Comme d’habitude la France se met à rêver pour échapper à la réalité.
Emotions et bonne gouvernance ne font pas toujours bon ménage
Que sortira-t-il des grands discours sur l’islam en France, sans doute pas grand-chose de concret. Les priorités du gouvernement varient en fonction des évènements électoraux et des émotions du peuple français. Il serait plus sage de réussir l’acceptation de l’islam en France avant de rêver à un islam de France.
Le débat autour de la religion a connu sans doute son apogée avec la loi concernant la séparation des Eglises et de l’Etat. La loi du 9 décembre 1905, ne pouvait imaginer que la pratique de l’islam serait le deuxième culte de France. Il est souhaitable de rappeler l’article 1 de cette loi « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public » Il avait fallu toute la force d’un Aristide Briand pour porter à terme cette loi, inventant la laïcité à la française, proclamant la liberté de conscience, garantissant le libre exercice des cultes et pose le principe de séparation des Églises et de l’État.
Loi qui sera modifié dans son écriture originale en 1973, 1992, 1996, 1998, deux fois en 2000, en 2007 et en 2011. En outre l’article 23 qui parle des amendes et contraventions est actualisé régulièrement.
La loi de 1905 applicable au premier janvier 2006 a mis du temps à trouver son équilibre, son point fort fut « la liberté de conscience ». Dans l’esprit de la loi de 1905, il est impossible d’imaginer l’intervention des politiques pour faire de l’islam en France un islam de France. Tout au plus, on peut favoriser un lieu de débat permettant une adaptation du culte musulman aux valeurs de la République française. Faire un « machin bis » comme le CFCM et se réunir deux fois par an pour traiter quelques modalités pratiques ne peut à aucun moment interférer sur l’exercice du culte musulman. Il en va de même pour la formation des imams, elle ne peut être formalisée que par les théologiens et savants musulmans français avec l’aide des universitaires et des théologiens et savants étrangers.
Avec la loi de 1905 et dans un esprit laïc, le rôle et le pouvoir de l’état est limité, il faut aujourd’hui « aider » les musulmans de France à prendre leurs responsabilités et favoriser cette nécessaire adaptation, qui prendra du temps, pour faire d’un islam en France un « possible » mais complexe Islam de France. Le sujet mérite de l’attention et du temps, il doit être mis en mouvement immédiatement mais doit échapper aux contraintes électorales faute de quoi nous assisterons à des divisions au sein de l’islam en France encore plus profonde.