Nous sommes dans une course de fond, rien n’est jamais acquis pour personne. Ali Ibrahim, journaliste à Asharq al-Awsat a publié un post intéressant sur l’Egypte et la Turquie qui a stimulé ma réflexion en y incluant le Qatar, l’Arabie saoudite et le tireur de « ficelles » la CIA, dans une course de fond pour piloter la nation arabe.
L’Arabie saoudite a-t-elle déstabilisé l’axe Turquie, Egypte, Qatar ?
A ce jour certainement, mais pour combien de temps ? Mais surtout pourquoi ? Un des éléments qui me paraît important dans le post d’Ali Ibrahim est celui-ci : « les Egyptiens sont bien connus pour leur sensibilité par rapport à toute ingérence extérieure dans leurs affaires intérieures ». Ce propos la Turquie l’avait bien compris en appliquant le principe de «zéro problème avec les voisins» philosophie formulée par Ahmet Davutoğlu, ministre des Affaires étrangères de la Turquie. Les récents dérapages d’Erdogan qui a oublié la modestie du pouvoir montre que tout peut changer. L’émir Hamad et son premier ministre HBJ pressé par le temps avaient créé quelques crispations sans aller au clash. Ce nouvel axe avait en commun une « liaison » avec les frères musulmans. L’Arabie saoudite et la CIA américaine ont œuvré pour des intérêts différents à déstabiliser ce trio qu’ils ne maitrisaient plus assez et qui prenait des initiatives, jugées malheureuses notamment en Syrie. Les « frères » payent à la fois un manque de programme économique avec des « résultats rapides », mais surtout le fait qu’ils soient le lien de quelques pays de la « nation arabe ».
Dans une course de fond il faut contrôler les concurrents
L’Arabie saoudite a décidé de revenir à la première place de la course de fond du monde arabe. Elle n’a pas pris assez au sérieux le « coureur » Qatar, le sous estimant à tort. Et quand le Qatar en lien avec les « frères » ont décidé de prendre le pouvoir dans plusieurs pays de la zone Mena, ils ont souri, mais pas pour longtemps. L’axe Egypte Turquie Qatar n’était pas seulement un axe économique mais politiquement, une base de la création d’une zone arabe et non ottomane, avec des liens communs certes hétéroclites mais avec le temps cela aurait pu prendre. En revenant dans la course, l’Arabie saoudite a fait « sauter cet axe » pour l’instant.
La CIA continue ses grenouillages, on espère seulement qu’ils se parlent entre services.
L’Arabie saoudite ne quitte plus des yeux les « coureurs de fonds Turquie et Qatar ».
Quant à l’Egypte il manque cruellement d’un leader, un plan économique et un rassemblement national. Et ce n’est pas le propos du général Sissi « J’appelle tous les Egyptiens honnêtes à descendre dans la rue vendredi pour me donner mandat pour en finir avec la violence et le terrorisme« , qui avait arranger les choses. La démocratie avance mais elle prend des chemins tortueux.
Le nouvel Emir du Qatar, Tamim, a compris une chose capitale, en politique ce n’est pas comme en affaires, moins vous êtes visible plus vos « coups peuvent être ajustés ».