On pourrait presque croire que tout va bien au Qatar et pourtant la crise s’installe dans la durée.
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre
En lisant Doha News ce matin qui parle du nouveau chenil de la SPA qatarienne (QAWS), on pourrait croire que le boycott du Qatar est derrière nous et pourtant, tout reste à faire.
Rex Tillerson s’active, en faisant pression sur les ambassadeurs saoudien et émirati aux USA, pour qu’ils œuvrent à une levée du blocus du Qatar, mais pour l’instant ces deux pays restent sourds aux demandes du Secrétaire d’état américain. Comment pourrait-il en être autrement quand on voit qu’ils rajoutent encore une liste, aux listes de « terroristes » déjà signalés impliquant pour tout ou partie le Qatar. Et de nouveau les autorités qatariennes rejettent cette nouvelle liste ne se disant pas concernés.
Dialogue de sourds parce que chacun ne veut pas entendre l’autre partie. En signant un accord avec les américains sur la lutte contre le terrorisme et en laissant une petite équipe de l’administration américaine s’installer sur leur sol, pour vérifier le travail des services qatariens, le Qatar croyait avoir tourné la page du « terrorisme ». Mais les saoudiens et émiratis et Cie font comme si cet accord n’existait pas et forcent à nouveau le trait pour «taper médiatiquement» sur le Qatar.
Une crise mal préparée ne peut pas se terminer intelligemment. Malgré les médias qui s’efforcent d’expliquer les demandes des boycotteurs cela ne fait pas avancer la solution car la rédaction de ces demandes met en cause globalement la souveraineté du Qatar.
Le Qatar qui fait plus que résister ne peut pas laisser ce boycott se poursuivre sans prendre de nouvelles initiatives. Au-delà de la comédie médiatique où il excelle, il doit montrer au monde qu’il entend les craintes de ses adversaires et mettre en œuvre des réformes rapides qui permettront de « saborder » ce blocus moyenâgeux.
Le premier acte de portée symbolique est le changement de ligne éditoriale d’Al Jazeera. Cette télévision qatarienne à vocation internationale ne peut pas continuer à être seulement une chaîne militante. Force est de constater que depuis des années sa chute d’audience se confirme car elle devient moins crédible. Ce n’est pas la farce qui s’est déroulée à Doha, où de nombreux organismes journalistiques ont apporté leur soutien à Al Jazeera que cela changera le fond de cette affaire. Oui, Al Jazeera doit vivre mais pas avec son contenu actuel !
Si le Qatar n’est pas capable de faire ce type de réforme, il doit se préparer à un conflit sans fin qui lui coûtera bien plus cher que de remodeler un peu son ego.