Un document Trésor – Eco rédigé par Benjamin Hadjibeyli, Guillaume Roulleau, Arthur Bauer.
Publié le 20 avril 2021
Dans le cadre des travaux du Comité Coeuré, la DG Trésor a développé un outil de micro-simulation permettant d’estimer l’impact de la crise, ainsi que des mesures mises en place pour y répondre, sur la situation financière des entreprises françaises.
Les résultats montrent que si celle-ci s’est dégradée en 2020 par rapport à une année sans crise, les politiques publiques – l’activité partielle surtout et, pour les petites entreprises, le fonds de solidarité – ont fortement limité cet impact.
La pandémie de Covid-19 a eu un impact très marqué sur la situation financière des entreprises françaises : elles ont connu une chute brutale de leur chiffre d’affaires, sans précédent dans certains secteurs, ont dû réduire leurs charges et emprunter pour faire face à leurs échéances. Dans le même temps, elles ont bénéficié d’un soutien public de grande ampleur.
Un modèle de micro-simulation permet d’étudier l’évolution de la situation financière de près de 2 millions d’entreprises françaises en réponse au choc d’activité.
Il intègre des données d’entreprises observées sur l’année 2020 : évolution du chiffre d’affaires et de la masse salariale, recours aux dispositifs de soutien public. Il permet d’estimer le nombre d’entreprises devenant illiquides (trésorerie épuisée en l’absence d’endettement supplémentaire) ou insolvables (montant de dettes supérieur à celui des actifs).
La part d’entreprises devenant illiquides aurait été plus élevée de 8,4 points de pourcentage en 2020 que lors d’une année sans crise. Le nombre d’entreprises devenant insolvables aurait été 3,0 points plus élevé. Les résultats montrent l’efficacité du soutien public pour réduire l’impact de la crise : sans ce soutien, la hausse du nombre d’entreprises devenant insolvables (par rapport à une année sans crise) aurait été de 8,3 points.
Les entreprises rendues insolvables par la crise sont en moyenne plus productives que celles qui sont insolvables en temps normal. Le soutien public n’a pas discriminé les entreprises selon leur productivité.
L’effet de la crise sur le bilan des entreprises risque de peser sur leur investissement en phase de reprise. Une modélisation économétrique suggère que l’endettement supplémentaire lié à la crise pourrait réduire l’investissement d’environ 2 % à moyen terme, ce qui justifie des mesures spécifiques, comme celles qui ont été prises dans le cadre du plan de relance. Les dépenses de R&D, traditionnellement moins corrélées au cycle économique, seraient plus résilientes.
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