
Depuis 1998 le Premier ministre Viktor Orbán règne en maître.
Budapest une capitale dynamique
Le gouvernement hongrois est dirigé par le Premier ministre Viktor Orbán depuis 2010, après un premier mandat entre 1998 et 2002. Il est à la tête d’une coalition associant son parti, le Fidesz, au parti populaire chrétien-démocrate (KDNP). Cette coalition a été reconduite pour la quatrième fois à la suite des élections législatives du 3 avril 2022 et a conservé sa majorité absolue des deux-tiers (plus de 50% des suffrages, 135 sièges sur 199).
La coalition d’opposition, unie autour de Péter Márki-Zay (indépendant, chrétien-conservateur, maire d’une ville moyenne) à l’issue d’une primaire inédite dans l’histoire, a obtenu un score décevant (34%, 57 sièges) au regard de la largeur du spectre politique qu’elle couvrait et des pronostics initiaux. Enfin, le parti d’extrême-droite Mi Hazánk est entré au Parlement avec 6 sièges.
Les trois derniers mandats de Viktor Orbán ont été marqués par de nombreuses réformes, y compris constitutionnelles (Loi fondamentale), perçues comme remettant en cause l’État de droit, la séparation des pouvoirs, la société civile et les libertés individuelles, sur le plan idéologique. Ils ont également fait apparaître un durcissement du discours de Viktor Orbán sur les questions de société et sur l’immigration.
Ses mandats ont également été marqués par un durcissement du contrôle sur les universités et les médias tout en poursuivant un discours de défense de la nation hongroise et de la famille chrétienne. En parallèle, le gouvernement a également durci sa position sur les questions de genre et les personnes LGBTQI+ (loi sur la protection de l’enfant contenant des amendements polémiques le 15 juin 2021, soumise au référendum le 3 avril 2022).
Depuis sa réélection en avril 2022, le Premier ministre Viktor Orbán inscrit son action politique dans la continuité des mandats précédents, en se concentrant particulièrement sur les questions économiques (lutte contre la hausse des prix de l’énergie, lutte contre l’inflation et relance de la croissance) dans un contexte économique dégradé, tout en consolidant sa politique d’attraction des IDE, notamment vis-à-vis des pays asiatiques. Le déblocage des fonds européens, notamment les fonds de cohésion, dont une partie (10 Mds€) a été débloquée par la Commission européenne le 14 décembre 2023, ainsi que le PNRR, revêt à cet égard un caractère important pour le gouvernement.
Les dernières années, marquées par la guerre en Ukraine, ont également été l’occasion pour le Premier ministre hongrois de marquer sa singularité au sein de l’Union européenne, avec des appels répétés à un « cessez-le-feu » et à des pourparlers de paix, une critique des sanctions européennes contre la Russie, et le refus de fourniture d’armes et de transit d’armes vers l’Ukraine.
Bien que la popularité du Premier ministre reste élevée, la récente démission de la Présidente de la République, Mme Katalin Novák, en février 2024, à la suite d’un scandale concernant une grâce présidentielle que cette dernière avait accordée dans une affaire liée à des actes de pédocriminalité, a provoqué des mouvements importants de contestation dans l’opinion publique hongroise, qui ont touché indirectement le gouvernement actuel.
Politique européenne
La Hongrie est entrée dans l’Union européenne le 1er mai 2004, et dans l’espace Schengen en 2007. Après un premier exercice au 1er semestre 2011, la Hongrie assurera la présidence du Conseil de l’Union européenne au second semestre 2024. Elle n’est pas membre de la zone euro.
Présence dans les institutions européennes : le commissaire hongrois au sein de la Commission d’Ursula Von der Leyen est M. Olivér Várhelyi, actuellement en charge de l’élargissement et de la politique européenne de voisinage. La Hongrie dispose de 1,92 % des voix au Conseil de l’Union européenne et de 21 députés au Parlement européen.
État de droit : La procédure de l’article 7 TUE déclenchée en septembre 2018 à l’égard de la Hongrie est toujours en cours et de nouveaux mécanismes de protection de l’État de droit sont en place pour le nouveau cadre financier pluriannuel (2021-2027) avec l’activation du régime général de conditionnalité des fonds européens en avril 2022. En décembre 2022, le gouvernement hongrois a obtenu l’approbation de son plan de relance (PNRR), qui a été rehaussé à 10,4 Mds€ en novembre 2023, mais dont le décaissement reste soumis au respect de 27 « super-jalons ». Par ailleurs, la Commission européenne a validé le 14 décembre 2023 le déblocage de 10 Mds€ de fonds de cohésion (sur les 21,7 gelés au titre des conditions horizontales favorisantes) après le parachèvement par les autorités hongroises de la réforme judiciaire.
Migrants/réfugiés : Principal point d’entrée dans l’Union européenne des migrants empruntant la route des Balkans occidentaux jusqu’à l’été 2015, la Hongrie a adopté une position très dure, s’opposant à la solidarité européenne, notamment à la relocalisation des migrants sur une base obligatoire comme volontaire. Mettant la priorité sur la lutte contre les départs irréguliers, la Hongrie se montre critique vis-à-vis du Pacte Asile et Migration, notamment sur le mécanisme de solidarité obligatoire entre États membres.
Élargissement : la Hongrie est un fervent partisan de la poursuite de l’élargissement aux pays des Balkans occidentaux, particulièrement la Serbie (où vit une importante minorité magyare) et le Monténégro, dont l’adhésion est vue comme un impératif pour sa sécurité. Bien qu’initialement favorable à l’octroi du statut de candidat à l’Ukraine, la Hongrie n’a pas souhaité prendre part au vote en faveur de l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE lors du Conseil européen de décembre 2023.
Politique régionale : Elle devrait recevoir 22 Mds € au titre du fonds de cohésion, 12 Mds € au titre de la PAC soit environ 34 Mds € pour le CFP 2021-2027.
Groupe de Visegrád : la Hongrie, qui a longtemps misé sur le V4 pour peser dans les négociations européennes, se retrouve aujourd’hui isolée au sein de cette organisation informelle, à la faveur du déclenchement de la guerre en Ukraine. En conséquence, le fonctionnement du V4 et le rythme des réunions à tous les niveaux s’en voient fortement ralentis.
Défense
La Hongrie a adhéré en 1999 à l’OTAN, qu’elle considère comme la pierre angulaire de sa sécurité. Elle consacrait 1,7 % de son PIB à la défense en 2022 et a atteint l’objectif de 2 % en 2023. Favorable à l’adhésion à l’OTAN des pays des Balkans occidentaux, la Hongrie a approuvé l’adhésion de la Finlande à l’OTAN en mars 2023, puis celle de la Suède en mars 2024. Elle privilégie les fournisseurs européens (Airbus, Thales, Saab, RheinMetall) pour la modernisation de son appareil de défense.