En dépit de ses atouts non négligeables, le petit État de Djibouti, connaît, avec le pouvoir en place, sous-développement économique, misère sociale généralisée et verrouillage politique, ce qui est lourd de risques pour le pays lui-même comme pour ses intérêts.
Hassan Saïd Khaireh l’ombre du président IOG
L’actuel chef d’état de Djibouti Ismael Omar Guelleh dit IOG est l’ancien patron des services secrets djiboutiens. Lorsqu’en mai 1999 il accède au pouvoir avec le titre de président de la République, il laisse le SDS (service de documentation et de sécurité) à celui qui va devenir son ombre, Hassan Saïd Khaireh. Ces deux hommes autoritaires vont mettre la République de Djibouti au carré.
L’accession au pouvoir de IOG est surtout dû à la lignée généalogique qu’il partage avec l’ancien président Gouled, dont il est le neveu. Ce dernier n’ayant pas un fils ou fille héritier(e), lui a transmis le pouvoir, en allant à l’encontre des quelques réticences de la France qui avait une certaine appréhension à confier le règne du pays à un homme « imprévisible, » selon les notes des services secrets français.
Si sous Gouled, le pays était relativement discret à part quelques exploits sportifs d’un certain Ahmed Saleh, le marathonien djiboutien plusieurs fois médaillé. Sous IOG le pays a disparu de la carte du monde à part dans les registres judiciaires. Chacun se souvient par exemple de l’affaire Borel, ce juge français assassiné à Djibouti le 18 Octobre 1995. Une affaire d’Etat qui après moult rebondissements, garde encore secret et n’a pas donné son verdict. Cette affaire a montré également les liens incestueux entre la France et Djibouti.
Quarante ans après son indépendance quel est le sort de Djibouti ?
En 2015, par une note publiée par la Fondation Jean Jaurès, l’analyste Paul Roba détaille les forces politiques en présence, dominées par un pouvoir autoritaire, et les enjeux géostratégiques et diplomatiques de Djibouti. Ce qu’il faut en retenir « En dépit de ses atouts non négligeables, le petit État de Djibouti, connaît, avec le pouvoir en place, sous-développement économique, misère sociale généralisée et verrouillage politique, ce qui est lourd de risques pour le pays lui-même comme pour ses intérêts. »
En plus du mode de vie patriarcal de la société djiboutienne, le régime installe une culture d’obéissance et de discrétion, veillée au grain par un service secret omniprésent et omnipotent, le SDS (service de documentation et de sécurité) de Hassan Saïd Khaireh. A l’intérieur, tout est verrouillé. La société civile est cadenassée avec les allers et retours des jeunes qui s’expriment un peu trop sur les réseaux sociaux. Le pays a une radio et une télévision aux ordres du président. Les partis sont clonés ou tout simplement interdits par des décrets présidentiels. En matière syndicale, l’OIT (Organisation international de Travail) vient de se saisir une commission d’enquête qui sera envoyé prochainement, pour savoir l’état des syndicats djiboutiens proches du pouvoir. Une République djiboutienne sans corps intermédiaires, c’est une vision particulière de la démocratie.
Combien de temps les hommes fort du pouvoir pourront tenir le pays ? L’opposition s’organise tant à l’intérieur qu’à l’étranger, le pouvoir la pourchasse dans le monde entier, mais les inégalités sont telles que tout peut exploser à tout moment.
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