pas au Qatar.