Une mission quasi impossible avec « l’égo » actuel des qatariens. Il faudra sans doute une génération nouvelle pour y parvenir.
Le Qatar doit-il suivre les préconisations du FMI ?
Si le FMI peut être de bon conseil économiquement et en matière d’organisation de l’administration d’un pays, politiquement il faut prendre ses préconisations avec beaucoup de précautions.
Si en 2010 la Coupe du monde de football 2022 semblait être une belle opportunité pour le Qatar, rien de prouve que le retour sur investissement sera à la hauteur de ce que espéraient les dirigeants de ce pays. Or, comme l’indiquait depuis Doha, Mme Christine Lagarde, directrice du FMI, les hydrocarbures pourraient pendant de nombreuses années rester à un prix bas. Le Qatar encore trop dépendant de ces hydrocarbures risque à court terme de vivre 2 à 3 années difficiles et cela pourrait s’amplifier, car il dispose d’un prix du gaz, grâce à ses contrats à long terme, supérieur au marché réel.
La plus haute personnalité du pays, l’émir Tamim al Thani est parfaitement conscient de la situation, car dès fin 2014, il invitait son administration à maîtriser le budget de l’état. Un Qatar économe parait mission impossible ! Trop habitué depuis une dizaine d’années à vivre sans compter, utilisant la politique du carnet de chèque pour se forger une réputation de médiateur ou simplement pour montrer sa présence. Il n’est pas aisé, aujourd’hui, de pouvoir serrer la vis du budget de l’état sans créer une panique.
Prenons l’exemple de la défense nationale, le plus grand échec de l’ancien émir Hamad. Le Qatar vient de prendre des engagements pour équiper dignement ses armées qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars. Aura-t-il les moyens de ses ambitions ? Lorsqu’on voit les sommes englouties dans la Coupe du monde 2022, on peut sérieusement s’interroger sur l’opportunité de continuer à vouloir l’organiser alors qu’il y a d’autres priorités pour le pays.
Le plus inquiétant est ce qui semble transpirer des propos du ministre de la planification et du développement : les expatriés pourraient être mis à contribution notamment sur la fiscalité, on parle même d’une répartition différente entre qatariens de la manne des hydrocarbures.
L’émir Tamim al Thani et son gouvernement pourraient avoir à faire face au désengagement des expatriés si le Qatar devenait moins intéressant économiquement et se heurter à quelques grandes familles qatariennes qui verraient leur pouvoir d’achat réel diminuer. Ces familles pourraient demander des comptes sur la gestion hasardeuse du pays, ces dernières années, et remettre en question l’autorité exceptionnelle des « al Thani ».
La stabilité de ce pays obligera à trouver un savant dosage afin de ne pas blesser l’égo des qatariens qui aiment à dire qu’ils sont les plus riches du monde et ne pas couper l’envie des « mercenaires » expatriés qui savent qu’il ne sont au Qatar que pour un temps limité et pour gagner « un maximum ». Le Qatar étant incapable de leur proposer de les héberger à vie sur son sol.
L’émir Tamim al Thani doit certes prendre note des conseils du FMI mais faire attention à ce que le pays ne soit pas déstabilisé politiquement. Son appel à la « jeunesse qatarie » pour qu’elle investisse les rouages essentiels du pays devient d’une urgence vitale, cette prochaine génération pourrait devenir celle d’un monde réel et non plus d’un monde de tous les excès.