Un nouvel été de vagues de chaleur mortelle atteste de l’urgence d’une législation européenne sur les températures maximales de travail afin de protéger les travailleurs des conséquences du changement climatique.
En France il n’existe pas de température maximale de travail
Les syndicats exhortent la Commission européenne à agir après deux travailleurs sont mort victime d’un coup de chaleur la semaine dernière en Espagne. En France, où il n’existe pas de température maximale de travail, 12 personnes sont mortes en 2020 suite à des accidents de travail liés à la chaleur.
Des tragédies de ce type deviendront plus fréquentes encore sans une législation sur les températures à ne pas dépasser sur les lieux de travail.
Selon l’OMS, les personnes travaillent généralement le mieux à une température se situant entre 16 et 24°C. Une étude montre que, lorsque la température dépasse 30°C, le risque d’accidents de travail augmente de 5 à 7% et, lorsqu’elle dépasse 38°C, la probabilité d’accidents augmente de 10 à 15%.
Vertiges, maux de tête et crampes musculaires sont les signes avant-coureurs d’un stress thermique qui peut mener à des vomissements, des pertes de connaissance et, finalement, à la mort si aucune action n’est prise.
Une enquête d’Eurofound révèle que, dans l’ensemble de l’UE, 23% de tous les travailleurs sont exposés à des températures élevées. Ce nombre monte jusqu’à 36% dans l’agriculture et l’industrie et jusqu’à 38% dans le secteur de la construction.
Pourtant, un sondage mené auprès des affiliés de la CES indique que quelques pays européens seulement disposent d’une législation destinée à protéger les travailleurs durant les vagues de chaleur avec un large éventail de valeurs limites allant de 28 à 36 degrés.
Belgique : 29°C pour une charge de travail physique légère, 26°C pour une charge de travail physique modérée, 22°C pour une charge de travail physique lourde et 18°C pour une charge de travail physique très lourde.
Espagne : la température maximale de travail pour un travail sédentaire, tel que le travail de bureau, est de 27°C et de 25°C pour un travail léger. Ces limites ne s’appliquent cependant pas à tous les types de travail, ni à tous les travailleurs, ni à tous les lieux de travail.
Hongrie : 31°C pour un travail physique sédentaire léger, 29°C pour un travail physique modéré et 27°C pour un travail physique lourd.
Lettonie : température maximale de travail en intérieur de 28°C.
Monténégro : température maximale de travail en extérieur de 28°C.
Slovénie : la température de l’air sur les lieux de travail ne doit pas dépasser 28°C.
Face à l’intensification de la crise climatique, la CES invite la Commission européenne à combler les écarts en matière de protection des travailleurs à travers une directive sur les températures maximales de travail.
L’UE et les gouvernements doivent également appliquer les règles existantes en revenant sur les importantes réductions du nombre d’inspecteurs du travail au cours de la dernière décennie.
Des conseils en la matière ne suffisent pas comme le démontre la situation aux États-Unis où les travailleurs précaires sont les plus vulnérables à la chaleur et comptent pour 70% de tous les décès liés à la chaleur durant la première semaine de travail.
Le Secrétaire général adjoint de la s CES Claes-Mikael Ståhl confirme :
« Les vagues de chaleur peuvent être fatales pour les personnes travaillant sans protection contre le soleil comme nous avons déjà pu le constater cet été en Espagne. »
« Les travailleurs sont chaque jour sur la ligne de front de la crise climatique et ils ont besoin d’être protégés pour faire face au danger sans cesse croissant de températures extrêmes.
« Le climat ne se préoccupe pas des frontières nationales. C’est pourquoi nous avons besoin d’une législation applicable à l’ensemble de l’Europe concernant les températures maximales de travail. »
« Confortablement installés dans leurs bureaux climatisés, les politiques ne peuvent continuer d’ignorer le danger auquel les travailleurs les plus vulnérables sont exposés. »