Le commando qui conduit le Qatar a une telle souplesse de décision que personne ne peut prévoir de quoi il est capable.
Le Qatar se sert de la Russie pour brouiller les pistes
Ce 28 octobre 2017 au matin, je lis un article sur le Qatar écrit par un journaliste français qui résume le conflit entre le quartet des boycotteurs et les qatariens par « une simple jalousie ». Cela montre à quel point en France on ignore ce qui se passe dans le Golfe ou alors, il est possible que cela participe à la volonté « d’aider le Qatar ».
La crise entre l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte contre le Qatar a des fondements bien plus profonds qu’un simple accès de jalousie. L’un de ces fondements est l’imprévisibilité des dirigeants de ce pays. Le commando qui conduit le Qatar a une telle souplesse de décision que personne ne peut prévoir de quoi il est capable. Ils cultivent la fourberie à un tel niveau qu’avant de découvrir leur destination vous voyez le train passer plusieurs fois.
C’est à l’exemple du comportement des qatariens avec la Russie. Le ministre des Finances du Qatar, Ali Shareef Al Emadi participait à la 7ème édition de la conférence « Russia Calling! » à Moscou. Devant des délégations de plus de 60 pays, il n’a pas hésité à parler du renforcement des relations économiques entre son pays et la Russie, alors que le Qatar vient de se désengager partiellement, il y a quelques semaines, du géant russe Rosneft. Entre ce que disent les dirigeants du Qatar et la réalité il y a un tel gouffre qu’ils finissent par perdre toute crédibilité. C’est un des éléments reproché à l’émir actuel et à son commando autour de lui.
Le Qatar se sert de la Russie, en mettant en avant des relations militaires que chacun qualifie de « nouvelles » alors qu’un accord existait entre ces deux pays, depuis septembre 2016. En gardant secret le contenu, ces deux pays peuvent aujourd’hui tout se permettre en matière militaire, jusqu’à imaginer une nouvelle base militaire sur le territoire qatarien. Cela peut vous paraître insensé ? Certes, mais c’est bien là le drame, si vous êtes un des voisins du Qatar, vous pouvez vous réveiller un matin avec un de vos adversaires à quelques kilomètres de vos frontières.
L’ancien premier ministre du Qatar HBJ indiquait récemment qu’auparavant les problèmes se réglaient entre pays participants au Conseil de Coopération du Golfe, ceci était globalement vrai. Toutefois, cela repose sur le respect des engagements pris, or parmi les nombreux reproches fait au jeune émir du Qatar, il y a celui de ne pas tenir ses engagements. Il n’est pas étonnant que lorsque la confiance a disparu les difficultés à s’entendre se multiplient. Les dirigeants qatariens passent tant de temps dans les brouillards londoniens qu’ils ont fini par l’emporter chez eux.