L émir Tamim, dix semaines plus tard tisse sa toile mais son entourage fait preuve d’un certain amateurisme notamment au niveau gouvernemental.
Un grain de sable peut coincer une grande machinerie
Ce sont souvent des petits faits qui accumulés, un jour, font qu’un peuple explose. Ce n’est pas encore le cas du Qatar mais le jour où cela arrivera personne même pas l’émir ne l’aura prévu.
A Doha le matin pour aller au travail, c’est pire qu’à Paris. Ce qui est incompréhensible ce n’est pas l’accumulation des travaux mais un manque réel de coordination. Sur le papier tout va bien mais en réalité de plus en plus de résidents s’énervent au volant et cela a des conséquences graves sur le nombre d’accidents.
Dix semaines plus tard, la nomination de Tamim a apporté du négatif à l’international et aucune amélioration au quotidien pour les Qataris ou les expatriés. On a la sensation étrange d’actes accomplis sans qu’ils aillent au bout. L’émir et son gouvernement donnent l’impression d’un joueur de tennis qui frappe la balle sans aller au bout, la balle n’arrive jamais à franchir le filet.
L’exemple du premier ministre qui est aux abonnés absents. Abdullah Bin Nasser premier ministre du Qatar s’est exprimé il y a un mois de cela pour indiquer sa méthode de travail et ses objectifs. Deux mots résument son engagement pour servir l’Emir et le Qatar, discipline et réussite, mais est-ce que quelqu’un lui a dit qu’il fallait communiquer ?
Voilà quelqu’un qui a été choisi pour améliorer le quotidien du Qatar et qui est « muet ». Le Qatar a besoin d’un projet au quotidien et non d’un rêve comme la Coupe du monde de foot. Les journaux ont tous parlé des 200 milliards de dollars qui seraient dépensés pour cet événement dont se moquent parfaitement les Qataris. La réalité est que plus de 85 % de ces sommes vont servir pour améliorer la vie des résidents mais personne réellement n’en parle. A-t-on vu le premier ministre monter au créneau, aller sur place, parler à la télé, donner des interviews sur le quotidien des habitants du Qatar ? Que nenni… Même notre Ayrault national l’a compris alors qu’Abdullah Bin Nasser premier ministre du Qatar n’en fait rien.
L’exemple du ministre du travail qui est en erreur stratégique. En arrivant au pouvoir il y a deux mois, le ministre du travail du Qatar décidait de faire bouger certaines demandes des salariés expatriés, il devait prendre des initiatives. Un projet de modifications des lois et décrets existants avait été transmis au Conseil des ministres pour approbation.
Comme par hasard, quelques semaines plus tard un rapport d’experts arrive à la conclusion sur le sujet « sponsor » que la relation entre le « sponsor » et la personne parrainée est organisée par la loi. Cette loi protège les droits des expatriés et les investisseurs étrangers et il ne faut pas y toucher. La preuve, selon ces experts, le « sponsor » ne peut en aucun moment « saisir tout droit de la personne parrainée » exemple un passeport, une partie du salaire… Et de toute manière si le parrainé s’estime spolié de ses droits, il peut saisir la justice… Ceci me fait dire que le ministre du travail a fait « tout ce bruit » pour rien, il s’égare et il est en erreur stratégique.
Si la Coupe du Monde se fait réellement au Qatar ce qui est loin d’être prouvé, les tensions sur le travail seront tellement importantes que l’explosion sociale viendra de là. Comment peut-on accepter un nombre de morts et de blessés aussi impressionnant sans bouger ? Oui je sais il y a des opérations comme « Weqaya », comment éviter les maladies infectieuses et quelques formations à la sécurité mais tout cela ne suffit pas.
L’exemple récent du ministre des affaires étrangères, Khaled Attiyah qui pourtant n’est pas un néophyte montre un manque de maîtrise réel et des nerfs à fleur de peau. Bandar le provocateur patenté, « a ainsi voulu signifier son mécontentement de la livraison, via la Turquie, par le Qatar de missiles thermiques à l’opposition islamiste, comme l’écrit René Naba. » Tout le monde l’avait bien compris, il fallait trouver une formule de même type sur l’Arabie saoudite. Et le distiller de la même manière, mais non, Khaled Attiyah s’est lancé dans une tirade qui pourrait paraître insultante pour beaucoup de pays arabes.
Mais l’exemple le plus humoristique revient au ministère de l’intérieur, un de ses services vient de lancer une enquête auprès de ses « clients » les expatriés. Il leur demande s’ils sont satisfaits de leurs services. Sincèrement je vois mal l’expatrié dire le contraire. On connait malheureusement tous les déboires concernant les visas, permis de sortie du territoire et autres. Je suis convaincu que le résultat de ce sondage sera « extraordinairement excellent.» Tiens, je conseille à ce service d’aller interroger les 4 français retenus au Qatar… cela pourrait faire baisser la moyenne.
Une démocratie d’un nouveau type
Comme chacun le sait, avant de partir l’émir Hamad décida sur la demande de son fils Tamim l’actuel émir, de reporter les élections législatives à trois ans. Peux furent réellement surpris mais cela diminue un peu plus la crédibilité des dirigeants du pays qui mordicus avaient dit à plusieurs reprises que ces élections auraient bien lieu.
Ce qui est intéressant de noter, c’est la nouvelle formule démocratique en cours au Qatar, elle passe par les réseaux sociaux. A deux reprises en quelques mois, les autorités se sont émues des messages « twitter et facebook » des Qataris et notamment de la jeunesse Qatarienne. Une fois sur des problèmes de parking et autres dans l’Université du Qatar et l’autre sur l’autorité de gestion des musées. Ceci a eu comme conséquence notamment la privatisation de l’autorité de gestion des musées, rien que çà ! Incroyable pays que le Qatar où on accorde plus d’importance aux réseaux sociaux « anonymes » qu’a une représentation officielle d’élus. Où on change le jour de l’indépendance qui passe du 3 septembre au 18 décembre… bref un pays fascinant…
5 mois plus tard toujours de la fascination avec un zeste de critique
Après 5 mois d’études du Qatar, plus de 1 000 heures de travail et plus de 470 articles, je ne me lasse pas de ce pays bien au contraire. Globalement c’est un pays « jeune » même s’il a des traditions et une histoire. Jour après jour j’accumule des informations, des tentatives de manipulations, je fais le tri. J’ai quelques « scoop sous le coude » un notamment sur l’environnement complexe d’officines de médiations autour de l’ambassade de France au Qatar… Depuis quelques semaines en me relisant je vois bien qu’en plus de la fascination du départ s’est rajoutée une envie de participer à une information critique quelques fois mais toujours sincère.
Je voulais à ce propos dire ma satisfaction d’avoir lu dans Doha News un article sur les français « retenus au Qatar. Je sais à quel point écrire dans ce pays peut coûter cher, le poète Al Ajami le paie de sa personne, un ami de l’émir Tamim pourtant. Ce qui ne m’étonne pas ce sont les quelques « amis du Qatar » en France, aucun mot ni aucune ligne sur le sujet. Cette affaire pour eux n’existe pas, leur cerveau l’ignore, alors lorsque j’ai appris récemment que d’aucuns voulaient faire un site exclusivement sur le Qatar, cela m’a fait doucement sourire. Au delà de l’aide apportée par le réseau pour les faire exister, il va falloir de temps en temps être critique… je me régale d’avance de lire les « tortillements linguistiques » pour justifier l’injustifiable. En ce qui me concerne, je leur souhaite la bienvenue et je ne manquerais pas de les lire et de donner mon avis.