L’intérêt particulier est privilégié au collectif, la fuite en avant à la consolidation, le report des élections législatives à une date inconnue, la guerre à la paix. Le rachat de Digiturk par BeIN Media Group est un des exemples types. Combien de temps avant que les agences de notations ne sanctionnent ?
Pour racheter Digiturk BeIN Media Group s’endette un peu plus
Le Qatar s’est félicité du rachat de la plateforme télévisée payante turque Digiturk qui œuvre dans le sport et le divertissement, par une de ses sociétés BeIN Media Group. Ce groupe qatarien qui cumule les pertes depuis sa création en 2014, vient de s’endetter un peu plus pour faire suite à une demande des dirigeants du Qatar de s’approprier la totalité des actions de Digiturk. Chacun sait que les autorités turques contrôlent aujourd’hui plus que jamais la programmation des chaines télévisées sur leur sol. Avec BeIN Media Group ils sont rassurés car, ce groupe qatarien, comme les dirigeants du Qatar, sont des amis fidèles de la Turquie, peu importe son comportement. Au lieu de favoriser sa consolidation et de contenir ses dettes, BeIN Media Group qui est dirigé par Nasser al Khelaifi, pratique la fuite en avant.
Le Qatar a du mal à réaliser que l’endettement rapide dans lequel il s’insère mettra en difficulté le fonctionnement du pays. L’intérêt particulier est ici privilégié au collectif, une fois encore la politique étrangère au Qatar intérieur. Dans un pays où il y aurait un semblant de démocratie, l’opposition demanderait des comptes, chacun se souvient de l’échec retentissant de Al Jazeera America, peut être les grandes familles de ce pays vont- elles se réveiller avant que les agences de notations ne sanctionnent ?
Des dépenses militaires insensées
L’affaire BeIN Media Group n’est rien comparée aux incroyables dépenses en matière de défense nationale. Si l’émir Hamad avait peu armé son pays, il était naturel que son fils, le successeur veuille faire un peu plus. Mais ce qui se passe en ce moment au Qatar est parfaitement insensé, alors que le pays va vivre trois ans de déficits, l’émir veut transformer son pays en une puissance internationale guerrière. Chacun sait qu’il y a l’achat des armes, son entretien et souvent l’envie de s’en servir. Apparemment l’exemple du Yémen qui devrait dissuader un petit pays comme le Qatar de rentrer en guerre contre ses voisins, ne sert à rien.
L’émir Hamad avait envisagé des élections législatives afin de faire remonter le ressenti de la population qatarienne et des grandes tribus ou familles. Elles ont été reportées à une date inconnue. Il savait qu’il y a des limites à ne pas franchir, car l’état en construction du Qatar peut être fragilisé voire déstabilisé. Il doit aujourd’hui être désespéré de voir que son fils, le nouvel émir, est en voie d’affaiblir durablement l’état du Qatar, en le rendant vulnérable par une dette qui est détenue en partie par des puissances étrangères. Attitude incompréhensible car il y a déjà une base américaine pour protéger le pays et maintenant une base turque en achèvement ?
Je ne peux m’empêcher ce matin de penser à ce proverbe brésilien « Père riche, fils noble, petit-fils pauvre. »