Les qatariens aiment la chasse. Au niveau économique, chassent-ils toujours en solo ?
Du Maroc à Azerbaïdjan
Cette semaine nous avons attiré l’attention sur la poursuite des investissements qatariens au Maroc avec le financement d’un des plus importants barrages sur les 7 en construction dans les provinces de Guelmim et Sidi Ifni.
Pour la deuxième fois le président de l’Azerbaïdjan vient à Doha pour rencontrer les dirigeants qatariens afin de renforcer leurs liens économiques et culturels. L’Azerbaïdjan et le Qatar ont de nombreux points communs notamment l’exploitation des hydrocarbures et leur poids dans le budget de l’état. La chute brutale des prix du pétrole et du gaz a contraint ces deux pays à accélérer leur diversification économique. C’est le sujet essentiel de cette rencontre au sommet entre le président Ilham Aliyev et l’émir Tamim al Thani.
En ce début mars nous avons la publication de la population du Qatar à fin février 2017. Les autorités de ce pays ne publient pas le nombre de qatariens au sein de la population totale, ce qui nous a obligés à un important travail de recherche pour donner un chiffre crédible. Sur une population de 2 673 022 habitants à fin février 2017, les qatariens sont au nombre de 295 367.
Une population qatarienne qui découvre les joies de la taxation des carburants pour venir au secours du budget de l’état. Comme les autres pays, le Qatar ponctionne ses habitants pour combler le trou du déficit de l’état en augmentant les prix des carburants. Une nouvelle source inépuisable pour remplir les caisses de l’état.
Le cas de Précision Capital
Le point central de cette semaine est pour nous, l’enquête en cours sur une entreprise à capitaux qatariens ayant son siège social au Luxembourg Précision Capital. Tout a commencé quand l’émir lui-même a reçu une délégation de la banque BNP Paribas conduite par Jean Lemierre, Chairman, ce n’est pas par hasard, les liens entre le Qatar et cette banque sont historiques. Une information avait attiré notre attention, quelques jours plutôt, KBL European Private Bankers, établissement contrôlé par la famille régnante au Qatar, a annoncé mardi que sa filiale néerlandaise Theodoor Gilissen allait racheter Insinger de Beaufort, filiale à 63% de BNP Paribas, en vue d’une fusion entre égaux des deux plus vieux noms de la banque privée aux Pays-Bas.
Or, KBL European Private Bankers est une filiale de Precision Capital appartenant à la famille de l’ancien premier ministre du Qatar « HBJ », le Sheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr AL-THANI. Cette société avait indiqué en son temps : « Precision Capital n’est pas un fonds souverain qui représente les intérêts du gouvernement qatari mais une société privée installée à Luxembourg et réglementée par la CSSF (Commission de Surveillance du Secteur Financier) et la Banque centrale européenne. Il est la propriété privée d’une grande famille du Qatar. Les actionnaires finaux de Precision Capital incluent un nombre limité de membres de cette famille qui ont investi dans KBL epb et BIL en tant qu’investisseurs privés. En conséquence, il n’y a aucun lien entre Precision Capital/ KBL epb/Puilaetco Dewaay et le gouvernement du Qatar. »
La visite du Chairman de BNP Paribas à l’émir du Qatar, au moment où elle vend une de ses sociétés à un illustre homme d’affaires qatarien, HBJ, est-elle le hasard du calendrier ou une demande d’explication ? On ne peut s’empêcher de se poser cette question ?
L’autre question qui nous vient à l’esprit est de savoir si les qatariens qui aiment la chasse, au niveau économique, chassent-ils toujours en solo ? Ceci est une autre histoire dont nous parlerons. En attendant nous poursuivons notre enquête sur la stratégie financière de cette illustre qatarien, HBJ qui est parti à la conquête des banques européennes. Il est intéressant de noter que nous ne sommes pas seuls à suivre le parcours de HBJ. Récemment plusieurs personnes nous ont appelées depuis Londres pour échanger sur la solidité économique de ce brillant homme d’affaires qatarien.
En conclusion provisoire, trop souvent les médias mélangent les affaires privées de particuliers qataris avec l’état du Qatar lui-même, un jeu qui pourrait se retourner contre ce pays, si un de ces particuliers faisait mauvaise fortune.