La visite du Premier ministre éthiopien à Doha a surpris tout le monde.
Une visite de poids pour Doha
Pourquoi Addis-Abeba a besoin de marquer sa distance avec Riyad et choisit- elle Doha ? Plus d’un observateur se pose la question.
Toute visite au Qatar est scrutée avec attention, surtout lorsqu’un pays africain de l’importance de l’Ethiopie fait le voyage. La crise initiée le 5 juin 2017 contre le Qatar avait comme objectif d’isoler Doha, c’est loin d’être une réussite. Alors, à Riyad, la visite du premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn passe mal. Sans compter, que comme le rapporte RFI, l’Ethiopie dit haut et fort que personne ne lui dicte sa conduite. Tout cela ressemble fort à une provocation dont le but est bien de glaner quelques subsides, pour maintenir à un haut niveau le circuit économique éthiopien, grâce à des investissements qataris dans les secteurs de la santé et l’agriculture. Le comble, Addis-Abeba demande au qatariens l’ouverture d’un bureau d’Al Jazeera, au moment où l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis demandent sa fermeture totale.
Si par le passé, Doha était accusé d’apporter son soutien aux rebelles anti-éthiopiens, tout ceci a été balayé. Aujourd’hui ce sont bien les Emirats arabes unis qui sont dans le collimateur d’Addis-Abeba. Le Groupe de contrôle du Conseil de sécurité de l’ONU du mois de novembre 2017, soutient que la construction et l’agrandissement permanent d’une base militaire des Émirats arabes unis à proximité de la ville portuaire d’Assab (Érythrée), qui donnent lieu au transfert de matériel militaire vers l’Érythrée et des échanges d’assistance militaire, constituent une violation de l’embargo sur les armes.
Comme les saoudiens se font tirer l’oreille pour investir en Ethiopie et comme les Emirats arabes unis pourraient aider les rebelles anti-éthiopiens, alors Addis-Abeba pousse la porte du Qatar et espère un retour. Même si les moyens qataris sont tendus, il est probable qu’ils trouveront quelques centaines de millions pour aider un pays où la croissance frôle les 10 %. Le Qatar ne manquera pas l’occasion de faire râler les saoudiens et émiratis et cela le Premier ministre éthiopien le sait.
Et puis, le Qatar ne désespère pas de renouer quelques contacts avec Djibouti en utilisant l’Ethiopie, élément clé de l’économie djiboutienne…
Le premier ministre éthiopien est pragmatique et que la menace erytreenne ne est pas plus menaçant que le risque de implosion par effet de soulèvement des oromo à court terme et le régime Érythréen a plus peur de son peuple que le Éthiopie