Pour autant, il reste de nombreux défis à relever avant de parachever le processus d’alignement sur le droit commun.
Le 7 janvier 2016
Les Mahorais ont fait le choix de la France en 1976. Ce choix nous honore et nous oblige. Depuis presque 40 ans Mayotte progresse sur le chemin du développement et de la convergence vers le droit commun de la République. L’accord sur l’avenir de Mayotte, signé en 2000, a offert au territoire une perspective claire sur son évolution future. Les choix réitérés des élus et de la population ont permis d’ancrer Mayotte au sein de la République comme département depuis 2011 et comme région ultrapériphérique de l’Europe depuis 2014. C’est une étape décisive et symbolique qui a été franchie, conformément aux souhaits des Mahorais.
Pour autant, il reste de nombreux défis à relever avant de parachever le processus d’alignement sur le droit commun. Au-delà de l’objectif consubstantiel à la départementalisation d’alignement sur le droit commun et de résorption des écarts de développement, il convient de fixer le rythme des réformes à engager et d’ordonner les priorités de l’action publique, dans un contexte de rationalisation des choix budgétaires.
Si le pacte pour la départementalisation de décembre 2008, arrêté unilatéralement, devait tenir lieu de feuille de route à l’action publique, il se révèle largement obsolète et ne répond plus aux aspirations légitimes de la société. Surtout, il ne permet pas de répondre au besoin de sens exprimé par les Mahorais.
Pour ces raisons, le Président de la République, M. François HOLLANDE, lors de sa visite officielle d’août 2014, a souhaité qu’un document stratégique traçant pour les 10 années à venir le cheminement de Mayotte vers le droit commun de la République soit élaboré au cours de l’année 2014-2015.
Mayotte 2025 nous invite à un exercice de responsabilité partagée. Il s’agit de concilier plusieurs objectifs qui nous obligent : parachever la départementalisation de Mayotte dans le respect des équilibres du territoire ; inscrire les mutations de la société dans une perspective politique partagée ; réaffirmer le consentement de chacun aux mutations engendrées par la départementalisation et qui peuvent bousculer les fondements de la société mahoraise ; mettre en responsabilité l’ensemble des acteurs – élus, socioéconomiques, associatifs, société civile – qui contribuent à la construction du territoire ; assurer aux Mahorais les droits et obligations afférents à leur appartenance pleine et entière à la nation ; clarifier les priorités de l’action publique en faveur du développement du territoire.
Le Président de la République a souhaité donner corps à ce nouveau contrat de société pour définir en responsabilité le rythme approprié de convergence vers le droit commun, dans le respect des équilibres du territoire, la sécurité pour chacun et l’intégration du territoire dans son bassin régional.
L’Etat a massivement investi dans le développement de Mayotte depuis de nombreuses années et a permis de lancer des programmes de construction de logements, d’écoles, de collèges, de lycées, d’électrification, des investissements routiers, d’infrastructures et d’équipements publics.
L’intégration à l’Union européenne a permis à Mayotte de bénéficier des fonds européens. Pour les années 2014-2020, ce sont a minima 350 millions d’euros qui sont mobilisés par l’Union européenne pour Mayotte, notamment dans les domaines liés à l’environnement, à la pêche, à l’agriculture, aux infrastructures et à la lutte contre les exclusions.
Le contrat de plan entre l’État et la région représente une part importante des contreparties nationales aux fonds européens. Dès cette année, un nouveau contrat de plan État-Région couvrant la période 2015-2020 va permettre de mobiliser 378 millions d’euros. Soit une intensité d’aide par an et par habitant de la part Etat du contrat six fois supérieure à la moyenne constatée dans le reste du pays.
Pourtant, les enjeux de Mayotte restent majeurs : la démographie du plus jeune département de France et l’un des plus denses après les départements franciliens, conditionne les besoins du territoire. La population, au 1er janvier 2014, est de 220 313 habitants. La moitié de la population est âgée de moins de 17,5 ans et 60 % a moins de 25 ans. La croissance de la population est forte avec un taux annuel de 2,7 % contre 0,6 % en métropole sur les cinq dernières années. La mise en œuvre d’un plan en faveur de la jeunesse, décidé par le Président de la République, est là, plus encore qu’ailleurs, une des conditions du développement du territoire sous toutes ses formes. Même si le produit intérieur brut par habitant a très fortement augmenté et reste très supérieur à celui observé chez nos voisins régionaux, un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté. Un tiers de la population en âge de travailler n’a pas d’emploi et 80 % des demandeurs d’emploi ont un niveau de formation inférieur ou égal à la classe de 6e.
Le développement économique, social, environnemental de Mayotte exige aujourd’hui des choix : ceux de ses priorités de développement dans un contexte de dynamique démographique, ceux de sa jeunesse, ceux de sa cohésion sociale pour un mieux vivre ensemble. C’est à cette ambition de sens et de valeurs partagées au sein de la République française que nous convie Mayotte 2025 pour accompagner le 101ème département sur le chemin de l’égalité. Mayotte 2025 s’est nourrie des analyses convergentes et complémentaires des élus, des acteurs économiques et institutionnels, des associations, dans un dialogue constructif avec les services de l’Etat. Partie intégrante de la République française, le département de Mayotte n’aspire qu’à s’épanouir dans ce cadre. Mayotte 2025 en trace le chemin.