Les président Macron et Guelleh « sont convenus de l’aboutissement des discussions autour de la réforme ambitieuse du traité de coopération en matière de défense [TCMD] qui unit la France et Djibouti », a fait savoir l’Élysée, le 24 juillet.
L’arrivée de Rafale à Djibouti n’est qu’une question de temps
Occupant une position stratégique aux abords du détroit de Bab el-Mandeb [mer Rouge], Djibouti intéresse plusieurs pays, dont les États-Unis, la Chine, le Japon ou encore l’Italie. Pays qui ont été autorisés à y implanter des emprises militaires. Mais, depuis son indépendance, en 1977, ce petit État de la corne de l’Afrique cultive des relations étroites avec la France pour assurer sa défense.
En 2011, le traité de coopération militaire entre Djibouti et Paris [TCMD] fut reconduit, la France ayant ainsi renouvelé, selon les termes du président Sarkozy, son « soutien ferme et indéfectible à la République de Djibouti ».
Pour autant, les Forces françaises stationnées à Djibouti [FFDj] n’échappèrent pas aux coupes budgétaires, leur format ayant été réduit… Au point que, en 2014, un rapport remis par les députés Gwendal Rouillard et Yves Fromion s’inquiéta pour leur avenir, des plans visant à réduire leur effectif à seulement 950 hommes ayant circulé à l’époque. Et cela alors que le traité reconduit trois ans plus tôt allait entrer en vigueur pour une période de dix ans.
Finalement, après que l’État-major des armées [EMA] fit valoir qu’il fallait garder « au moins » 1350 militaires à Djibouti pour permettre aux FFDj d’honorer leurs contrats opérationnels et de rester « crédibles », le plan évoqué par les deux parlementaires ne fut pas appliqué.
En 2017, lors d’une audition parlementaire, le général François Lecointre, alors fraîchement nommé chef d’état-major des armées [CEMA], fut très clair. « Je n’ai pas l’intention de lâcher un pouce de terrain à Djibouti. La zone, où nous sommes implantés, est extrêmement sensible et je ne pense pas que nous devrons nous en désengager dans les décennies qui viennent », avait-il affirmé.
Le TCMD devant arriver à échéance le 30 avril 2024, le président Macron et son homologue djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, lancèrent des discussions non seulement pour le reconduire mais aussi pour le renforcer. Il était alors question de signer un nouvel accord dans le courant de l’année 2023.
Seulement, les négociations auront été plus compliquées que prévu. A priori, celles-ci ont buté sur des considérations financières, le gouvernement djiboutien ayant réclamé une hausse importante du loyer payé par la France pour ses emprises militaires dans le pays. Loyer d’une trentaine de millions d’euros par an, dont Paris a commencé à s’acquitter en 2003, soit après l’arrivée des forces américaines au Camp Lemonnier…
La partie française a-t-elle cédé devant les exigences djiboutiennes ? En tout cas, comme l’avait souligné l’ex-député Jean-Charles Larsonneur, dans un avis budgétaire rendu en octobre 2023, le « positionnement des FFDj est stratégique, » car « il offre aux armées un avantage opérationnel conséquent avec une capacité de projection vers différentes zones [détroit de Bab-el-Mandeb, mer Rouge, océan Indien]. Et d’insister : « La France est ainsi le seul pays de l’Union européenne à posséder de telles capacités militaires dans cette zone dont toute l’Europe dépend pour son approvisionnement [flux économiques, énergétiques, numériques, métaux rares].
Quoi qu’il en soit, un accord a fini par être trouvé. Les président Macron et Guelleh « sont convenus de l’aboutissement des discussions autour de la réforme ambitieuse du traité de coopération en matière de défense [TCMD] qui unit la France et Djibouti », a fait savoir l’Élysée, le 24 juillet.
« La version rénovée du TCMD reflète l’excellence de la relation qui prévaut entre nos deux pays ainsi que la convergence de nos intérêts stratégiques », a ajouté la présidence française qui n’a cependant pas évoqué la signature d’un accord à ce stade.
Pour rappel, la France assure la protection de l’espace aérien de Djibouti, avec notamment 4 Mirage 2000-5 mis à la disposition de l’Escadron de chasse 3/11 Corse. Ces appareils sont régulièrement relevés afin de ménager leur potentiel… Aussi, la question de leur remplacement par un « plot » Rafale pourrait bientôt se poser si le projet de M. Macron de céder des Mirage 2000-5 à l’Ukraine se concrétise.
Reste que l’arrivée de Rafale à Djibouti n’est qu’une question de temps. De même que le renouvellement capacitaire des FFDj, ces dernières devant être progressivement dotées d’hélicoptères NH-90 Caïman TTH [à partir de 2025, ndlr], de véhicules blindés multirôles [VBMR] Griffon, d’engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] Jaguar et d’engins de débarquement amphibie standard [EDAS]. Et cela nécessitera de réaliser des travaux d’infrastructure pour les accueillir.
Note : Les FFDj englobent le 5e Régiment interarmes d’outre-mer [5e RIAOM], un détachement de l’Aviation légère de l’armée de Terre [DETALAT] , la base aérienne 188 « colonel Massart », une base navale et le Centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert de Djibouti [CECAD].