Si à l’Assemblée nationale le vote des députés RN sera important, dans la rue les dirigeants du RN ne sont pas à la hauteur de la situation.
Le RN a un gros problème avec la démocratie sociale
Le mouvement syndical français se méfie du Rassemblement National de Marine Le Pen car l’histoire du mouvement ouvrier a vu souvent les personnes d’extrême droite se ranger du côte sombre du patronat ou avoir des idées totalement opposées aux valeurs des organisations syndicales.
Ceci avait amené Laurent Berger et Philippe Martinez, respectivement dirigeants de la CFDT et CGT, à prendre position le 17 avril 2022 : ils appelaient à « ne pas confier les clés de la démocratie » à Marine Le Pen. Une façon d’appeler à voter Macron pour faire barrage à Marine Le Pen. Les autres syndicats beaucoup plus prudents font confiance à leurs syndiqués ne donnant pas de consigne de votes.
Aujourd’hui, Marine Le Pen se gausse de la position de Berger et Martinez ayant appelé à voter indirectement pour Macron, celui-ci mettant à mal la classe ouvrière française en détricotant le droit social pour abaisser le coût du travail, depuis le premier jour où il est arrivé au pouvoir en 2017.
La réforme des retraites 2023 est mal appréhendée par le RN, non pas à l’Assemblée Nationale où leur vote sera important pour dire non à la réforme, mais dans la rue. Or, en France la démocratie et à la fois politique et sociale. Si les lois se votent à l’Assemblée Nationale, avant leurs adoptions et pour leurs applications, le pouvoir de la rue peut peser et des dirigeants politiques de tous bords ont dû renoncer à une loi pourtant déjà votée, Macron l’a déjà fait sur les retraites.
Plus globalement, le RN n’a pas fait son travail d’ouverture intellectuelle pour être un parti aspirant à gouverner la France en matière de démocratie sociale. Alors que de nombreux travailleurs votent pour le RN, « souvent en opposition à l’autre candidat », que ce parti à souvent de « bonnes revendications », il n’a pas sur le terrain, le relai dans les entreprises. S’impliquer dans la vie syndicale pour faire avancer ces idées sociales est une nécessité.
Avec la réforme sur les retraites on voit cette insuffisance et cela est préjudiciable, in fine, pour le RN.
Selon Laurent Berger et Philippe Martinez, « le Rassemblement national n’a pas changé » et, « comme le Front national en son temps, il est profondément ancré dans l’histoire de l’extrême droite française, raciste, antisémite, homophobe et sexiste ».
Marine Le Pen et le RN n’ont pas pris au sérieux ce type de propos, bien encré dans le monde du travail, or pour gouverner en France, il faut faire les efforts sincères et nécessaires pour donner une autre image de marque sur l’ensemble de ces sujets. Il faut vite monter dans le train de la démocratie sociale française, faute de quoi Marine Le Pen et le RN perdront à terme de nombreux votes venant des travailleurs.
Dans le passé, le Parti Communiste avait profité du vote des travailleurs, avec le temps, ils sont nombreux à ne plus lui faire confiance, le RN devrait méditer sur ce sujet.