Perspectives et défis pour les collectivités territoriales françaises.
Le 5 février 2024, par Thomas Calvi
La fédération InfraNum, en partenariat avec la FNCCR et la Banque des territoires ont présenté le 1er février dernier les résultats du premier “Observatoire des Territoires connectés et durables”. Fruit d’une centaine d’entretiens réalisés entre septembre et décembre derniers auprès de collectivités de toutes tailles et d’industriels, il vise à appréhender la structuration des projets de territoires connectés et durables déployés par les collectivités locales et leurs groupements en France.
La fédération InfraNum a été créée le 6 décembre 2012 pour accompagner le Plan France Très Haut Débit, elle regroupe plus de 200 entreprises (bureaux d’études, opérateurs, intégrateurs, équipementiers, fournisseurs de services, …), réparties sur l’ensemble du territoire français. Partenaire industriel de tous les territoires connectés ou à connecter, elle soutient non seulement l’aménagement numérique mais également le développement de nouveaux services numériques.
Pour produire ce rapport, elle a collaboré avec la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies), association regroupant plus de 600 collectivités en charge des services publics locaux de l’eau potable et de l’assainissement et la Banque des Territoires qui accompagne les acteurs territoriaux dans leurs projets, notamment en matière de transformation durable.
Soixante collectivités ayant un projet en cours ou opérationnel ont répondu à cette enquête menée pour eux par les cabinets Artelia, INLO Avocats et KPMG, complétée d’environ 30 interviews d’industriels et collectivités. Si l’échantillon peut paraitre faible, Agnès Le Meil, directrice des études lnfraNum, souligne “la présence de collectivités de tous types, rurales comme urbaines, avec globalement une maturité plus importante que ce à quoi on pouvait s’attendre“.
En effet, le rapport met en lumière un essor rapide du marché des territoires connectés et durables, touchant toutes les strates de collectivités, des petites communes aux métropoles.
Les priorités des projets se concentrent sur la transition énergétique avec la gestion de l’énergie des bâtiments et l’éclairage (50% des répondants) ainsi que sur la gestion de l’eau (45%) et des déchets (33%). De nouveaux domaines émergent également, comme la gestion des risques environnementaux (15% des projets)
Une transformation numérique préalable est souvent observée, avec 80% des répondants ayant déjà engagé la numérisation de leurs services. La sécurisation des systèmes d’information est également une priorité pour 60% des répondants.
Les projets de territoires connectés débutent généralement par des démonstrateurs, permettant aux collectivités d’observer et d’ajuster leurs projets en fonction de leurs besoins spécifiques.
Plusieurs points de vigilance à prendre en compte
Cependant, des défis persistent pour la connexion future des collectivités, notamment en ce qui concerne les plateformes de données. Si la collecte et la gestion des données évoluent rapidement, la mise en place de plateformes transverses reste limitée.
Les outils les plus couramment utilisés sont des solutions spécialisées dans les métiers spécifiques et la visualisation, répondant ainsi directement aux besoins opérationnels actuels. En parallèle, l’adoption des hyperviseurs et des jumeaux numériques est en cours, offrant de nouvelles fonctionnalités en matière de prise de décision, d’optimisation et de modélisation du territoire, tout en garantissant une gestion maîtrisée des données.
Cette tendance s’explique en partie par la diversité des offres disponibles sur le marché, ainsi que par la complexité à appréhender de nouveaux outils et interfaces. Cependant, une fois que les élus locaux sont sensibilisés grâce à des démonstrations et une communication efficace, l’utilité de ces nouveaux outils devient plus évidente et mieux comprise.
La coordination entre les services informatiques et les services métiers est également cruciale pour assurer la réussite des projets. La mutualisation des initiatives au niveau départemental ou régional est préconisée pour rendre les offres plus accessibles et maîtriser les données.
Le rapport souligne que le seuil de bascule vers une généralisation des projets de territoires connectés est proche, avec entre 40% et 80% des collectivités françaises prévoyant de déployer de tels projets dans les 10 prochaines années. Cependant, l’accès aux financements qui jouent un rôle clé dans le lancement de ces projets, reste inégal.
Bien que la moitié des collectivités aient obtenu des subventions pour un ou plusieurs de leurs projets, l’Observatoire note une diversité de sources de financement, telles que l’Etat, l’UE et les régions, avec un accès inégal selon les différents cas d’utilisation. Ces subventions jouent un rôle crucial dans le lancement de projets intelligents, étant donné que le numérique représente un nouveau poste de dépenses. Il reste encore des axes d’amélioration, notamment en ce qui concerne le soutien des projets de transition environnementale.
Selon Patrick Chaize Sénateur de l’Ain et Vice-président de la FNCCR :
“En effet, au regard de la raréfaction des ressources, nous sommes tous conscients qu’il faudra effectuer des choix éclairés, objectivés par ces métriques, en concertation avec les citoyens. Ces outils participeront à l’amélioration de la mutualisation et du travail collectif”.
Antoine Darodes, Directeur des investissements transition numérique à la Banque des Territoires, rappelle l’engagement de cette dernière :
“L’accompagnement des collectivités dans l’appropriation et la maîtrise des données est un axe stratégique de la Banque des territoires et à ce titre nous sommes prêts à cofinancer de l’ingénierie et à étudier des projets d’investissement”.
Philippe Le Grand, Président InfraNum, conclut:
“La mise en place de projets smart en France est une vraie tendance dans les territoires. Tous s’y engagent, loin de l’idée reçue que ces déploiements pourraient être l’apanage des métropoles. Mais ces projets nécessitent beaucoup de transformations. La mutualisation à une échelle suffisante et la coordination entre les acteurs sont des leviers à surveiller. Ils permettront d’optimiser l’utilisation des outils, notamment les plateformes de données, qui devront également évoluer vers plus d’interopérabilité à terme progrès certain, notamment par le soutien des projets de transition environnementale…”.
Document extrait de Actu IA
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