Beaucoup de commentateurs, pressés, ont cru que le conflit des agriculteurs pouvait s’éteindre mais c’était sans compter sur les syndicats qui voyant une brèche souhaitent s’y engouffrer.
Le Premier ministre ne pouvait pas réussir
Ce vendredi 26 janvier 2024, en Haute-Garonne, la petite commune de Montastruc-de-Salies a été un haut lieu de l’agriculture française. Gabriel Attal a échangé avec une quarantaine d’agriculteurs et puis a fait ses annonces comme il l’avait promis.
1 – Le Premier ministre souhaite avoir un rapport précis sur l’état de notre souveraineté alimentaire d’ici le salon de l’Agriculture, fin février.
2 – Un mois de la simplification : Pour garantir la « liberté d’entreprendre », le Premier ministre a défendu une « simplification drastique des procédures » et des « normes lorsqu’elles ne font pas sens ». « On va lancer ces trois prochaines semaines (…) un mois de la simplification », a-t-il déclaré.
Les préfets vont réunir les représentants de la profession « pour voir ce qu’on peut simplifier ». En attendant, Gabriel Attal a annoncé 10 mesures de simplification immédiate, par décret.
3 – Sur les projets de retenue d’eau, le Premier ministre a promis d' »accélérer les procédures quand il y a des recours »: « on va supprimer un échelon de juridiction ». Il a aussi annoncé la création d’une « présomption d’urgence pour que le juge se prononce en moins de 10 mois sur les recours ».
4 – Concernant les contrôles menés par les agents de l’Office français de la Biodiversité (OFB), le Premier ministre a annoncé que l’établissement public sera placé sous la tutelle du préfet. Le chef du gouvernement veut aussi mettre en place « le contrôle unique pour les exploitants »: pas plus d’un passage pour un contrôle administratif sur une exploitation dans l’année.
5 – Concernant les lois Egalim, qui visent à protéger le revenus des agriculteurs dans le cadre des négociations avec les industriels et les supermarchés, il a promis de les « faire respecter partout »: renforcer les contrôles, mettre une « pression maximale » dans les négociations commerciales et prononciation de « trois sanctions très lourdes » contre des entreprises qui ne respectent pas la loi sont les pistes évoquées pour ce faire.
6 – Attal a également constaté que la réforme de la taxe sur le gazole non routier (GNR) ne « passe pas ». On va arrêter avec cette trajectoire de hausse sur le GNR, a déclaré le Premier ministre. Il a également promis une « remise à la pompe » de l’exonération: « d’ici à l’été, quand vous serez livré de votre carburant, la déduction sera faite immédiatement »
7 – Gabriel Attal veut également que le versement des aides d’urgence soit effectué plus rapidement. L’aide pour les éleveurs touchés par la maladie hémorragique épizootique (MHE) pourra être versée « à partir de février ». Il a évoqué un « budget de 50 millions d’euros » et annoncé une « augmentation du taux d’indemnisation à 90% » pour les éleveurs touchés par cette maladie qui affaiblit les vaches, apparue en septembre dans les élevages du sud-ouest. Le gouvernement avait fixé la semaine dernière à 80% l’indemnisation de la valeur des vaches mortes et des frais vétérinaires.
8 – Attal a annoncé un doublement du fonds d’urgence pour les agriculteurs en Bretagne, très touchés par la tempête Ciaran fin 2023 et une aide d’urgence de 50 millions d’euros pour la filière bio.
9 – Gabriel Attal a aussi assuré que la France « s’oppose » à la signature de l’accord commercial entre l’UE et les pays latino-américains du Mercosur.
Si des manifestants ont levé les barrages dans plusieurs départements, plusieurs syndicats considèrent que les annonces faites par le premier ministre, vendredi, sont insuffisantes.
La mobilisation va se poursuivre
Les annonces du premier ministre ne répondent pas à la totalité des questions que nous nous posons, a justifié Arnaud Rousseau, le responsable du premier syndicat agricole, la FNSEA estimant que les mesures du gouvernement « ne calment pas la colère, il faut aller plus loin ».
La FNSEA, les Jeunes Agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne chacun avec ses revendications appellent à continuer la mobilisation. Paris et Rungis en particulier pourrait être la prochaine cible des agriculteurs en colère.
Beaucoup de commentateurs, pressés, ont cru que le conflit des agriculteurs pouvait s’éteindre mais c’était sans compter sur les syndicats qui voyant une brèche souhaitent s’y engouffrer. Le Premier ministre ne pouvait pas réussir tant le problème de l’agriculture française est complexe et demande du temps et d’importantes négociations.