Dans quelques mois le Califat d’al-Baghdadi devrait tomber, le prochain va se déclarer dans le Sinaï menaçant directement Israël et l’Egypte. Celui qui lui succédera sera aux portes de l’Europe, en Libye. Tant que durera la lutte entre le wahhâbisme saoudien avec ses filiales contre le schisme iranien avec ses associés, le feu qui anime ces Califats brûlera. La réponse armée d’Israël face au peuple palestinien et en particulier à Gaza, comme nous l’avions annoncé, n’apporte malheureusement aucune garantie aux israéliens et vient alimenter le foyer.
Le Califat d’al-Baghdadi aura montré le chemin
Dans un excellent article intitulé « En Irak l’armée avance face à Daech », Georges Malbrunot en connaisseur du dossier du Moyen Orient nous montre le début de la fin de l’Organisation de l’Etat Islamique. Toutefois, il y a divergence sur la durée du Califat d’al-Baghdadi.
Ce qui fait la force des djihadistes du Califat d’al-Baghdadi c’est leur détermination et l’encadrement. Ce qui fait leur faiblesse c’est la logistique et le commandement. Avec l’intervention des américains et de l’étrange coalition qui les accompagne, comme le souligne Georges Malbrunot, les convois d’approvisionnements et de renforts de troupes djihadistes ne peuvent plus massivement se déplacer. Et en face, avec une présence sur le terrain de plus en plus de militaires d’élites « déguisés » en conseillers, coordonnant les forces irakiennes, celles-ci regagnent du terrain.
Tant que les djihadistes d’al-Baghdadi fêtaient des victoires le Califat se renforçait. Un des premiers échecs du général al-Baghdadi a été de compter sur l’horreur des décapitations. Lui l’expert des médias n’a pas tenu compte du phénomène de « banalisation ». Le monde occidental qui était visé, lorsqu’il est impuissant à régler une difficulté, pour survivre, il « banalise » et revient à son quotidien. Ce monde occidental s’est habitué à la mort injuste, il ne voit même plus autour de lui, les millions de morts à cause du « marché », qui crée des « failles existentielles » auprès de nombreux adolescents et jeunes hommes.
Or, les premières défaites pour les djihadistes du Califat d’al-Baghdadi montrent que les fondamentaux du Califat ne sont pas réels. Ceux qui étaient venus pour imposer leur vision de la voie divine déchantent. Dans quelques semaines, ils partiront par petits groupes rejoindre le prochain Califat dans le Sinaï espérant que là-bas ils pourront à nouveau guerroyer au nom d’une cause certes divine mais en plus « juste ». Les recruteurs vont élargir leurs champs d’interventions avec la « notion de justice ». L’erreur que nous commettons tous aujourd’hui lorsque nous essayons de comprendre pourquoi ces jeunes partent c’est de résumer cela uniquement à un lavage de cerveau « religieux ». Il est possible aussi qu’ils ne croient plus aux valeurs de notre monde, qu’une faille s’est créée en eux exploitée par ceux qui les utilisent comme guerriers pour leur cause. Or cette faille peut s’ouvrir à nouveau si les « encadrants » du Califat ne sont pas assez nombreux. Ce qui est certain c’est que le Califat d’al-Baghdadi aura montré le chemin et la méthode pour les autres Califats à venir.
Les racines du mal
Tant que durera la lutte entre le wahhâbisme saoudien avec ses filiales contre le schisme iranien avec ses associés, le feu qui anime ces Califats brûlera. Le Califat d’al-Baghdadi est le fruit des financements passés qui ont engendré cette Organisation d’un Etat Islamique. Utilisant les divisions de l’islam, il est aisé pour « les recruteurs » de proposer une nouvelle voie au jeune djihadiste. Elle s’avère dans la réalité bien éphémère mais c’est après qu’on le sait. Quand on est jeune, on a l’espoir de changer le monde.
L’autre problématique qui vient alimenter le foyer du Moyen Orient est le comportement d’Israël et celui des groupes extrémistes palestiniens. La création d’Israël devait permettre de maintenir le couvercle sur le chaudron du Moyen Orient, or celui-ci a volé en l’air et Israël se retrouve au milieu de ce foyer.
La réponse armée d’Israël face au peuple palestinien et en particulier à Gaza, comme nous l’avions annoncé, n’apporte malheureusement aucune garantie aux israéliens. L’attentat dans un lieu de culte de ce matin, après ceux qui ont eu lieu ces jours-ci ne sont que le début de la réponse de la frange extrémiste des palestiniens. Les anciens d’Israël le savent, il n’y a rien de plus terrible pour un peuple que de ne plus avoir d’espoir.
Lorsque nos enfants n’ont plus d’espoir ils n’ont plus rien à perdre, ils deviennent alors la cible de recruteurs pour des combats qui souvent ne sont pas les leurs.