Quel risque de « japonisation » de l’économie chinoise ?

Le phénomène de « japonisation » d’un pays fait référence à la trajectoire économique qu’a connue le Japon à partir du début des années 1990, après plusieurs décennies d’expansion rapide. Elle se caractérise par un faible taux de croissance et d’inflation, et des taux d’intérêt extrêmement bas.

Publié le 05 novembre 2024

La baisse de la croissance chinoise est marquée par des déséquilibres croissants entre la priorité donnée à l’industrie et à l’investissement d’une part et la faiblesse de la consommation et la crise du secteur immobilier d’autre part. Si cette situation rappelle le Japon des années 1990, marqué par un faible taux de croissance et d’inflation, le ralentissement de l’activité pourrait être moindre en Chine en cas de rééquilibrage de son modèle de croissance, qui reste à réaliser.

Le phénomène de « japonisation » d’un pays fait référence à la trajectoire économique qu’a connue le Japon à partir du début des années 1990, après plusieurs décennies d’expansion rapide. Elle se caractérise par un faible taux de croissance et d’inflation, et des taux d’intérêt extrêmement bas.

La Chine présente plusieurs similitudes avec le Japon du début des années 1990. Son modèle de croissance donne la priorité à l’industrie et à l’investissement, et s’appuie sur le dynamisme des exportations. Elle fait face à un endettement élevé, à un fort ralentissement de sa démographie, à une baisse tendancielle de la croissance (cf. Graphique) et de l’inflation, et à une crise immobilière depuis 2021.

Cependant, l’ampleur de la baisse de la croissance pourrait être plus limitée qu’au Japon, compte tenu de certains atouts de l’économie chinoise, et de la possibilité de tirer les leçons de l’expérience japonaise. Alors qu’elle atteint la frontière technologique dans un nombre croissant de secteurs, la Chine ambitionne d’effectuer une transition vers un nouveau modèle de croissance, davantage centré sur les nouvelles technologies et l’augmentation de la productivité.

La mise en place de ce nouveau modèle pourrait toutefois être entravée par le fort taux d’endettement des gouvernements locaux, et des interrogations subsistent plus généralement sur la capacité d’un tel modèle à soutenir un haut niveau de croissance.

Un destin comparable à celui du Japon signifierait un fort ralentissement du processus de rattrapage, mais pas nécessairement des gains de productivité plus faibles que dans les autres pays : corrigée de la structure démographique, la croissance japonaise a en effet été similaire à celle des autres grands pays avancés depuis 1990.

Rédigé par L. Bertrand, T. Carré, P. Kanda Tunda, E. Villani .