En sollicitant l’ONU, encore une fois l’émir Tamim perd du temps et prend une mauvaise décision, les qatariens finiront par se fatiguer et se retourneront contre lui à terme.
Si l’ONU est aussi efficace au Qatar qu’au Yémen la crise va durer des années
Le calendrier de la crise dans le Golfe persique initiée par l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte contre le Qatar n’est pas le même pour les deux parties.
Le Qatar dit à haute voix de partout qu’il peut tenir bon, face à la bande des 4 boycotteurs, un temps indéfini. Mais la réalité est peut-être un peu différente notamment au niveau économique. Cette crise modifie pour le Qatar de nombreux projets et des secteurs entiers de l’économie sont sous pression comme l’alimentaire, le tourisme ou les transports aériens. En matière de ressources humaines, les grands expatriés, qui ont l’habitude de courir la planète économique, s’interrogent pour savoir s’il faut aller au Qatar à l’avenir ? Bref, au-delà des mots et des opportunités qui existent parfois au Qatar, comme le soutien des qataris à leur dirigeant, cette crise commence à leur coûter cher.
Il n’est pas étonnant que malgré les efforts, des européens ou des américains et d’autres, pour mettre fin à cette crise, elle continue de plus belle et n’est toujours pas à l’abri d’une provocation qui pourrait la transformer en conflit ouvert, les autorités qatariennes viennent de saisir l’ONU pour tenter une médiation. Or, Si l’ONU est aussi efficace au Qatar qu’au Yémen, la crise va durer des années.
Le calendrier joue contre le Qatar
Le problème pour le Qatar, c’est qu’il a du mal à intégrer deux choses pourtant simples.
En premier lieu, le calendrier de la bande des 4 boycotteurs n’est pas le même que le Qatar. Ils ont le temps qui joue pour eux, surtout que le Qatar ne se donne pas tous les moyens de les contraindre à revoir leurs positions. A ce jour, malgré le boycott, le Qatar continue à fournir du gaz tant aux Emirats arabes unis qu’à l’Egypte, il y a deux façons d’interpréter cette décision qatarie. La première, le Qatar essaie de prendre de la hauteur par rapport à ses adversaires et éviter un durcissement du conflit et la seconde vue par les boycotteurs, une marque réelle de la faiblesse qatarienne.
En second lieu, après avoir signé l’accord contre le financement du terrorisme avec les américains, le Qatar n’avance aucune autre proposition comme sur la ligne éditoriale d’Al Jazeera ou la limitation de la base turque sur le sol qatari… Le Qatar croit en avoir assez fait alors qu’en face la bande des 4 en espère un peu plus.
Combien de temps les qataris vont-ils soutenir leur émir ?
L’émir du Qatar devrait comprendre que le jeu du super résistant a ses limites.
En observant ce dirigeant depuis plus de 4 ans, je sais qu’il est très mal conseillé et a surtout du mal à imaginer le futur. Un simple exemple pour vous montrer ses limites.
Un français, entrepreneur est emprisonné depuis septembre 2013 à Doha, alors qu’il n’a pas eu un procès équitable et surtout qu’il est accusé de chèques sans provisions alors qu’il a été grugé par un qatari qui possédait 51 % de son entreprise. L’émir Tamim bin Hamad al Thani est parfaitement au courant de cette affaire qui mobilise depuis des années quelques milliers de personnes qui attendent la libération de ce père de famille français.
Et pourtant, presque 4 ans plus tard, l’émir Tamim a été incapable de comprendre à quel point une affaire de la sorte porte préjudice à son pays auprès du peuple français. Il sait qu’il a le soutien de la plupart des politiques français qui ont montré une fois de plus leur manque d’intérêt pour leurs concitoyens à l’étranger, pire une attitude inacceptable de la diplomatie française. L’émir vivant en vase clôt, est conseillé par des incapables qui ont conduit le Qatar dans cette crise annoncée dans le Golfe persique. Il montre les limites de sa capacité à anticiper les événements et à prendre les décisions dans l’intérêt de son pays. Lorsque sur des sujets aussi simples que l’affaire Marongiu, l’émir est incapable de prendre la bonne décision, on ne peut qu’être inquiet pour l’avenir du Qatar.
Il est fort probable que le soutien dont il dispose aujourd’hui auprès de la population et qui a été mis en scène par ses équipes, ne durera pas toujours. Les qatariens las des tracas quotidiens et financiers, finiront par rejeter celui qui n’est pas capable de les faire vivre en bonne harmonie avec leurs voisins, et trop éloigné du quotidien. Ils remettront en question son rôle de dirigeant, ce que veut avec force la bande des 4 boycotteurs qui ont déjà leur champion, un autre Al Thani, pour le remplacer.