Sidérurgie : détruire nos emplois en laissant les autres pays polluer nous mène à la catastrophe

Un communiqué de la Fédération Force Ouvrière Métallurgie.

Rédigé le 27/11/2024

Regarder la réalité exige du courage, surtout lorsqu’elle ébranle les certitudes. Jamais nous ne remettrons en cause la transition écologique : celle-ci n’est pas une option mais une nécessité. Elle exige des adaptations de grande envergure et parfois des sacrifices. Elle ne doit cependant jamais être dénaturée de son objectif : permettre une baisse mondiale des émissions de gaz à effet de serre. Lorsque les actions entreprises mènent à l’effet inverse, il est de notre devoir d’en prendre conscience pour agir autrement. 

La législation environnementale de l’UE atteint- elle son but ?

La situation de la sidérurgie est un cas d’école en la matière. Cette industrie, cruciale pour l’économie française et européenne, décline de manière exponentielle sur nos territoires. Ce phénomène a été en grande partie accéléré par une législation environnementale imposée par l’Union européenne et les pouvoirs publics français. Parmi les mesures mises en œuvre figurent le Système d’Échange de Quotas d’Émission (SEQE) de l’UE, les taxes carbones et des normes d’émission de CO₂ extrêmement strictes. L’intention, réduire l’impact environnemental de l’industrie, est louable, mais atteint-elle vraiment son but ?

La destruction de nos emplois ne réduit pas la pollution, elle l’augmente !

Alors que la France et l’Europe imposent à leurs producteurs des coûts croissants pour se conformer à ces normes, les sidérurgistes de pays comme la Chine, l’Inde,  les États-Unis, la Turquie, La Russie et tant d’autres opèrent sous des régulations beaucoup plus souples. Résultat : la production d’acier se réduit en Europe par manque de compétitivité tandis que les importations de produits sidérurgiques augmentent. Chaque tonne d’acier non produite en France est donc remplacée par des importations qui génèrent jusqu’à 50% d’émissions supplémentaires, à cela il faut ajouter les autres types de pollutions qui sont traitées en France et en Europe et qui ne le sont pas ailleurs. La destruction de nos emplois ne réduit pas la pollution : elle l’augmente.

D’autres pays produisent à partir d’usines affranchies de nos réglementations écologiques

Telle est la réalité actuelle : au nom de l’environnement, nous fermons en Europe des usines qui respectent les normes tandis que d’autres pays en ouvrent de nouvelles affranchies de nos réglementations écologiques. Les émissions de CO₂ par tonne d’acier produite en Europe sont significativement inférieures à celles des concurrents internationaux, La baisse de la production française – moins 40% entre 2005 et 2023-  n’a donc servi à rien pour l’environnement mais a permis à des entreprises plus polluantes d’augmenter leurs parts de marché. 

La seule solution n’est pas la destruction de notre sidérurgie mais son maintien

Le paradoxe est flagrant : en poursuivant une politique de décarbonation agressive sur le territoire européen, nous aboutissons à un bilan carbone mondial plus défavorable. Si la tendance actuelle se poursuit, d’ici 2030, la délocalisation complète de la production sidérurgique française vers des pays moins réglementés pourrait entraîner une augmentation nette des émissions mondiales de CO₂ de plusieurs millions de tonnes par an. La seule solution pour atteindre les objectifs climatiques n’est donc pas la destruction de l’industrie sidérurgique européenne, mais au contraire son maintien et sa modernisation progressive. Seule une industrie locale forte, bénéficiant d’un cadre réglementaire réaliste, pourra véritablement contribuer à la réduction globale des émissions de CO₂. Accepter cette réalité est la première condition pour changer la donne.

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