Dans un régime autoritaire comme le Qatar, les corps intermédiaires indépendants peuvent- ils exister ?
L’état particulier du Qatar
Il y a quelques semaines les plus hautes autorités du Qatar ont décidé de privatiser l’essentiel du secteur de la santé afin de le rendre plus efficace, selon eux. La gestion du coût global de la santé confié au secteur privé peut dans un premier temps conduire à des économies, mais à moyen et long terme il devient avant tout une source de revenus pour ceux qui pratiquent la chrématistique et ils sont nombreux dans ce pays et à l’échelle de la planète.
Bien sur l’état qatarien veillera globalement au bon fonctionnement du secteur de la santé, mais la population tant des qataris que des nombreux expatriés, aura tout intérêt à susciter la création de corps intermédiaires indépendants pour se défendre, face à des multinationales dont l’objet premier et l’enrichissement.
La question qui se pose est de savoir si dans un régime autoritaire comme le Qatar, les corps intermédiaires indépendants peuvent exister ?
Le Qatar pour l’instant apporte une réponse à la qatarienne. Des corps intermédiaires existent mais ils sont souvent sous l’emprise des autorités dirigeantes du pays, comme le syndicalisme, les droits de l’homme et autres. Même sur un sujet comme la téléphonie qui touche tous les résidents du Qatar, la seule véritable possibilité de contester un désaccord avec un des opérateurs est l’autorité de régulation des communications (CRA). Un article de Doha News de ce jour explique le comportement de cette autorité et montre bien que les habitants du Qatar n’ont pas réellement la possibilité de défendre leurs intérêts. Il manque un échelon entre les entreprises privées et l’autorité de régulation des communications. En outre l’état ne peut tout vérifier en permanence.
Faire confiance à sa population
Lorsqu’on regarde le niveau de scolarisation au Qatar, en particulier universitaire, on voit que ce pays se classe sur le haut du panier, non seulement du Golfe mais aussi au niveau mondial. Il est probable que le problème de maturité n’est pas au sein du peuple qatarien qui s’exprime souvent par le moyen des réseaux sociaux, outil moderne de communication. Le problème de maturité touche sans doute les élites du pays qui n’ont pas l’habitude d’expliquer leur comportement et leurs actions, en somme de rendre compte au peuple. Les dirigeants du Qatar préfèrent infantiliser leur peuple au lieu d’affronter leur opinion. Dans le cas des opérateurs téléphoniques une organisation de consommateur serait bien utile.
Non seulement dans un pays autoritaire qui se veut moderne, il y a nécessité à l’existence de corps intermédiaires indépendants, sans pratiquer l’angélisme, mais cela pourrait s’avérer efficace pour le bon fonctionnement du pays.