L’économie britannique est essentiellement portée par les services. En 2018, ce secteur représentait près de 80 % de la valeur ajoutée (VA) de l’économie britannique et employait 80 % de sa population.
Une crise à venir
Le Royaume-Uni était en 2020, avec un PIB de 2 710 milliards de dollars (Md$), la cinquième économie mondiale et la deuxième économie européenne, derrière l’Allemagne et devant la France, selon le FMI. Le PIB par habitant du Royaume-Uni s’élève à 40 406 $, semblable à la France (40 146$). La croissance réelle du PIB britannique s’est établie à 1,4 % en 2019, soit un net ralentissement par rapport à la moyenne des cinq années précédentes (2,0 %), principalement du fait du poids des incertitudes du Brexit sur l’investissement des entreprises et du ralentissement de l’économie mondiale. L’économie s’est contractée de 9,8 % en 2020.
L’économie britannique est essentiellement portée par les services. En 2018, ce secteur représentait près de 80 % de la valeur ajoutée (VA) de l’économie britannique et employait 80 % de sa population. La place financière de Londres étant l’une des plus importantes au monde, le poids des services financiers et des assurances dans l’économie britannique est particulièrement important (7,0 % de la VA en 2018 et 4,2 % de la main d’œuvre). Le secteur industriel reste toutefois significatif : il compte pour 14 % de la valeur ajoutée, concentre 12 % de la main d’œuvre et s’appuie notamment sur les industries aérospatiale, chimique, pharmaceutique et automobile. Le secteur de l’énergie est marqué par l’exploitation du pétrole et du gaz naturel en Mer du Nord. Le Royaume-Uni s’appuie par ailleurs sur l’énergie nucléaire, dont il entend poursuivre le développement ; deux réacteurs EPR sont en cours de construction à Hinkley Point. Enfin, il développe depuis plusieurs années une politique ambitieuse en faveur des énergies renouvelables, en particulier dans le domaine de l’éolien maritime, pour lequel il ambitionne d’atteindre une production de 40 GW en 2030, soit un quadruplement en dix ans.
L’économie britannique se caractérise également par une intervention relativement limitée de l’État par rapport aux autres pays européens, hors mesures de soutien conjoncturelles décidées pendant la pandémie. Le niveau des dépenses publiques représentait 41 % du PIB en 2019, au-dessus des États-Unis (38,1 %) mais loin derrière la France (55,3 %). Le soutien du gouvernement aux ménages et aux entreprises pendant la pandémie a nettement poussé ce ratio à la hausse, les dépenses publiques ayant atteint 54,4 % du PIB entre mars 2020 et avril 2021.
Le Royaume-Uni est classé 8ème sur 190 au classement Doing Business 2020 de la Banque mondiale, grâce notamment à ses performances dans les domaines de la protection des investisseurs, de la création d’entreprises, du régime des faillites et de l’accès aux permis de construire. Le système juridique et fiscal est perçu comme étant favorable aux entreprises, avec notamment un taux d’impôt sur les sociétés (IS) à 19 % (celui-ci devrait cependant augmenter de 6 pp en 2023, sauf pour les plus petites entreprises) et un droit du travail flexible.
Estimation du PIB 2022
L’économie britannique présente plusieurs déséquilibres. Le Royaume-Uni est particulièrement dépendant économiquement de sa capitale, la région du grand Londres concentrant 22,7 % de la création de la richesse nationale en 2019, et la production par habitant y étant 1,7 fois plus élevée que la moyenne nationale (rapport également de 1,7 entre l’Île-de-France et la moyenne française).
Surtout, le pays fait face à un déficit de productivité, avec une productivité par travailleur inférieure de 6 % à la moyenne de celle des pays du G7 en 2019, d’après l’OCDE. Cette situation résulte notamment d’un investissement faible et de dépenses en R&D inférieures à la moyenne européenne (1,8 % du PIB en 2019 contre 2,1 % pour UE et 3,1 % pour les Etats-Unis). En freinant les investissements, les incertitudes du Brexit auraient aussi limité les gains de productivité du pays. Une étude de la Banque d’Angleterre indiquait en août 2019 que le vote en faveur du Brexit aurait conduit à une baisse d’environ 11 % de l’investissement des entreprises britanniques et de 2 à 5 % de leur productivité en trois ans.
La crise du Covid a fortement affecté le Royaume-Uni, dont le PIB s’est contracté 9,8 % en 2020, une chute d’activité plus prononcée que chez ses voisins (pour plus d’informations, consultez la page « Conjoncture »). Le gouvernement a réagi promptement en annonçant, lors de la loi de finance de mars 2020, des mesures de soutien inédites, dont la création d’un dispositif de chômage partiel (furlough). En conséquence, le déficit public s’est profondément creusé pour atteindre 14,5 % sur l’année budgétaire 2020-21 et la dette publique a atteint 97 % du PIB, un niveau jamais atteint au cours des 60 dernières années. Les perspectives économiques sont optimistes pour 2021, le consensus des économistes anticipant désormais un rebond de croissance de l’ordre de 6,8 %. Les conséquences du Brexit restent cependant un facteur d’incertitude pour l’économie britannique et tendent à accroître les tensions actuelles sur le marché du travail et les chaînes d’approvisionnement.
A moyen terme, le gouvernement actuel s’est fixé deux objectifs ambitieux :
(1) réduire les inégalités régionales à travers le « levelling-up » : B. Johnson s’était engagé pendant sa campagne électorale à « niveler les régions par le haut », notamment en investissant massivement dans le Nord du pays. La crise déclenchée par le Covid, en dégradant considérablement les finances publiques, pourrait cependant contrarier ou retarder la réalisation de cette ambition ;
(2) assoir sa position internationale à travers la politique « Global Britain », qui se traduit, entre autres, par un agenda commercial bilatéral et multilatéral ambitieux. Le gouvernement britannique cherche ainsi à conclure des accords de libre-échange, notamment avec les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Inde, ainsi qu’à accéder à l’Accord de Partenariat Transpacifique et à entrer en négociation avec les pays du Golfe, le Mercosur et des pays d’Afrique.
Il a déjà signé des accords commerciaux de continuité avec le Japon en octobre 2020, le Canada en novembre 2020 et la Turquie en décembre 2020. Depuis sa sortie effective de l’Union européenne au 1er janvier 2021, le Royaume-Uni a conclu un accord de principe avec l’Australie le 15 juin 2021 et la Nouvelle-Zélande le 20 octobre 2021. Enfin, le 8 juillet 2021, le Royaume-Uni a conclu un accord de libre-échange avec la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.