C’est le message de l’ancienne Présidente d’Irlande Mary Robinson, qui a rappelé à ses 15 membres le travail inlassable accompli depuis près de 20 ans pour garantir leurs droits par des changements constitutionnels, législatifs et politiques.
ONU 8 septembre 2021
« Les droits des femmes ne sont pas des droits occidentaux », a-t-elle déclaré, s’adressant au Conseil en sa qualité de présidente des Elders (les Anciens), un groupe de leaders mondiaux œuvrant pour la paix et la justice à travers le monde, fondé par Nelson Mandela en 2007.
« Ce sont des droits humains fondamentaux, que les femmes se sont réappropriés conformément à leurs valeurs culturelles », a-t-elle ajouté.
La participation des femmes afghanes à la société est « non négociable »
Mme Robinson, également ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a appelé la Chine et la Fédération de Russie, en particulier, à encourager les Talibans à reconnaître que la participation des femmes à la société et l’éducation des filles sur un pied d’égalité avec les garçons, ne sont pas négociables et doivent être respectées.
« Collectivement, vous avez tous été investis d’un mandat puissant pour agir au nom des Nations Unies », a-t-elle rappelé. « Un Conseil uni et déterminé est plus que jamais nécessaire », a-t-elle ajouté.
Cette question était l’une des nombreuses questions soulevées par Mme Robinson et Lakhdar Brahimi, aîné émérite et ancien ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, qui a noté que le mandat des Nations Unies est de protéger les droits fondamentaux de tous les Afghans – y compris les femmes et les filles, les personnes déplacées à l’intérieur du pays, toutes les minorités et les défenseurs des droits de l’homme – des efforts qui nécessiteront le soutien du Conseil.
Exposant son point de vue sur la situation, il a rappelé que les tentatives de résistance dans la vallée du Panshir par l'[ancien] Vice-président afghan Amrullah Saleh et Ahmad Massoud, fils du commandant défunt Ahmad Shah Massoud, semblent avoir été vaincues le 5 septembre. Les Talibans exercent désormais un contrôle quasi exclusif sur le pays.
« L’Afghanistan d’aujourd’hui n’est pas l’Afghanistan que j’ai connu à la fin des années 1990 et de 2001 à début janvier 2004 », a déclaré M. Brahimi. « Dire que la situation humanitaire est désastreuse serait un euphémisme et les besoins sont des plus urgents », a-t-il fait valoir.
Paralysés et abandonnés
Pourtant, selon M. Brahimi, le flux d’aide s’est arrêté brusquement et l’inclinaison des donateurs est désormais d’abandonner l’Afghanistan, car les Talibans ont pris le contrôle du pays.
La plupart des membres de la communauté internationale ne souhaitent pas traiter avec les Talibans, et ne sont pas prêts à accorder une reconnaissance diplomatique au gouvernement que les Talibans sont encore en train de finaliser.
M. Brahimi a déclaré que si certains chefs talibans tentent de parler d’une seule voix, d’autres disent qu’ils reviendront aux pratiques suivies lors de leur précédent règne, après les attentats du 11 septembre contre les États-Unis.
D’autres encore disent qu’ils vont tendre la main à leurs opposants pour former un gouvernement véritablement inclusif. En attendant, M. Brahimi a déclaré que les institutions afghanes sont paralysées et que le peuple afghan est abandonné.
La famine, une « fatalité inéluctable »
« La famine et le désespoir apparaissent comme une fatalité inéluctable pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants », a-t-il ajouté.
Selon lui, « dans un premier temps et de manière extrêmement urgente, le Secrétaire général – agissant avec le plein soutien d’un Conseil de sécurité uni – devrait envoyer un représentant spécial à Kaboul pour entamer une discussion franche avec les dirigeants talibans ».
Un programme humanitaire crucial doit être mis en place, a-t-il ajouté, rappelant que les Talibans n’ont pas interféré avec le travail du personnel local après le retrait du personnel recruté au niveau international dans les années 1990.
La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) est plus que jamais nécessaire, a-t-il ajouté, proposant au Conseil de limiter le renouvellement prochain de son mandat à une prorogation technique de six mois afin de la renforcer pour la nouvelle phase à venir.