La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, prévoit d’organiser des « actions un peu partout en France » jeudi 25 janvier 2024 pour dénoncer le « manque de considération » des politiques françaises et européennes envers le monde agricole.
Un mouvement où tout le monde serait impliqué, style les Gilets jaunes ?
« Des actions sont prévues un peu partout en France », a déclaré vendredi à l’AFP la présidente du syndicat, Véronique Le Floc’h. Elle évoque des opérations de « bâchage de radars » routiers pour dénoncer « la suradministration » mais espère aussi des actions « plus spectaculaires parce que les agriculteurs n’en peuvent plus ».
« Si on n’a pas un réveil des politiques et une révolte des agriculteurs, la fin de l’agriculture va s’amplifier », prédit la responsable syndicale, par ailleurs productrice de lait en Bretagne.
Véronique Le Floc’h estime qu’on se dirige « vers un mouvement où tout le monde serait impliqué, style les Gilets jaunes ». « Je suis appelée par [les secteurs de] la pêche, les travaux publics, le bâtiment, tout le monde a le même sentiment », dit-elle.
Souvent présentée comme étant à la droite du syndicat majoritaire FNSEA, la Coordination rurale dénonce « les incohérences de la politique française qui ne nous défend pas » et une Union européenne (UE) à la fois « ultra libérale avec les accords de libre-échange et ultra écolo ».
Le syndicat prévoit aussi d’interpeller des eurodéputés et des responsables de la Commission européenne le 24 janvier à Bruxelles. Mentionnant la possible intégration de l’Ukraine à l’UE, Mme Le Floc’h affirme que « l’UE veut tuer l’agriculture de l’Ouest pour la délocaliser à l’Est » En Allemagne, en Roumanie, en Pologne, les manifestations d’agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines.
En France, à quelques semaines du Salon de l’agriculture (24 février au 3 mars à Paris), la colère s’exprime aussi. Vendredi, la circulation sur l’autoroute A64 entre Toulouse et Bayonne a été bloquée par des agriculteurs en Haute-Garonne.
Mardi, dans la même région, des centaines de tracteurs et de camions agricoles de plusieurs départements avaient convergé à Toulouse à l’initiative de la FNSEA locale et des Jeunes agriculteurs. Ils dénonçaient pêle-mêle la hausse des charges, des normes jugées excessives ou encore le manque de considération.
Sollicitée par l’AFP pour savoir si une mobilisation nationale était prévue prochainement, la FNSEA n’avait pas donné suite vendredi en fin d’après-midi.
Le Copa-Cogeca, qui réunit les syndicats agricoles majoritaires de l’UE, a de son côté appelé vendredi la commission européenne à « clarifier » le « dialogue stratégique » avec le monde agricole qu’elle doit lancer la semaine prochaine.
« Une vague de mécontentement agricole a déferlé sur l’Europe ces dernières semaines, alimentée par la flambée du coût des intrants, les phénomènes météorologiques extrêmes et l’incertitude économique et bureaucratique », y écrit l’organisation. « Les agriculteurs, aux prises avec ces défis, expriment une profonde inquiétude et le sentiment omniprésent d’être incompris », est-il ajouté.