Les émeutes de juin1848 à Paris portaient sur la lutte contre la misère, la révolte des Gilets jaunes à partir du 17 novembre 2018 porte sur la crainte de tomber dans la misère.
Le nombre de pauvres a augmenté d’un million de personnes entre 2005 et 2015.
La France comptait 8,8 millions de pauvres en 2016, selon l’Insee. En d’autres termes, 8,8 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire – qui s’élève à 1026 euros par mois – en 2016. L’Insee indique que le nombre de pauvres a augmenté d’un million de personnes entre 2005 et 2015.
La crainte de cette pauvreté est à la base de la lutte des Gilets jaunes. C’est l’expression notamment de Jacline Mouraud initiatrice avec d’autres de ce mouvement, indignée par ce qu’il se passe autour d’elle. Elle indiquait à Ouest France « Cette vidéo est née d’un coup de colère, d’un ras-le-bol. J’ai voulu passer un message le jour où ils ont parlé des péages à l’entrée des grandes villes. Puis tout le reste s’est ajouté.»
Il est intéressant de faire un certain parallèle avec ce qui s’est passé pendant les émeutes de juin 1848 à Paris.
François Arago, alors ministre, malgré son âge, alla au-devant des émeutiers, dès les premiers incidents. Sur la place du Panthéon, il se rendit au-devant de la barricade qui barrait la rue Soufflot et il tenta de les raisonner. Le dialogue s’installa difficilement. Un émeutier l’interpella : « Monsieur Arago, vous êtes un bon citoyen. Nous sommes pour vous pleins de respects, mais vous n’avez pas le droit de nous faire des reproches. Vous n’avez jamais eu faim. Vous ne savez pas ce que c’est la misère. » Ces paroles s’adressait au seul membre de la Commission qui avait au contraire souffert de la misère à Rosas, et qui, également par ses origines, pouvait le mieux comprendre la misère.
Les émeutes de juin 1848 se sont terminées par des milliers de morts, souhaitons que la poudre ne parle pas dans les émeutes de fin 2018.
Marx écrivit plus tard à propos de ces événements de 1848 qui préfigurèrent la Commune : « Les représentants officiels de la démocratie française étaient tellement prisonniers de l’idéologie républicaine qu’il leur a fallu plusieurs semaines pour commencer à soupçonner le sens du combat de juin. Ils furent comme hébétés par la fumée de la poudre dans laquelle s’évanouissait leur république imaginaire. »
Une certaine ressemblance est à déplorer avec nos gouvernants de 2018.