La pandémie de Covid-19 a révélé la fragilité du système alimentaire mondial et la nécessité de rendre les systèmes plus équitables, plus durables et plus résilients afin qu’ils fournissent de manière ininterrompue une alimentation nutritive à 8,5 milliards d’êtres humains d’ici à 2030.
Les conflits sont le facteur principal de l’insécurité alimentaire aiguë
En 2020, 155 millions de personnes sont tombées dans une insécurité alimentaire aiguë, le niveau le plus élevé en cinq ans. C’est ce qu’indique le dernier rapport annuel publié par le Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC), une alliance internationale qui rassemble des institutions des Nations Unies, l’Union européenne et des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux dans la engagés dans la lutte contre les crises alimentaires.
Le Rapport mondial de 2021 sur les crises alimentaires montre que les conflits, les chocs économiques, souvent liés à la Covid-19, et les conditions météorologiques extrêmes continuent de précipiter des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire aiguë.
L’insécurité alimentaire aiguë ne cesse de progresser depuis 2017
Parmi les personnes touchées, 130.000 environ connaissaient en 2020 une situation correspondant à la phase d’insécurité alimentaire aiguë la plus grave (phase 5) au Burkina Faso, au Soudan du Sud et au Yémen, où une intervention d’urgence était nécessaire pour éviter de nombreux décès et un effondrement complet des moyens de subsistance.
Par ailleurs, au moins 28 millions de personnes étaient confrontées à un degré d’insécurité alimentaire aiguë correspondant à une situation d’urgence (phase 4) en 2020 – soit un état très proche de l’inanition – dans 38 pays et territoires, où une action urgente a permis de sauver des vies et des moyens de subsistance et d’éviter que la famine ne gagne du terrain.
Dans les 39 pays et territoires qui ont connu des crises alimentaires au cours des cinq années, le nombre de personnes confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë est passé de 94 millions à 147 millions entre 2016 et 2020.
En outre, le rapport montre que dans les 55 pays et territoires frappés par une crise alimentaire, plus de 75 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient d’un retard de croissance (trop petite taille) et plus de 15 millions d’entre eux souffraient d’émaciation (maigreur excessive) en 2020.
Les pays d’Afrique restent frappés de manière disproportionnée par l’insécurité alimentaire aiguë. En 2020, près de 98 millions de personnes touchées se trouvaient sur le continent africain, soit deux personnes sur trois. Mais le phénomène n’a pas épargné d’autres régions du monde : le Yémen, l’Afghanistan, la Syrie et Haïti figurent parmi les 10 pays les plus gravement touchés par les crises alimentaires de 2020.
Trois principaux facteurs de la hausse de l’insécurité alimentaire : les conflits, les chocs économiques et les évènements météorologiques.
Les conflits sont le facteur principal ayant poussé près de 100 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire aiguë, contre 77 millions en 2019.
Les chocs économiques, souvent causés par la Covid-19, sont le deuxième facteur de l’insécurité alimentaire aiguë, tant par le nombre de personnes que par le nombre de pays touchés. Plus de 40 millions de personnes dans 17 pays et territoires ont fait face à l’insécurité alimentaire en 2020, contre 24 millions dans huit pays en 2019·
Les événements météorologiques extrêmes arrivent en troisième place avec plus de 15 millions de personnes affectées, ce qui représente une baisse par rapport aux 34 millions de l’année précédente.
Sombres perspectives pour 2021 et au-delà
Si les conflits resteront le principal élément à l’origine des crises alimentaires en 2021, la Covid-19 et les mesures prises pour la freiner et les événements météorologiques extrêmes continueront d’accentuer l’insécurité alimentaire aiguë dans les économies fragiles.
« Les conflits et la faim se renforcent mutuellement. Nous devons nous attaquer à la faim et aux conflits en même temps afin de venir à bout de ces deux fléaux », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres dans l’avant-propos du rapport. « Nous devons tout faire pour mettre fin à ce cercle vicieux ».
« Un an après que la pandémie de Covid-19 a été déclarée, les perspectives s’annoncent sombres pour 2021 et au-delà. Les conflits, les restrictions liées à la pandémie, qui entretiennent les difficultés économiques, et la menace persistante de conditions météorologiques difficiles continueront probablement de déclencher des crises alimentaires», ont déclaré l’Union européenne (UE), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies (membres fondateurs du Réseau mondial) ainsi que l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) dans une déclaration conjointe publiée avec le rapport.
« La pandémie de Covid-19 a révélé la fragilité du système alimentaire mondial et la nécessité de rendre les systèmes plus équitables, plus durables et plus résilients afin qu’ils fournissent de manière ininterrompue une alimentation nutritive à 8,5 milliards d’êtres humains d’ici à 2030, ont-ils ajouté. « Une transformation radicale de nos systèmes agroalimentaires est requise pour concrétiser les objectifs de développement durable ».
Le Réseau mondial appelle à agir sans tarder, avec détermination, et exhorte la communauté internationale à se mobiliser contre la faim.