Le Qatar est contraint de précipiter un conflit localisé avant d’être asphyxié économiquement ou que l’émir Tamim bin Hamad al Thani soit victime d’un attentat.
Rex Tillerson a encore quelques heures voire quelques jours pour réussir à ouvrir des négociations dans le Golfe
Les 13 conditions « non négociables » et pour la plus part irréalistes touchent à la souveraineté du Qatar. Accepter ces conditions c’est admettre la fin de l’état du Qatar et ceci est non négociable pour les qatariens. Si les US n’arrivent pas à mettre autour de la table des négociations les différents protagonistes, dans quelques jours il y aura à la frontière terrestre avec l’Arabie saoudite, une provocation émanant des qataris pour déclencher un conflit militaire localisé. Ceci a comme objectif d’obliger clairement les autres pays à se positionner. Le Qatar pourra faire appel, invoquant une atteinte à sa sécurité nationale, à ceux qui ont des accords militaires avec lui pour assurer sa défense. Pour le Qatar il n’est pas possible de continuer avec ce blocus partiel qui pourrait encore se durcir. Malgré les « fanfaronnades habituelles du Qatar » la situation économique viendrait rapidement à se dégrader.
Trois éléments qui permettent de comprendre l’inévitable conflit
- Les agences de notations internationales pourraient encore dégrader la note du Qatar si aucune issue n’est prévisible. Ceci produira un effet « boule de neige » comme on le voit avec la défiance par rapport au riyal qatarien. Notons que dans le milieu des expatriés le Qatar perd de l’attractivité par manque de sécurité et par la baisse des revenus.
- La négociation du Japon pour ses livraisons de gaz, client N° 1 du Qatar. Alors même que le contrat en cours se termine en 2020, le Japon presse le Qatar d’arriver à un autre contrat dans les meilleurs délais mais à des conditions plus avantageuses. L’élément d’insécurité qui n’existait pas pourrait obliger le Japon à partager ses approvisionnements en deux, tout en obtenant un prix nettement plus bas. Pour le Qatar c’est le pire des scénario, les conséquences seraient graves tant pour ses revenus que sa solvabilité globale. Les agences de notations se verraient alors dans l’obligation d’en tirer les conséquences.
- Le point capital de ce conflit. La direction du Qatar par l’émir Tamim bin Hamad al Thani. Avant 1995 le Qatar était sous l’influence totale de l’Arabie saoudite. Puis Hamad al Thani renversa son père et le Qatar non seulement pris son envol mais engageât un bras de fer pour le leadership dans le Golfe et au Moyen Orient. Les printemps arabes furent le point d’orgue mais aussi la limite du supportable pour les saoudiens et les émiratis. Pesant sur Obama, ces deux états demandèrent au président américain de destituer Hamad et le remplacer par Tamim son fils, apparemment plus proche de la ligne saoudienne. Si Tamim en début de règne, en 2013, donnât quelques signes d’apaisement, la mort du roi Abdallah d’Arabie et l’arrivée au pouvoir du roi Salman et celle de son fils Mohammad comme ministre de la défense et deuxième prince héritier, a fini par convaincre Tamim que son père avait raison de se méfier des saoudiens. Ce qui complique encore plus la situation et le fait que Mohammad bin Salman, devenu depuis quelques jours le seul prince héritier, est sous influence du pire ennemi de la famille de Tamim al Thani, nous voulons parler du prétendant au trône d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed Al-Nahyan.
Les prétendues 13 conditions ont été rédigées de façon à être « non négociables ». Tamim bin Hamad al Thani l’a bien compris. L’objectif principal, comme nous l’avions signalé dès les premiers jours de ce conflit est de remplacer l’actuel émir du Qatar par quelqu’un qui remettrait le Qatar à la place que souhaitent ses voisins, comme avant 1995, aligné en toute occasion sur l’Arabie saoudite. Tamim bin Hamad al Thani l’a si bien compris qu’il est très peu visible, pouvant être l’objet d’un attentat et qu’il ne s’éloigne plus de son pays car il pourrait être destitué, comme le fut son grand-père. Il n’est donc pas étonnant qu’il vienne d’annuler son voyage officiel en France qui devait avoir lieu le 6 juillet 2017 comme le précise Christian Chesnot dans un de ses tweets.
La montre joue contre Tamim al Thani, émir du Qatar, il est contraint de précipiter un conflit avant d’être asphyxié économiquement ou d’être victime d’un attentat.