L’Irak et la Syrie actuels n’apportent plus la réponse politique dans cette partie du Moyen Orient. Première publication 16-10-2014. Une partie de la nouvelle donne, passe par la création, non pas d’un Etat islamique, mais du Sunnistan qui regrouperait toutes les tribus sunnites de l’Irak.
Que peut-il sortir du chaudron Irako-syrien ?
Au chaudron des douleurs, chacun porte son écuelle ou face à un problème donné, chacun est concerné à hauteur de ses responsabilités.
Pour se sortir d’une impasse, le pouvoir revient à l’imagination. Des entrailles du chaudron irako-syrien qui bout depuis trop longtemps, vient de sortir un mauvais génie qui a occupé un espace vide. Qui sont les responsables de ce « trou de l’horreur »? Nous pourrions à l’infini débattre de la responsabilité ou de la manipulation des uns et des autres. La citation d’Henri Estienne s’applique à propos « Au chaudron des douleurs, chacun porte son écuelle ».
A moins d’être aveugle, ni l’Irak, ni la Syrie actuels n’apportent la réponse politique aux problèmes de cette partie du Moyen Orient. Dans une analyse en huit points nous avons esquissé une réflexion sur une solution globale possible. Nous voulons ici zoomer sur la création du Sunnistan.
La création du Sunnistan, un passage obligatoire
Ce terme a été employé quelque fois, nous lui apportons notre définition. Le Sunnistan regrouperait l’ensemble des tribus sunnites de l’Iraq. S’étendant du nord, par une partie des anciens territoires syriens occupés par les kurdes donc avec accès à la méditerranée, jusqu’ au sud pour l’accès au Golfe persique en partage de territoire avec un Irak nouveau regroupant les populations chiites.
Dans un article récent, Thibault Le Gal journaliste donnait la parole à Myriam Benraad, chercheuse au Ceri (Sciences Po) et spécialiste de l’Irak et du Moyen-Orient. Je vous invite à lire l’article dont voici la partie finale : « Cette redistribution des cartes sera toutefois inefficace sans l’appui des Occidentaux, pour Myriam Benraad. «Face à l’EI, les tribus sunnites ne sont pas suffisamment armées. Les Occidentaux et le gouvernement doivent les aider comme ils l’ont fait pour les combattants kurdes. C’est un pari à prendre, mais c’est le seul moyen de voir tomber les djihadistes »
Nous pensons qu’il faut aller plus loin, armer les tribus sunnites sans un projet politique ne règle pas le problème de fond. Une partie de la nouvelle donne passe par la création du Sunnistan qui regrouperait toutes les tribus sunnites de l’Irak. Il faut impliquer pour le développement de ce nouvel Etat, la coalition et en particulier l’Arabie saoudite.
Le Sunnistan ne doit pas être le théâtre de la guéguerre turco-qatari contre l’Arabie saoudite
A nouvel état nouvelle formule de partage de responsabilité. L’intervention de la coalition et de l’Arabie saoudite même si celle-ci baigne dans les ténèbres, sont indispensables. Passer d’une gestion tribale à une gestion d’Etat avec partage de responsabilités ne s’improvise pas. L’Arabie saoudite peut ici tenter par procuration une ouverture politique qui pourrait être aussi la réponse à la fin de l’expérience des « frères musulmans ». Car certes ils ont mis en échec la Confrérie, mais ils ne proposent rien en contrepartie. Et chacun sait que la nature a horreur du vide.
L’Arabie saoudite et la coalition comme garant de la sécurité de cet Etat, non seulement contre des velléités peu probables d’un Irak chiite mais surtout contre une possible emprise de l’axe turco-qatari. Le Sunnistan ne doit pas être le théâtre de la guéguerre turco-qatari contre l’Arabie saoudite faute de quoi l’échec est certain.
La Turquie par son comportement à l’encontre des kurdes notamment de Kobané s’est disqualifiée au niveau international. Sa seule chance de redorer son image est de permettre la création d’un Kurdistan élargi. En ce qui concerne le Qatar, les américains doivent être intransigeants et maitriser leur volonté d’hégémonie où alors qu’on nous explique pourquoi avoir destitué les deux Hamad, l’émir et son premier ministre.
Enfin, le Sunnistan n’est qu’une partie de la nouvelle donne qui implique que soit trouvé une solution en Syrie notamment en impliquant l’Iran et la Russie, la création d’un Kurdistan élargi pouvant accueillir tout ou partie des kurdes syriens, et un Irak chiite aidé par l’Iran.
Le travail à accomplir est immense mais réalisable.