Le Qatar vit la suite de la crise de fin 2014, il avait à l’époque lâché du lest sur le Hamas et la Confrérie, mais apparemment cela ne suffit pas. Qui est à la manœuvre, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’administration américaine ou les trois parties ?
Un timing qui n‘est pas dû au hasard
A quelques heures du Ramadan, le Qatar se retrouve dans un cauchemar dont les prémices étaient annoncées.
Quelques jours avant le voyage de Trump à Riyad en Arabie saoudite, une campagne sans précèdent avait été engagée sur le sol américain contre le Qatar. Les mauvaises langues attribuent ces événements aux Emirats Arabes Unis qui par le passé avaient déjà effectué du lobbying contre le Qatar aux US.
Et puis Trump s’est rendu en Arabie saoudite avec des contrats militaires mirifiques dépassant les 100 milliards de dollars. Au-delà de la garantie d’une aide militaire américaine en cas de conflit, les saoudiens ont fait valoir quelques revendications. En haut de la liste presque au même niveau que l’Iran, les saoudiens, à la demande expresse des Emirats Arabes Unis, ont demandé l’abandon du soutien officieux des américains aux Frères Musulmans et la mise au pas du Qatar.
Qu’a promis Trump, difficile à dire ? Chacun sait que dans la vision du président américain, le Hamas est un élément déstabilisant dans le conflit israélo – palestinien et les liens entre cette organisation et le Qatar sont connus. Alors faut-il s’étonner que comme fin 2014, les saoudiens et les émiratis et leurs satellites dont l’Egypte mettent la pression sur le Qatar pour qu’il coupe tous les ponts avec le Hamas ?
Chacun se souvient que les liens entre le Hamas et le Qatar durent depuis longtemps. La Charte du Hamas indique clairement qu’il est en tant que « Mouvement de la Résistance Islamique, une aile des Frères Musulmans.» Le Qatar va-t-il rejoindre le trio « exterminateur » et participer à la chasse « aux Frères Musulmans donc aussi au Hamas » ? Le lien entre les deux entités est clairement décrit et l’émir actuel du Qatar connait le texte : « The Islamic Resistance Movement is one of the wings of the Muslim Brothers in Palestine. The Muslim Brotherhood Movement is a world organization, the largest Islamic Movement in the modern era. It is characterized by a profound understanding, by precise notions and by a complete comprehensiveness of all concepts of Islam in all domains of life: views and beliefs, politics and economics, education and society, jurisprudence and rule, indoctrination and teaching, the arts and publications, the hidden and the evident, and all the other domains of life… »
Le Qatar vit la suite de la crise de fin 2014, il avait à l’époque lâché du lest sur le Hamas et la Confrérie, mais apparemment cela ne suffit pas. Certains qatariens doivent s’interroger, ont-ils eu raison d’accepter les conditions de certains membres du CCG en particulier l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis. Quelle confiance peuvent-ils accorder à ce président américain ?
Sur la forme, trouver prétexte d’un piratage de QNA et se servir de propos à l’évidence que l’émir Tamim n’a pu tenir, pour continuer à accuser le Qatar, alors même que ces propos tenus par des pirates ont été dénoncés par les autorités qatariennes, nous laissent à penser que certains attendaient ce moment. Nul doute, ni les saoudiens, ni les émiratis ne sont derrière ce piratage, ni d’ailleurs les américains, mais ce ne sont pas « les officines spécialisées » qui manquent pour faire ce sale boulot bien rémunéré.
Et même si le Qatar lâche le Hamas est-ce pour autant la fin des péripéties ? Il est fort probable que sous peu on demande au Qatar de renoncer à la base turque dans les environs de Doha. Qui peut imaginer que les saoudiens et les émiratis mettent dehors les Frères Musulmans du CCG pour les voir revenir par une fenêtre turque.
Comme j’indiquais ce matin à un expert du Qatar, « en ce moment dans le Golfe c’est du n’importe quoi.»