Je parle en notre nom à tous quand je dis que nous partageons le chagrin d’Israël.
12 octobre 2023
Françaises, Français, Mes chers compatriotes.
Israël a connu, samedi, l’attaque terroriste la plus tragique de son Histoire. Le Hamas a exécuté un plan qui, par son ampleur, sa barbarie, son bilan, n’a pas de précédent.
Tout un pays surpris à l’aube par des tirs et une invasion aussi soudaine que sanguinaire. Des centaines de nourrissons, d’enfants, de femmes et d’hommes pourchassés, enlevés, assassinés, pris en otage. Des massacres de kibboutz, des villages entiers décimés. Une haine meurtrière aveugle. Un déchaînement de cruauté absolue.
Depuis dix-huit mois, le monde avait déjà connu le retour de la guerre en Europe, que ce soit en Ukraine ou contre l’Arménie, mais cette violence a sidéré une Nation et le monde entier.
Je parle en notre nom à tous quand je dis que nous partageons le chagrin d’Israël. Que nous pensons à la terreur éprouvée par les Israéliens. Que nous pensons à ces familles qui savent qu’elles ont perdu un des leurs et à celles qui attendent des nouvelles d’un proche. Que nous pensons à ce peuple encore dans l’épreuve et le deuil. Que nous nous tenons à ses côtés.
Nous Français nous savons, dans notre chair, ce qu’est cette douleur. Nous avons, nous aussi, pleuré des victimes fauchées dans une fête, dans l’insouciance de la jeunesse, dans l’ordinaire d’une vie de famille. Nous savons, dans notre chair, que rien ne peut justifier le terrorisme. Il ne peut jamais y avoir de « oui mais ».
La France condamne de la manière la plus ferme ces actes atroces. Disons-le clairement. Le Hamas est un mouvement terroriste. Le Hamas cherche avant tout la destruction et la mort du peuple d’Israël. Agissant comme il le fait, il sait par ailleurs à quoi il expose de manière criminelle et cynique la population de Gaza. Ce n’est pas une guerre entre les Israéliens et les Palestiniens. C’est une guerre menée par des terroristes contre une Nation, un pays, une société, des valeurs démocratiques.
Nous avons assuré Israël et son peuple de notre solidarité sans faille et de notre soutien dans sa réponse légitime aux attaques terroristes. Israël a le droit de se défendre, en éliminant les groupes terroristes dont le Hamas par des actions ciblées, mais en préservant les populations civiles car c’est le devoir des démocraties.
Nous savons que la seule réponse au terrorisme, la seule possible, est toujours une réponse forte et juste, forte parce que juste.
Nous sommes aussi liés à Israël par la douleur du deuil. A cette heure, 13 de nos compatriotes sont morts lors de ces attaques. Jamais, depuis l’attentat de Nice en 2016 autant de Français n’ont été assassinés par des terroristes. Et ce sont tous les Français, qui ce soir les pleurent. Comme nous nous inquiétons pour le sort de nos 17 compatriotes, enfants et adultes, portés disparus, et sans doute, pour certains d’entre eux, retenus en otage.
Je pense ce soir aux familles. Je veux leur dire que la France met d’ores et déjà tout en œuvre, aux côtés des autorités israéliennes et de nos partenaires, pour les faire revenir sains et saufs dans leur foyer. Car la France n’abandonne jamais aucun de ses enfants. Nous ferons tout pour que ces otages, quelle que soit leur nationalité, soient libérés.
Plus largement, nous sommes pleinement mobilisés pour assurer l’information des familles sans nouvelles de leurs proches, pour garantir un rapatriement, pour informer et secourir. Un premier vol affrété arrive ce soir à Paris. D’autres vols sont prévus dans les prochaines heures et les prochains jours. Et nous avons renforcé nos moyens pour épauler sur place les près de 200 000 Français qui vivent aujourd’hui en Israël. Nous sommes à vos côtés et continuerons de l’être.
Je sais aussi que nombre d’entre vous s’inquiètent d’un engrenage tragique pour la région. Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec le Président israélien Isaac Herzog, avec son Premier ministre Benyamin Netanyahou. J’ai également longuement échangé avec les principaux dirigeants des pays de la région, ceux de l’Autorité palestinienne, la Jordanie, l’Egypte, le Liban, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes unis, comme du Qatar. Avec nos principaux alliés européens et américains nous partageons les mêmes priorités : apporter un soutien ferme et complet à Israël, éviter toute extension du conflit aux pays voisins, notamment au Liban, et coordonner l’action humanitaire internationale.
Nous ne pouvons pas nous résoudre à une guerre sans fin dans cette région. La lutte contre le terrorisme ne peut remplacer la recherche de la paix. Les conditions d’une paix durable sont connues : ce sont des garanties indispensables pour la sécurité d’Israël et un Etat pour les Palestiniens. C’est la ligne que la France défend avec constance, qu’elle continue à défendre sans varier et continuera de porter.
Je le redis : la sécurité de l’Etat d’Israël, la lutte résolue pour l’éradication du terrorisme dans la région, et le respect des aspirations légitimes de chacun forment pour nous un ensemble indissociable. Ceux qui confondent la cause palestinienne et la justification du terrorisme commettent une triple faute : morale, politique et stratégique. Forte de sa clarté et de sa constance, la France a la responsabilité d’agir, toujours, pour la paix et le dialogue. Elle le fera.
Mes chers compatriotes,
Cet évènement est un séisme en Israël, au Proche-Orient et bien au-delà.
Cette barbarie heurte profondément la conscience humaine universelle.
Elle touche plus particulièrement nos compatriotes de confession juive.
Notre premier devoir est d’assurer leur sécurité et celle de tous nos concitoyens sur le sol national et de ne laisser prospérer aucune parole, aucun acte antisémite, aucune stigmatisation. Je sais l’inquiétude, parfois la peur qu’il y a en ce moment-même chez beaucoup d’entre vous. Je veux le dire ce soir, la République sera là pour vous protéger et elle sera impitoyable avec tous les porteurs de haine.
Dès samedi, j’ai demandé au gouvernement de renforcer nos mesures de protection des écoles, des lieux de culte et de culture. 582 d’entre eux ont vu leur sécurisation accrue. 10 000 policiers et gendarmes sont mobilisés. Nos armées sont engagées dans le cadre de l’opération Sentinelle. Les procureurs ont reçu l’instruction de poursuivre avec la plus grande sévérité les actes antisémites et les apologies du terrorisme. Les manifestations qui pourraient donner lieu à des débordements seront interdites. Nous sommes d’une vigilance absolue, aussi, face aux expressions de haines sur les réseaux sociaux et à la menace terroriste.
Mais notre devoir est aussi, dans ce moment, de rester unis comme Nation et comme République. C’est ce bouclier de l’unité qui nous protégera de tous les débordements, de toutes les dérives, de toutes les haines.
Souvenons-nous de toutes les graves crises que nous avons traversées ensemble. Souvenons-nous de la façon dont nous avons fait bloc, chaque fois, face au terrorisme.
Je sais, je le disais, la peur de nos compatriotes de confession juive, que cette résurgence, là-bas, de la violence antisémite, soit le prétexte, ici, de paroles, d’injures, d’actes qui les viseraient. Et je mesure aussi l’inquiétude de nos compatriotes de confession musulmane que les amalgames l’emportent sur la raison. Nous combattons et combattrons toujours pour que nul sur notre sol n’ait peur.
Ni suspicions, ni divisions entre nous ne doivent exister au sein de la Nation. Gardons à l’esprit que l’antisémitisme a toujours été le prélude à d’autres formes de haine : un jour envers les Juifs, le lendemain envers les chrétiens, puis les musulmans, puis toutes celles et ceux qui sont encore l’objet de haine, en raison de leur culture, leur origine, leur genre.
Ne menons pas chez nous des aventures idéologiques par imitation, par projection. N’ajoutons pas, par illusion ou par calcul, des fractures nationales aux fractures internationales. Et ne cédons rien face à toute forme de haine. Dans ce moment que nous vivons mes chers compatriotes, nous devons condamner le terrorisme et défendre nos valeurs fraternelles.
C’est le sens même de la rencontre que j’ai initiée tout à l’heure avec l’ensemble des responsables de partis politiques représentés au Parlement et les présidents des 3 chambres constitutionnelles. Ce fut un échange de respect, du pluralisme, de la diversité des opinions, mais surtout de concorde et d’unité. Cette unité républicaine est une force pour nous-mêmes, pour notre cohésion et pour pouvoir porter la voix singulière et universelle qu’est celle de la France.
Je vous le demande ce soir, restons unis. Unis pour nous-mêmes, unis pour porter ensemble un message de paix et de sécurité pour le Proche-Orient. C’est ainsi que nous serons à la hauteur de notre propre histoire, celle d’une République qui protège chacun et d’une nation qui défend l’idéal de paix. Je nous fais confiance pour cela.
Vive la République ! Vive la France !