De l’émir Hamad à François Hollande

Monarque absolu du Qatar ou président de la République Française, quand l’heure est venue de quitter le pouvoir, on vit un grand moment de solitude, mais la continuation de l’Etat, d’une famille régnante ou d’un parti politique, oblige à dépasser son ego.

Hamad et François ont été entrainés dans une autre histoire que la leur

Hier soir, 1er décembre 2016, il y avait de l’émotion dans la voix quand François Hollande a annoncé qu’il ne postulerait pas à un nouveau mandat de président de la République Française. Témoin attentif de l’histoire qui se déroule sous nos yeux, cela m’a rappelé le départ de l’émir Hamad fin juin2013 au Qatar. Si la situation et les raisons sont différentes, le résultat est le même.

Voilà deux hommes, Hamad al Thani et François Hollande à l’égo surdimensionné qui ont su trouver en eux la force nécessaire pour assurer la continuation de l’Etat, d’une famille régnante ou d’un parti politique. Quelques heures avant l’annonce publique, ces hommes ont vécu un grand moment de solitude, il n’ait pas aisé de venir avouer son échec face à sa nation.

Valls Hollande

Si Hamad a été prié de partir à cause des pressions extérieures, il a été assez lucide pour comprendre qu’il ne disposait pas à l’intérieur du Qatar du soutien pour braver les saoudiens et les USA. François Hollande paye quant à lui son manque de clairvoyance, élu pour mettre la barre à gauche, il s’est laissé entrainer dans un couloir sombre de l’histoire qui a été perçu comme une trahison. Pire encore, jusqu’à quelques mois de cela, il pensait être assez malin pour incarner un courant qui embrassait la droite et la gauche, ce qui me faisait écrire « les deux grands partis politiques français ont perdu leur originalité ».

Le point commun entre Hamad et François est leur paresse intellectuelle, ils n’ont pas su se projeter dans le futur et ont été entrainés dans une autre histoire que la leur.

 

Même dans l’adversité il faut garder un certain panache

Les deux premiers ministres qui ont accompagné Hamad et François portent sans doute une grand part de l’échec. HBJ pour Hamad et Valls pour François ont conduit l’émir et le président dans une impasse. En France l’heure n’est plus à gouverner dans la confusion d’un mélange droite ou gauche mais à redécouvrir les vertus de deux visions qui s’affrontent. Le manque de réussite de Sarkozy et de Hollande nous contraint tous à un retour en arrière politique. Pour cela, la droite vient de se doter d’un champion qui ose parler de privatisation comme la « sécu » et des entreprises à capitaux d’état. La gauche qui aura une change d’être au deuxième tour des élections à la présidentielle en France est celle qui aura le courage de réinventer quelques des solutions diamétralement opposées au programme de François Fillon.

On peut considérer que Valls n’est pas l’homme de la situation et qu’il ferait mieux d’attendre 5 ans, il est coresponsable de l’échec de Hollande. Mélenchon est trop dans l’extrême et n’est pas assez audible. Macron n’arrive pas au bon moment. Le seul qui a une chance de pouvoir conduire le parti socialiste et peut être la gauche au combat est Montebourg, mais ceci est une autre histoire dont nous parlerons prochainement.

En conclusion provisoire, reconnaissons que tant l’émir Hamad que le président Hollande ont eu le courage, peu importe les circonstances, de rester dignes dans l’adversité et quitter leur pouvoir avec un certain panache.