Le constat de l’effondrement de la biodiversité est sans appel : 1 million d’espèces sont menacées d’extinction, 75% de surface terrestre est altérée de manière significative et 85% des zones humides ont disparu.
Le Lundi 19 décembre 2022
La 15e conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique, présidée par la Chine, s’est tenue à Montréal du 7 au 19 décembre 2022 afin d’adopter un cadre stratégique mondial pour la biodiversité sur la période 2020-2030.
La France salue l’adoption d’un accord historique et continuera de porter ces engagements aux niveaux national et international aux côtés des 116 pays de la Coalition pour la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples (HAC). La HAC, co-présidée par la France avec le Costa-Rica et le Royaume-Uni, a adopté, avant même la fin de la COP, un nouveau mécanisme de mise en œuvre afin de réaliser l’objectif 30×30 qui vise à protéger 30% des espaces terrestres et 30% des espaces maritimes d’ici à 2030.
Le constat de l’effondrement de la biodiversité est sans appel : 1 million d’espèces sont menacées d’extinction, 75% de surface terrestre est altérée de manière significative et 85% des zones humides ont disparu.
Face à ce constat, la France salue un accord ambitieux qui définit un cap clair pour mettre fin à la perte de la biodiversité et la restaurer en fixant des objectifs quantifiés, mesurables et dotés d’un cadre de suivi. Cet accord dynamique tiendra compte de l’évolution des écosystèmes pour adapter les actions et les efforts de préservation.
Des financements conséquents en faveur de la biodiversité
L’accord prévoit des financements importants permettant :
- un changement en profondeur de nos modèles économiques avec des financements conséquents pour les pays en développement et un engagement de tous à mettre fin aux subventions néfastes à la biodiversité à hauteur de 500 milliards de dollars par an d’ici 2030 ;
- une mobilisation générale de 200 milliards par an d’ici 2030 de toutes sources (publiques, privées, internationales et nationales) ;
- une solidarité à destination des pays en développement avec la mobilisation de 30 milliards de dollars d’ici à 2030 de la part des pays développés et de tous les contributeurs publics ou privés. A cet effet, un nouveau fonds établi par le Fonds mondial pour l’environnement (FEM) sera créé dès 2023 pour contribuer à la mise en œuvre du cadre et mobiliser ainsi les ressources nécessaires à cet effet.
Conformément à ses engagements, la France a prévu le doublement de ses financements à hauteur de 1 milliard d’euros par an d’ici 2025.
Protéger 30% des terres et 30% des mers à l’horizon 2030
L’accord prévoit la protection de 30% des terres et de 30% des mers à échéance 2030. Cet objectif constitue l’accomplissement de l’action engagée au One Planet Summit de janvier 2021 avec la création de la Coalition pour la Haute Ambition pour la Nature et les peuples. A Montréal, cette Coalition s’est en plus engagée à accompagner ses membres dans la mise en œuvre de cet objectif ambitieux avec notamment la création d’un secrétariat, d’une plateforme et d’une assistance technique dédiée. Le comité directeur a également signé un protocole d’accord avec l’Initiative pour les ressources mondiales (WRI) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), qui accueilleront cette plateforme HAC 2.0.
La France en lien avec l’Union européenne a défendu et obtenu des engagements forts :
- la réduction des pesticides et des excès de nitrates de moitié ;
- 30% de restauration des écosystèmes terrestres et maritimes dégradés d’ici à 2030 ;
- la protection de 30% d’aires terrestres et de 30% d’aires marines ;
- la réduction de 50% de l’introduction des espèces exotiques envahissantes ;
- l’arrêt de l’extinction des espèces protégées dues aux activités anthropiques d’ici 2050 ;
- la préservation à travers la planification spatiale des écosystèmes les plus importants sur l’ensemble de la planète.
Une solution a été trouvée sur la question des informations de séquençage numérique des ressources génétiques (Digital sequence information – DSI) afin que les bénéfices tirés de leur utilisation participent à la préservation de la biodiversité, tout en garantissant l’accès à ces informations pour la recherche et l’innovation.
Toutefois, la France regrette l’absence d’engagement chiffré sur l’augmentation de la surface des espaces naturels d’ici à 2050, des engagements insuffisants sur la protection des espèces, l’absence d’objectif chiffré pour la réduction de l’empreinte écologique ainsi que le respect des limites planétaires.
Dans les prochains mois, la France poursuivra son engagement en faveur de la biodiversité en déclinant cet accord au sein de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030 (SNB).
Enfin, cet accord constitue un signal fort à deux mois des négociations qui se tiendront à New York le 20 février 2023 visant à adopter le texte d’un instrument international juridiquement contraignant pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ – Biodiversity Beyond National Jurisdiction).