À l’appel de toutes les organisations syndicales, dont FO, les agents des services départementaux d’incendie et de secours ont manifesté à Paris pour exiger de meilleures conditions de travail.
Un ras-le-bol qui explose et fait du bruit
L’enjeu est désormais de créer un rapport de force alors que s’est ouvert le Beauvau de la sécurité civile mais que la date de la première réunion vient d’être repoussée.
Un ras-le-bol qui explose et fait du bruit. Et ce fort mécontentement des agents des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) s’est entendu dans les rues de Paris le 16 mai. Action inédite, toutes les organisations syndicales dont FOSIS, ont appelé à cette mobilisation. Nous avons trois sujets partagés par l’ensemble des syndicats, explique Christophe Sansou, secrétaire général du syndicat FO. La santé et la sécurité des sapeurs-pompiers, avec un enjeu notamment autour de la fin de carrière, le mode de financement des services d’incendie et de secours alors que l’État et les collectivités se renvoient la balle. Et enfin, nous avons une revendication précise en ce qui concerne la revalorisation de la prime de feu.
C’est autour de ces exigences que le syndicat avait appelé les sapeurs-pompiers professionnels à venir allumer la flamme olympique dans les rues de la capitale. Pour Dominique Régnier, secrétaire général de la branche des services publics de la fédération FO-SPS, les centres d’incendies sont, comme d’autres secteurs de la fonction publique territoriale, en tension. Entre le manque de personnels et la dégradation des conditions de travail, il est important que le gouvernement entende les revendications du terrain !
Pour une meilleure reconnaissance des risques du métier
Sur le parcours de la manifestation, plusieurs stands proposaient aux agents de faire des prélèvements capillaires pour détecter de possibles substances cancérigènes. Une animation tout-à-fait sérieuse et qui a tout à voir avec les risques encourus par ces professionnels. Il y a une forte inquiétude et une demande de mieux reconnaître les risques du métier. Lorsque l’on intervient face au feu, on peut être en contact avec ces substances, présentes dans les retardateurs de feu, explique le militant. Actuellement, pour ce corps de métier, la France ne reconnaît qu’un seul cancer, celui du nasopharynx, comme maladie professionnelle, alors que dans plusieurs pays anglophones, une vingtaine de cancers sont identifiés comme maladie professionnelle. Au Canada, la santé publique a reconnu que le risque de décès par cancer était 14 % plus élevé chez les pompiers.
Ces prélèvements sont un message adressé à nos employeurs. Ce sont eux qui devraient les faire ! Cela n’empêche pas les cancers mais on le sait : plus cette maladie est détectée tôt, plus les chances de guérison augmentent, souligne Christophe Sansou. Si un décret concernant le versant territorial de la fonction publique précise que les pompiers ont droit, lorsqu’ils quittent le métier, à un suivi médical, ce texte, qui date pourtant de 2015, n’est pas appliqué dans tous les départements aujourd’hui encore !.
La question du financement des SDIS
Autre revendication, et de poids, des professionnels : la revalorisation de la prime de feu. Alors qu’elle représente 25 % du salaire de base, la prime de risque pour les policiers et gendarmes est fixée, elle, à 28 %. Par ailleurs, si les pompiers travaillent et sont payés pour 1 607 heures, nous pouvons aller jusqu’à 2 256 heures en présentiel, précise Christophe Sansou. Les gardes de 24h peuvent être payées 17 heures. De fait, lorsque l’on regarde notre taux horaire sur le papier, cela semble digne. Mais quand on le rapporte au taux horaire effectif, la rémunération est loin d’être suffisante.
FOSIS et les autres syndicats souhaitent aussi que soit remis à plat le mode de financement des SDIS (service départemental d’incendie et de secours). Nous dépendons des départements, mais c’est l’État qui assure la mission régalienne de l’organisation des secours. Chacun se renvoie donc la balle, déplore le secrétaire général. On le voit dans la mise en place des Jeux olympiques et paralympiques de cet été. On ne sait toujours pas si les pompiers mobilisés directement ou indirectement dans le cadre de l’événement auront une prime spécifique. Pour financer cette prime, les départements en appellent à une enveloppe spécifique de l’État. Mais là encore, on assiste à un jeu de ping-pong puisque l’État réplique qu’il ne peut imposer aux collectivités locales de verser cette prime.
L’attente des discussions dans le cadre du Beauvau de la sécurité civile
Les syndicats ont été reçus au ministère de l’Intérieur le 16 mai dans l’après-midi. On nous a expliqué que certaines de nos revendications pourraient être entendues dans le cadre du Beauvau de la sécurité civile, qui s’est ouvert le 23 avril dernier, indique Christophe Sansou. Sous l’égide du ministère, ces concertations devraient porter sur le statut des 197 000 pompiers volontaires et 41 000 professionnels, leur rémunération ainsi que le mode de financement des SDIS. Le problème est que la première réunion de ce Beauvau, qui devait avoir lieu le 21 mai prochain, a été reportée à une date inconnue. Or, avec les JOP qui approchent, on pressent que le sujet ne sera plus dans les agendas politiques bientôt.
Pour FOSIS, l’enjeu est désormais de continuer à instaurer le rapport de force. Nous sommes en discussions au sein de l’intersyndicale pour voir quelle suite donner au mouvement. En tout cas, il n’est pas question que cette mobilisation demeure une action ponctuelle. Par ailleurs, ajoute Dominique Régnier, le syndicat a déposé un préavis de grève jusqu’en septembre. S’il faut continuer à faire entendre nos revendications durant cet été particulier, nous le ferons !
Publié lundi 20 mai 2024 par Chloé Bouvier, L’inFO militante